Homélie du 3 août 2018, Mgr P.RAFFIN, OP

Il n’était pas évident pour Jésus de revenir dans son pays, qu’il avait quitté pour s’établir à Capharnaüm. On pouvait s’attendre à la réaction de ses compatriotes : « Il se rendit dans son lieu d’origine, et il enseignait les gens dans leur synagogue, de telle manière qu’ils étaient frappés d’étonnement et disaient : d’où lui viennent cette sagesse et ses miracles ? » Ce qui choque les gens de Nazareth, ce ne sont ni l’enseignement, ni la sagesse, ni les miracles, mais l’inexplicable : ils connaissent Jésus depuis longtemps, ils l’ont vu grandir, ils ont eu recours à ses services de charpentier. Lorsqu’il allait à la synagogue, il était parmi les auditeurs et non parmi les enseignants. Ils connaissent sa famille : « N’est-il pas le fils du charpentier ? Sa mère ne s’appelle-t-elle pas Marie, et ses frères : Jacques, Joseph, Simon et Jude ? Et ses sœurs ne sont-elles pas toutes chez nous ? »

N’est-ce pas étonnant que le Messie, le Fils de Dieu, soit venu chez les hommes avec une telle discrétion, alors que l’on attendait que Dieu se manifeste de façon éclatante ? Mais Dieu n’agit  pas selon notre manière de voir, avant de parler aux hommes, il se comporte pleinement comme un homme et ce n’est pas une stratégie, puisqu’il est pleinement homme « vrai Dieu et vrai homme ». Tant et si bien que notre qualité de disciples de Jésus ne nous enlève nullement à notre condition humaine, semblable à celle de tous. Elle ne demande pas que nos attitudes, notre piété soient démonstratives et frappent les autres. C’est précisément ce que Jésus reproche aux pharisiens, qui veulent se montrer. La vocation de Nazareth est devenue surtout après le bienheureux Charles de Foucauld, la source d’une spiritualité particulière dans l’Eglise.

« D’où lui vient tout cela ? » Non pas de sa famille humaine que l’on connaît fort bien. Pour comprendre l’origine de Jésus, il faut chercher ailleurs. Mt inaugure son Evangile par une généalogie qui comprend in fine ce verset : « Ce qui a été engendré en elle vient de l’Esprit Saint » Mt 1, 20. La sagesse et les miracles de Jésus n’ont pas une origine humaine. On ne peut les reconnaître que par la foi et c’est précisément pour cette raison que Jésus ne fit p as de miracles à Nazareth ce jour-là « Et  il ne fit pas beaucoup de miracles à cet endroit-là, à cause de leur manque de foi ». Les habitants de Nazareth ne connaissent pas vraiment Jésus, parce qu’ils croient trop bien le connaître : « Un  prophète n’est méprisé que dans son pays et dans sa propre  maison ».

 Jésus se rendit dans son lieu d’origine  Mt 13, 54-58