Homélie pour le Dimanche de Pâques

Dax, Monastère Saint-Dominique, le 16 avril 2017

Chères sœurs, chers frères,

Vers la fin du XVI e siècle, le dramaturge et poète anglais William Sheakespeare a écrit une pièce qu’il a appelée « Peines d’amour perdues ». L’histoire est simple : le roi de Navarre et trois de ses amis se rencontrent pour discuter de leurs projets spirituels. Les quatre font le serment de se consacrer entièrement à l’étude de la philosophie et, pour cela, de dormir et manger peu et de s’éloigner des femmes. Cependant, tout-de-suite, arrive une ambassade à la cour : la princesse de France, envoyé par son père, entourée d’exactement trois dames. La princesse devrait traiter des questions financières. Et bien, comme nous pouvons deviner, les quatre Navarrais tombent amoureux des jeunes filles françaises. Après quelques événements, le roi propose le mariage à la princesse. Elle le refuse après avoir découvert que lui et ses cavaliers avaient prêté le serment dont nous avons déjà parlé. Il faut toujours tenir la parole donnée, toujours tenir ses promesses.

Tenir sa parole est une caractéristique de Dieu, comme on peut le lire au fil de toute la Bible. Le Seigneur est toujours fidèle à ses promesses. Il tient toujours sa parole. La « Parole de Dieu » au sens propre , c’est le Christ. Tous les autres usages que l’on fait de cette expression on les fait au sens analogique. Les promesses de salut sont réalisées en Christ, Parole vivante de Dieu.

Pendant son ministère, le Christ a confié à ses apôtres sa promesse de résurrection. Les violentes circonstances de sa passion ont fait que ses disciples ont perdu confiance. Mais voilà qu’il arrive le jour où la croix prend un sens. Le jour où le Père, dans la force de l’Esprit, ressuscite son Fils. Le jour où la promesse est accomplie. Grâce à la parole du Seigneur, Jean, lorsqu’il rentre dans le tombeau de Jésus, après Pierre, et regarde les linges posés à plat, ainsi que le suaire, croit. Pour qu’il devienne témoin de la résurrection , il lui a suffi de trouver le tombeau vide et les linges posés à plat. Il a compris aussitôt que son Maître avait tenu sa promesse. Le Christ avait accompli les Écritures. Et l’espérance dans les promesses de Dieu ont nourri le Christ lui-même, qui a subi avec confiance la passion.

Nous, Église du Christ, nous sommes, dans la foi des Apôtres, témoins de la résurrection du Seigneur. Nous sommes témoins qu’il a tenu sa parole. Nous sommes témoins d’une espérance selon laquelle aucune souffrance ou mensonge n’a le dernier mot. Nous sommes les prophètes de l’Évangile, que les hommes et les femmes d’aujourd’hui souhaitent lire dans nos vies.

Par un temps de silence, demandons à l’Esprit du Seigneur de nous remplir de la joie de la Pâque du Christ et de donner la grâce d’en témoigner là où nous sommes, chaque jour. Que l’Esprit Saint fasse de nous des femmes et des hommes nouveaux pour que nous ressuscitions avec le Christ dans la lumière de la vie (cf. Collecte).

fr. André Tavares op