Dimanche 4 mars 2018

3ème de carême – année B

Frère Pavel SYSSOEV

Ex. 20, 1-17 ; 1 Co. 1, 22-25 ; Jn. 2, 13-25

Il est temps de faire un grand ménage dans notre vie. Un grand ménage de printemps. Un grand ménage de Pâques. Tout ce qui obstrue la lumière, tout ce qui remplit notre vie de bruit et de puanteur, tout le petit commerce et toutes ces accommodations, basta, çà suffit ! Puisse la maison de notre âme se trouver propre, claire, lumineuse, telle que Dieu veut la voir, telle que Dieu veut l’habiter. Le Carême, moment de grande purification, de grand ménage.        Mais d’où venait toute cette ménagerie qui remplissait les parvis du Temple. Ces bêtes n’étaient –elles là selon la volonté de Dieu, pour assurer le culte selon  la Loi que lui-même a donnée ? Oui et non. Oui, car notre culte ne peut pas être uniquement intérieur, sans se manifester par des signes, des offrandes, des sacrifices. J’aime Dieu, mais je ne prie jamais. J’aime Dieu, mais je ne lis jamais Sa Parole. J’aime Dieu, mais je ne demande jamais pardon ni à Lui, ni à mes proches. J’aime Dieu enfin, mais hors de question de me demander sérieusement comment Le servir dans son Eglise. Il est clair qu’un tel culte n’est qu’une illusion. Notre Dieu est un Dieu du réel, Dieu fait homme, Dieu fait chair – Le servir passe par la condition charnelle de l’homme. Donc le culte de Dieu exige des signes, des œuvres nombreuses, tout ce que représentent ces animaux du Temple voués aux sacrifices.

Et en même temps le danger est bien réel de prendre le moyen pour la fin, le signe pour la réalité. L’homme travaille pour faire vivre ses proches et peu à peu son travail se transforme en horizon de sa vie. Il bâtit le foyer pour aimer et peu à peu, il se trouve à bâtir pour bâtir, quant à l’amour, on verra après. Il vient dans l’Eglise pour trouver Dieu et il se peut que la vie de l’Eglise ne renvoie plus qu’à elle-même, Dieu de venant de plus en plus insaisissable.

Vien un moment d’une radicale purification. Mettre à part le superflu. Suspendre la frénésie de divertissement et de consommation. Donner au travail sa place et rien que sa place. Chercher Dieu dans tout ce que nous vivons et non pas utiliser tout pour se cacher de Dieu. Un grand ménage de printemps, un grand ménage de Pâques.

Un ménage qui prend la tournure de la destruction : détruisez ce Temple et moi, en trois jours, je le relèverai. Il parlait du Temple de son Corps.

Pour accéder à la vraie liberté et au vrai culte de Dieu quelque chose ne nous doit mourir. Quelque chose en nous doit être détruit. Les faux espoirs doivent être détruits. Les attachements désordonnés doivent mourir. Le petit jeu d’égoïsme et de sensibilité doivent sombrer dans le néant. La course frénétique et la stupeur de l’insensibilité doivent disparaître. Ce qui se présente à nous comme notre sanctuaire à nous, notre Temple bien à nous doivent vider leur place au Temple que Dieu bâtit Lui-même, au sanctuaire non fait de main d’homme.

Cette purification nous effraie et cette destruction nous révolte. Nous sommes bien au milieu de nos habitudes ! Elles nous étouffent, mais elles sont les nôtres. Nous les prenons pour notre vie même. Le meuglement de bétail voué aux sacrifices, nous le prenons pour le culte du Dieu vivant. Il faut que Dieu Lui-même nous mette en face de ce qui est définitif, vrai, vital. De ce qui n’est plus moyen et signe, mais la réalité et la fin. Il faut que Dieu livre  ce sanctuaire qui n’est qu’une ombre à la destruction et qu’il relève dans la splendeur de Sa Pâque le sanctuaire véritable : Son Corps ressuscité, nos corps ressuscités.