homélie pour le 2e dimanche du TO, année C, frère Pierre-Alain MALPHETTES

 

Le dernier des Evangélistes, dont la fougue est bien connue,

celui qui reposa, à peine adolescent, sa tête sur le cœur de Jésus, au soir de Sa Passion                  et qui rédigea son évangile au terme d’une longue vie de catéchèse et de prédication,

Tel un aigle au regard perçant qui prend de la hauteur

pour saisir l’ampleur du dessein de Dieu  et nous faire goûter, comme on goûte à quelque chose d’exceptionnel, à ce vin des Noces.

On ne te dira plus « Délaissée », « abandonnée », mais on t’appellera « Epousée », « Mon plaisir est en elle ».

Nous sommes attablés, et la joie coule à flots. L’Epoux, c’est le Christ, l’Epouse, c’est nous. Les épousailles de la Divinité et de l’Humanité.

Jean l’évangéliste, capable aussi, comme l’aigle, de fondre de sa hauteur

pour s’approcher de ce qu’il veut nous faire saisir d’un aspect fondamental de ce mystère : la figure de Marie.

Elle est là ! Présente ! Comme une évidence, en première ligne. Avant même Jésus, invité Lui aussi, avec quelques disciples.

Marie qui va Le suivre

*qui Le suit depuis toujours

*déjà son disciple avant qu’Il naisse.

Marie, qui va Le suivre, et que nous retrouverons à la fin dans un étonnant parallèle au pied de la Croix, où elle deviendra la Mère de tous les vivants, fécondité exceptionnelle d’une douleur exceptionnelle.

Marie qui va Le suivre tout au long de sa vie publique avec une grande discrétion mais nous l’apercevrons parfois.

Aujourd’hui pour la première fois, et pour la dernière fois, nous recueillerons précieusement ce qu’elle nous dit :

Deux paroles ! Cela nous suffit car tout est dit. C’est suffisant pour accompagner notre vie chrétienne.

Ils n’ont pas de vin. Elle prend l’initiative.

Avec son  intuition de femme, elle remarque avant tous les autres qu’il y a quelque chose qui ne va pas, à de tous petits détails. Ainsi dans notre vie.

La réaction rude de Jésus ne doit pas nous arrêter. C’est Lui le Maître du temps. Marie ne s’y arrête pas. C’est qu’elle est ici notre porte-parole.

Elle parle de nous à Jésus, elle parle pour nous à Jésus.

Elle exprime, comme mère, la souffrance de l’homme,

qui souffre de ne pas être comblé,

Qui souffre de ne pas réjouir, à qui il manque quelque chose.

Cette initiative, c’est l’impatience, la sienne propre, mais aussi la nôtre.

Elle ne cherche pas à forcer la main de son Fils. Marie exprime la hâte que le vin des noces soit servi. En toute hâte Marie se rendit chez sa cousine Elisabeth.

           C’est la hâte du genre humain qui gémit sous le poids de son péché et qui attend d‘être délivré. C’est notre indigence qui s’exprime à travers elle. Elle a été comblée par avance, en prévision de ce qu’Il ferait pour nous.

Deuxième et dernière parole : Faites tout ce qu’Il vous dira.

Ici, Marie s’efface. Elle ouvre naturellement la porte. Elle nous guide : Qu’il me soit fait selon ta parole. C’est sa confiance à elle qui s’exprime dans le conseil qu’elle nous donne. La parole agit en elle. Elle part de son expérience du Salut.

Jésus  va transformer l’eau de nos purifications,

l’eau de nos peines et pénitences en vin de noces,

en vin de l’Alliance entre Dieu et les hommes.

C’est Lui qui va faire la purification, la pénitence à notre place,

pour que le vin de son Sang nous réjouisse et coule à flots !

Is. 62, 1-5 ; 1 Co. 12, 4-11 ; Jn. 2, 1-11