homélie du 2e dimanche de l’Avent, année A, frère Xavier LOPPINET, OP

Noël est tout proche, préparons-nous.

Jean-Baptiste, cette voix qui crie dans le désert, a eu la mission de « préparer les chemins du Seigneur ».

Mission accomplie ! Et il reste aujourd’hui pour nous cette figure forte qui nous secoue dans notre conception peut-être trop doucereuse de Noël, grâce, je dirais, à sa crédibilité / sa cohérence.

 

Jean-Baptiste a attiré manifestement parce que sa parole était crédible. Il existe encore aujourd’hui en Irak et Iran quelques dizaines de milliers de disciples de Jean-Baptiste, écho lointain de cette voix qui crie dans le désert. Sans miracle, sans pourtant tourner vers lui les gens venus le voir, sans les capter, Jean-Baptiste avait une telle cohérence de vie, désintéressée, que l’on l’a reconnu comme prophète de « celui qui devait venir ».

Mais quand on l’écoutait, on n’était pas à un spectacle : on était appelé soi-même à une cohérence de vie/ une crédibilité. Jean-Baptiste y croyait. Préparer les chemins du Seigneur, oui, c’est possible. C’est cette espérance dans notre conversion qui devait attirer. Un écrivain contemporain, Colette Nys-Mazure écrit joliment : « J’ai besoin de qui m’espère »[1].

 

Le fond du message de Jean-Baptiste rejoint le message fou de Noël : Dieu lui-même est cohérent : il est tout entier. Il nous est difficile d’imaginer quelqu’un, et donc Dieu, comme quelqu’un parfaitement simple, parfaitement juste. Isaïe dit de lui : « Il ne jugera pas sur l’apparence ; il ne se prononcera pas sur des rumeurs. Il jugera les petits avec justice ; avec droiture, il se prononcera en faveur des humbles du pays.

Dieu ne fait pas les choses à moitié. C’est le sens de l’image : « la cognée se trouve à la racine des arbres ».  Le Christ sera vainqueur radicalement, définitivement de ce qui ne donne pas de fruit dans nos vies. On se trouve vite dans des situations, en famille, en communauté ou personnellement, dans lesquelles on se demande comment on va en sortir. Le Christ, nous dit Jean-Baptiste, prendra le mal à la racine. Ce n’est pas une solution un peu bancale qu’il faut attendre, mais une solution radicale.

Noël est un grand chambardement : Dieu vient vivre la vie des hommes. Rien moins que cela. Notre vie sera sa vie. Sa vie sera notre vie.

 

Ce passage d’Evangile nous aide à préparer Noël. Ce saint jour, nous avons besoin :

  • De Jean-Baptiste dans nos familles, communautés, relations amicales : de gens à la fois exigeant et espérant. Pas de gens qui nous laisse tranquilles, mais qui nous rendent, en un sens, à nous-mêmes, au meilleur de nous-mêmes. « J’ai besoin de qui m’espère », et c’est tellement vrai dans notre monde, dans nos familles.
  • Nous avons besoin de nous-mêmes, nous-même dans notre cohérence la plus forte, la plus humble, la plus authentique. Noël ne se fera pas sans nous et tout le monde doit avoir sa place devant la crèche.
  • Noël ne se fera pas sans Dieu, sans ce petit bout de chou qui tient dans les bras, et par qui ont été fait le ciel et de la terre. Notre Dieu est totalement simple, tout amour. C’est cela qui est totalement bouleversant.

 

Préparons-nous à accueillir dans nos vies, celui est la Vie, Jésus, Christ, vrai Dieu, vrai homme.

 

Matthieu 3, 1-12 – Dax 2ème dimanche de l’avent 2019

Fr. Xavier Loppinet

[1] Colette Nys-Masure. « Il est essentiel d’espérer le meilleur de l’autre ; de mesurer chaque jour notre fragilité et d’accorder aux autres le regard que nous aimerions qu’il porte sur nous. Cela est juste vis-à-vis de nous-mêmes aussi. Nous nous jugeons souvent si durement, si âprement, nous nous calomnions. J’ai besoin de qui m’espère » (La liberté de l’amour, p. 125).

Homélie du dimanche 8 décembre 2019

 

« Convertissez-vous, le Royaume des cieux est tout proche ».