Veillée pascale
29 mars 2018
Frère Bernard SENELLE
Rm. 6, 3b-11 ; Mt. 28, 1-10
Il est ressuscité, Alléluia ! Alléluia pour toute la Création, pour notre humanité, pour l’histoire de notre salut, pour la Parole agissante que nous venons d’écouter au cours de cette Vigile. Ne soyez pas effrayés ! git l’homme en blanc assis à droite…Il n’est pas ici, Il est ressuscité ! Oui mais, où est-Il au cœur des drames de notre monde ? Où est-Il : pour les victimes de la barbarie des hommes ? Il fallait y croire il y a deux mille ans, il faut toujours y croire, y croire au cœur de cette vigile en 2018. Et précisément, 64% des jeunes français ne croient pas en Dieu, nous disait un sondage récent. Et nous, en cette nuit ? Nos alléluias jaillissent au terme de quarante jours de jeûne et d’écoute de la Parole jusqu’à cette nuit sainte, temps de paix et de joie pour la vie du monde. Jésus ne revient pas à une vie humaine normale, comme Lazare ou d’autres morts ressuscités par Jésus. Il sort vers l’immensité de Dieu. De manière nouvelle et pour toujours, il est présent à notre monde. Le fini et l’infini s’unissent, l’homme et Dieu. Cette joie nous est offerte chaque année et de manière unique : Christ est ressuscité et, sans le désir, le souci un peu insensé de ces trois femmes d’oindre le corps de Jésus, comme à Béthanie, le récit évangélique se serait terminé sur la mort de Jésus. C’est le désir de parfumer qui nous entraîne dans la course au tombeau. Il était souvent question de parfum tous ces jours, notamment à Béthanie quand Jésus discerne dans le parfum, le signe prémonitoire de la résurrection. Eh bien oui, le parfum consacre l’espace qui accueille la présence de Dieu, il chasse l’odeur de mort pour faire place à la vie. C’est le rôle de l’encens dans nos liturgies. Et puis, il y a ce jeune homme dont le vêtement blanc rappelle la Transfiguration. Comme le Christ, il est assis à droite : et si c’est le Christ qui vient nous surprendre, le Christ qui promet et qui nous dit : vous le verrez, comme il vous l’a dit. Encore faut-il  se laisser surprendre !!! Car enfin, la Résurrection n’était pas au programme de Marie-Madeleine, de Marie et de Salomé ce matin-là et elle est entrée dans leur vie, puis dans le monde par cette apparition mystérieuse et quelques autres qui suivront. Ce soir commence la joie discrète car après cette rencontre, on ne vit plus comme avant, un nouveau mode de vie nous est ouvert, qui a ses surprises et suscite une joie profonde et la capacité de s’émerveiller quelques soient les conditions parfois difficiles de la vie, de l’Eglise, de nos communautés, de nos familles. Aujourd’hui, Christ nous entraîne à voir le bien plutôt que le mal chez l’autre, en nous, dans nos communautés : il nous invite à chercher les semences de vie, de paix de bonté, comme font les enfants au matin de Pâques lorsqu’ils vont chercher les œufs dans le jardin. Dans un instant, au cours de cette vigile riche en symboles, nous allons renouveler les promesses de notre baptême. Pour chacun d’entre nous, ce sera l’heure de raviver notre ferveur, notre enthousiasme, de retrouver sans doute l’enfant qui est en nous. Avec nos cierges allumés, nous nous rappellerons que nous sommes en route les uns avec les autres et qu’il est important de veiller sur nos compagnons pour arriver ensemble au but. Nous sommes un peuple, une église, et nous avançons pour arriver ensemble, nous nous soutenons, nous parlons et c’est le sens de la communauté. Nous sommes venus ce soir pour être avec d’autres et partager ensemble un bonheur retrouvé, une vie renouvelée. Nous ne sommes pas seuls, ni délaissés, ni abandonnés. C’est là une des promesses du Messie, un des signes de sa présence. Allons en Galilée où Il nous précède et annonçons que l’espérance s’est levée et que la vie est là, merveille devant nos yeux. Christ est ressuscité ! Il est vraiment ressuscité !