SAINTE TRINITÉ, homélie du frère Sébastien PERDRIX, op

 

 

Frères et sœurs, que nous soyons arrivés ou non à l’heure à la messe, nous nous sommes tous signés au nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit. Et si nous avions été en temps normal, peut-être, aurions-nous même pris le temps de nous signer avec de l’eau bénite. Ce signe qui nous est habituel n’a pourtant rien de commun. Le signe de croix accompagné de la formule trinitaire est en effet le signe de notre nouvelle condition. Au jour de notre baptême, nous sommes nés à une vie nouvelle par le bain d’eau qu’une parole accompagne : « je te baptise au nom du Père, et du Fils et du Saint Esprit ». Depuis le jour de notre baptême, nous ne nous appartenons plus vraiment. Toute notre existence est désormais marquée à jamais du sceau de la Trinité Sainte. Nous sommes devenus enfants de Dieu au plein sens du terme. Nous l’étions par nature avant notre baptême, puisque Dieu est le Père et le créateur de toute chose. Mais par le baptême, nous sommes devenus enfants de Dieu par grâce. Nous sommes désormais fils et filles adoptifs du Père, dans le Fils par l’action transformante de l’Esprit-Saint. Que nous le voulions ou non, nous appartenons à Dieu. La Sainte Trinité fait partie de nos vies et Dieu n’est pas résolu à nous lâcher. Car quand Dieu se constitue un peuple, Dieu n’hésite pas – excuser moi l’expression – à « mouiller la chemise ». « Est-il un dieu, dit l’Ecriture, qui ait entrepris de se choisir une nation, de venir la prendre au milieu d’une autre, à travers des épreuves, des signes, des prodiges et des combats, à main forte et à bras étendu, et par des exploits terrifiants – comme tu as vu le Seigneur ton Dieu le faire pour toi en Égypte ? ». En somme, quand Dieu se choisit des hommes, il y met les moyens. Le rachat du peuple d’Israël a été une œuvre aussi admirable et grandiose que l’œuvre de la création. En les arrachant à la servitude des Égyptiens, Dieu a fait d’un peuple d’esclaves, un peuple d’hommes libres. Ceux qui étaient voués à une vie misérable ont été arrachés « à main forte » des puissances de mort qui les asservissaient. En sauvant Israël de la domination des Égyptiens, Dieu a accompli comme une seconde création. Israël est passé de la mort à la vie à travers les eaux de la mer rouge. C’est ce même mystère qui est à l’œuvre dans notre baptême. La Sainte Trinité a arraché chacun de nous aux ténèbres du péché et de la mort pour nous conduire à la lumière de la vie. « Vous n’avez pas reçu un esprit qui fait de vous des esclaves, et ramène à la peur : mais vous avez reçu un Esprit qui fait de vous des fils… » Le salut que nous recevons par le baptême a coûté à Dieu. Le Seigneur nous a racheté, hommes de toute langue, race et nation, au prix de son sang. Ainsi, chaque fois que nous nous signons au nom du Père, et du Fils et du Saint-Esprit, nous rappelons que nous avons été libérés et que cette libération s’est accomplie sur la croix. L’un de la Trinité – le Fils unique du Père – n’a pas hésité par amour pour chacun à mouiller sa tunique de son sang. Ainsi, c’est tout à la fois par l’eau et par le sang que Dieu nous a acquis. Si l’un de la Trinité est allé jusqu’à souffrir et mourir dans le mystère de son humanité pour nous arracher à l’esclavage du péché, ne soyons pas étonnés, Frères et sœurs, si notre vie de baptisé ne ressemble pas à un long fleuve tranquille. Avoir été plongés au baptême dans la vie trinitaire, ce n’est sûrement pas la garantie d’une existence préservée de toute souffrance, mais l’espérance d’une vie éternelle et bienheureuse. La vie chrétienne sur cette terre est ainsi un combat quotidien à mener contre tout ce qui nous asservit. Devenir fils du Père, c’est accepter de voir sa vie conduire par un autre, Dieu lui-même. « Tous ceux qui se laissent conduire par l’Esprit de Dieu, ceux-là sont fils de Dieu ». L’enjeu de notre vie baptismale est là : laisser Dieu prendre toute sa place dans nos vies. Et cette œuvre de l’Esprit dans nos vies a tout d’un accouchement douloureux. Nous comprenons alors mieux les paroles de l’apôtre Paul : « nous sommes ses enfants… si du moins nous souffrons avec lui pour être avec lui dans la gloire ». Au nom du Père, et du Fils et du Saint-Esprit. Amen.

Dimanche 30 mai 2021

La Très Sainte Trinité – année B

Frère Sébastien PERDRIX

Dt.4, 32-34. 39-40 ; Rm. 8, 14-17 ; Mt. 28, 16-20