NOËL – Messe du jour     Frère François-Dominique FORQUIN

Is. 52, 7-10 ; Hb. 1, 1-6 ; Jn. 1, 1-18

A tous ceux qui l’ont reçu, il a donné le pouvoir de devenir enfants de Dieu.

Cet enfant que nous recevons nous donne le pouvoir de devenir enfants en Lui. Adam et Eve ne sont pas nés enfants : ils ont reçu la vie en tant qu’adultes. Mais Lui, Jésus, nous est apparu comme un enfant, un tout-petit.

Par là, Il nous dit que l’enfance est une grâce. Dès le commencement, nous devenons fils. Il ne faut pas confondre début et commencement. Au commencement, en archè, lorsque le Fils de Dieu apparait, tout change. Une simple preuve, on commence alors à compter les années à partir de sa naissance.

Quand un enfant parait, c’est une nouvelle génération qui arrive. On se plaint tant des jeunes qui sont comme-ci et comme ça. Mais on ne peut pas leur demander de recommencer les mêmes choses que la génération précédente. Chaque fois qu’un enfant naît, tout change. On n’est pas condamner à reproduire les erreurs de nos parents.

Jésus ne condamne, Il récapitule tout en Lui. Il ne ressasse pas, Il reprend en Lui tout ce que les hommes ont vécu. Adam a été créé à l’image de Dieu, au commencement. En cet enfant, l’homme est recréé à Son image.

Jésus est le nouvel Abel, tué par son frère, il est nouvel Abraham qui doit quitter sa famille : Jésus doit quitter la Galilée avec ses parents. Jésus est le nouveau Jacob : quand celui-ci part sur la route et s’arrête, il voit les anges monter et descendre sur l’échelle du Ciel. Quand Jésus naît, tous les anges descendent du ciel en foule. Il est le nouveau Moïse : celui-ci est déposé dans une petite corbeille, Jésus, Lui, est déposé dans une mangeoire.

Cela nous renvoie aussi à notre propre enfance : qu’avons-nous fait de l’enfant que nous étions ? Jésus nous le dira aussi : Celui qui ne redevient pas comme un enfant n’entrera pas dans le Royaume des cieux. On croit que Jésus nous a donné l’enfant comme modèle de gentillesse : nous savons bien que l’enfant n’est pas que gentillesse.  Le propre de l’enfance n’est pas la gentillesse, c’est la croissance. La grâce qui qui nous est faite, c’est d’aller de commencements en commencements. Il nous faut donc demeurer un être en croissance.

Il est rappelé de Jésus qu’il est infans, celui qui ne parle pas. Jean nous dit que Dieu a parlé par son Fils. Un enfant, infans, c’est tout son être qui parle. Tout son corps : il crie, il agite ses bras, ces jambes.

Ce Fils nous fait transmettre La Parole. A l’époque de Jésus, l’enfant n’est pas un roi. Mais par contre, lorsqu’il y a de la route à faire, on l’envoie comme messager. Si on a un message un peu lointain à transmettre, on envoie un enfant. L’enfant est un messager  qui ne parle pas de lui-même. Il porte un message.

Il nous faut redevenir des messagers les uns pour les autres. A travers cet Enfant, c’est le Père qui nous parle. A nous de redevenir cet enfant. A nous de naître, de renaître pour devenir des enfants bien-aimés du Père.