homélie pour la Pentecôte, frère François-Régis DELCOURT, OP

 

 

 

Quand je vous disais que le Christ pouvait re-revenir ! Ah mais, vous allez me dire : en ce jour de Pentecôte, c’est l’Esprit-Saint qui est envoyé par le Père, c’est l’Esprit qui tombe sur la tête des apôtres. Le Christ n’a rien à voir avec la venue de l’Esprit-Saint. Et pas si sûr, n’oubliez pas une chose cruciale. Tout d’abord, Jésus a promis la venue du défenseur, l’Esprit-Saint. Ensuite, il l’a quand même acquis en restant uni à son Père jusqu’à son dernier souffle terrestre. Mais alors, Jésus en est la cause mais il n’est pas le Saint-Esprit. Certes, c’est une autre personne. Mais n’oubliez pas que l’Esprit-Saint n’est rien d’autre que l’Esprit du Christ car ils ne font qu’un ! Et quand le Christ guérissait les malades, nous délivrait de nos chaînes, nous nourrissait de sa parole, nous abreuvait de sa charité, il priait le Père pour qu’il envoie, en avant-première, l’Esprit-Saint afin qu’il souffle ses dons et agisse au plus intime de nos êtres.

 

Mais là, la nouveauté par rapport à la vie publique du Christ, c’est que son Esprit, l’Esprit-Saint ne fait pas que souffler. Ce n’est pas un vent qui passe simplement à travers nos corps. Il s’abat sur les apôtres et les disciples. Il pénètre leur et notre intériorité. Il s’imprègne dans le cœur des hommes. Il vient chez nous et prend une place de choix, dans notre conscience, sanctuaire de notre âme, lieu de la demeure de l’Esprit-Saint ! Et il vient épouser notre esprit, réaliser l’alliance préparée depuis des siècles, et nous transforme en fils et filles adoptifs de Dieu, capables de s’adresser à Dieu en disant : ABBA, Père ! Cela rejoint les paroles du Christ qui nous disait que nous n’avions qu’un seul Père. Ce dernier est aussi et avant tout le sien. Nous avons en commun le même Père et seul lui est habilité à être nommé Père : « Ne donnez à personne le nom de Père car vous n’avez qu’un seul Père, celui qui est aux Cieux » (Mt 23, 9). Devant un tel don, peut-on rester indifférent ? Nos cœurs exultent et magnifient le Seigneur. Quelle merveille ! Quelle splendeur ! Quelle somptuosité !  Tel est, aussi, l’apaisement pour chacun de savoir, de prendre conscience, d’expérimenter cette présence de Dieu déposée au plus intime de notre être. Et l’Esprit-Saint vient frétiller, ressurgir, vivifier ce désir naturel de vivre avec Dieu. Il fait de nous ses fils et filles. Et cela fait écho aux paroles de saint Jean dans son prologue : « à tous ceux qui l’ont reçu, il a donné de pouvoir de devenir enfants de Dieu, eux qui croient en son nom » (Jn 1, 12). Et, nous prolongeons en disant : l’Esprit-Saint prend chair en nous, il demeure en nous, nous avons vu sa gloire, et nous partageons ainsi la gloire que le Verbe et l’Esprit-Saint tiennent de leur Père.

 

Or cette gloire consiste en la venue de l’Esprit-Saint en nous. Par lui, Dieu tout entier se dépose en nous en vue de nous partager son amitié et d’être rassasié de sa sagesse. Ainsi, nous recevons Dieu en son unité qui n’est que bonté, vérité, beauté et simplicité, bref qui n’est qu’amour. La bonté de Dieu nous est donnée : elle révèle non seulement Dieu qui se donne totalement et se reçoit totalement à travers les siècles depuis la création et dans l’infini de la vie éternelle mais aussi la grandeur et la dignité de la vie de Dieu à travers son amour. La vérité de Dieu nous donne le contenu de son amour et elle illumine, nourrit et comble nos intelligences de par la révélation des mystères de Dieu, de sa volonté et de la manière de la conduire. La beauté de Dieu irradie notre être : nous sommes saisis par l’harmonie des contours délicats du visage miséricordieux de Dieu et de la mélodie douce et dynamique de sa voix qui réalise en tout point ce qu’elle signifie. La simplicité des relations entre les personnes de la Trinité nous est partagée. En son être et existence, rien n’est complexe. Nous en sommes les bénéficiaires. La fluidité des rapports entre les personnes divines fluidifie nos rapports avec Dieu mais aussi entre nous d’autant plus si nous adoptons l’attitude miséricordieuse qu’il a envers chacun de nous. Tel est son amour où sont rassemblées toutes les perfections divines qui est un et trois dans le Père, Fils et Saint-Esprit, communion de ces trois personnes qui vivent dans l’amitié divine.

 

Et maintenant que Dieu, par l’Esprit-Saint, s’est déposé en nous, à nous d’en disposer !

La Pentecôte

Frère François-Régis DELCOURT

Act 2, 1-11 ; Rm. 8, 8-17 ; Jn. 14, 15-16. 23b-6

Pentecôte : L’Esprit-Saint en nous