Homélie du frère Nicolas BURLE

 

Nous fêtons aujourd’hui le dimanche du Bon Pasteur : Moi, Je Suis le Bon  Pasteur ; je connais mes brebis et mes brebis Me connaissent. Voilà la condition pour être un bon pasteur : être connu et connaître.

Prenons donc deux brebis dans le troupeau : Paul et Marie. Jeunes ou vieux, c’est sans importance. Paul et Marie connaissent Jésus et vivent dans un monde qui ne Le connait pas, un monde sans bon  pasteur. Un monde où l’on cherche un bon pasteur. Un monde où l’on cherche la pointure des sauveurs, l’Emmanuel, pour qui on vote et après le vote, on  est toujours en colère. Un monde sans bon pasteur alors chacun cherche son petit bien-être, son petit confort. Sur des près d’herbe fraîche, Il me fait reposer ! Chacun chez soi et les moutons seront bien gardés ! Un monde qui se rêve sans douleur, de laine douce. Mais de fait, c’est un monde très violent dans les relations, au travail, en famille, à la télé. Un monde assez triste, en fait, car sans Dieu.

Paul et Marie, eux, sont des brebis de Jésus, ils ne veulent pas de ce monde-là ! Alors, Paul et Marie se transforment en SuperPaul et SuperMarie.

SuperPaul est toujours sympa, toujours en  forme toujours sportif, copain de tous.

SuperMarie  est toujours jolie, toujours souriante, toujours aux petits soins, toujours au service.

SuperPaul et SuperMarie sont des superschrétiens : ils font la prière, la lectio, l’oraison, la messe, le chapelet, les pélés.

Mais le problème, c’est que SuperPaul et SuperMarie confondent leur rêve avec la réalité. Ils croient que SuperPaul et SuperMarie sont les saints dont Dieu a besoin. Mais Super Paul et SuperMarie n’existent pas.

Quand SuperPaul et SuperMarie se regardent, ils désespèrent : ils se trouvent nuls, au lieu d’être pleins de rêves légers, ils sont pleins d’amertume. Ils en ont assez qu’on leur pointe du doigt qu’ils ne sont pas à la hauteur, parce que ce sont des superhéros. Cela les humilie car ils sont très fiers.

SuperPaul et SuperMarie ont un autre problème : ils ont peur de Jésus ! Oui, oui, ils Le connaissent mais ils se méfient car Il leur demande toujours trop. Il demande tout et Il ne donne jamais rien. En tout cas, pas ce que je veux.

Si je prie tous les jours, pense SuperMarie, je vais finir au couvent.

Si je parle de Dieu aux autres, pense SuperPaul, je vais finir curé ou pire dominicain !

Paul et Marie pensent que Dieu est un DRH qui remplit les trous de son Eglise : moniales dominicaines et prêtres et mariages catho avec beaucoup d’enfants. Cela fait que Paul et Marie pensent que Dieu ne veut pas leur bonheur.. Paul et Marie, arrêtez-vous ! Regarde-toi, brebis perdue, regarde ta misère et accueille La Miséricorde. Tu n’as pas le choix entre le bien et le mal. Ce serait trop simple : tu as le choix entre le bien  et la médiocrité. La preuve : ils se débrouillent tous seuls.

Où est le problème : ils croient qu’ils maîtrisent ! Prenez un stylo. Ce n’est rien, mais entre les mains d’un écrivain, il produit un chef-d’œuvre. Lire une partition de Bach, je ne serai pas Bach. Mais sous les doigts d’un musicien…

Si je place du pain et du vin entre les mains de Dieu, Il peut faire son œuvre  et nourrir le monde. Avec quelques planches, un menuisier peut faire un banc ou une table. Jésus, Lui, a sauvé le monde. Il a le pouvoir de tout faire. Donne ta vie, Il te la rendra transfigurée.

Cessons d’aller à la prière avec le meilleur visage de SuperPaul ou de SuperMarie. Ce qui manque à Paul et à Marie, c’est de chercher : chercher ceux qui cherchent les brebis perdues, ceux qui lavent les pieds, ceux qui consolent.

Parmi vous, Il appelle, appelle, appelle ! Jésus nous l’a dit : Mon Père M’aime parce que Je donne ma vie.

Oui, l’amour de Dieu est extraordinaire !
Textes : Act. 4, 8-12 ; 1 Jn. 3, 1-2 ; Jn. 10, 11-18

Notes prises par une soeur

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