Des Moniales dominicaines de Dax parlent…

UN CHEMIN PARFUMÉ
Cette année, il y aura 20 ans que je suis entrée dans l’Ordre Dominicain. Dieu a vraiment de l’humour. Et cela ne me déplait pas. Il y a une image qui me parle très fort : celle du chemin !

Pourquoi avoir choisi l’Ordre Dominicain ? Alors que je ne le connaissais pas et encore moins saint Dominique. Tous les matins, avant d’aller à mon travail, j’allais à la messe au Carmel ! J’aimais beaucoup Thérèse de l’Enfant-Jésus ! Et d’ailleurs, je me rends compte qu’elle a une âme dominicaine.

A la veille de quitter mon travail, j’ai réuni mes collègues pour leur annoncer ma décision de rentrer dans un monastère ! Certes, j’étais la « catho » de service à qui, de temps en temps, on venait poser des questions . Mais on connaissait aussi ma joie de faire la fête, de danser et de rire ! Alors : « Pourquoi ? Pourquoi rentres-tu dans un monastère toi qui aimes tant danser ? » Ma réponse a été vraie et spontanée : « Pour danser avec Dieu ».

Mon immense amour de la Vie, une joie profonde qui m’habite malgré les inévitables cailloux sur le chemin qui me font et me feront trébucher, une énorme gratitude envers ce Dieu qui ne cesse de m’engendrer à la vie me poussent irrésistiblement à rendre grâce et à me donner sans cesse, jour après jour dans cette vie monastique dominicaine que j’ai choisie.

Dieu continue de tracer le chemin par l’intermédiaire d’une amie qui était entrée chez les Dominicaines. Quelques pas de plus m’ont amené à frapper à leur porte. Un sourire merveilleux m’accueille et une voix douce m’appelant par mon prénom : « Bonjour, Anne-Violaine, on vous attendait ». L’accueil des soeurs et leur joie ont fini de conquérir mon coeur. J’avais trouvé ma maison dans l’Ordre Dominicain.

Pour moi la vie dominicaine est ce chemin parfumé de miséricorde, de liberté : celles de Dominique. Une aventure qui ne se vit pas seule ! Une kyrielle de soeurs marchant ensemble dans la joie comme dans la peine, une vie forte de communauté. Un chemin fait de silence, de travail, de prière personnelle et communautaire. C’est le « oui » qui m’a embarquée sur ce chemin. C’est ce « oui » chaque matin qui me remet en marche parce que à côté de moi marche ce Dieu d’amour qui me relève, m’entraine et ne cesse de m’inviter à entrer dans la danse ! Et je suis comblée ! C’est ce que je voulais : danser !

Une Soeur de Dax

DOMINICAINE PAR HASARD . ?
Une expérience précoce de Dieu avec le sentiment qu’il est « intéressant ».

Une impuissance à soulager le mal du monde.

Une passion pour enseigner : faire passer quelque chose d’un esprit à un autre.

Aimer rester à méditer et à vivre en amitié.

De quoi faire une dominicaine ?

C’est ce que j’ai vécu puis deux ou trois rencontres providentielles.

Une Soeur de Dax

UN BEAU PROGRAMME POUR TOUTE LA VIE  !
Un frère qui cherchait sa vocation racontait qu’il avait visité de nombreuses communautés religieuses et partout, il avait vu que tous ces religieux avaient été façonnés selon le même modèle, tous identiques. Par contre, arrivé chez les dominicains, il avait été frappé en les voyant chanter l’office, parce qu’ils étaient tous différents, et disait-il en souriant : « C’est grâce à cela que je suis devenu dominicain. »

Et bien. Je me retrouve parfaitement dans le récit de vocation de ce frère.

Dans l’Ordre des Prêcheurs, il y a de la place pour la différence.

Saint Dominique, notre fondateur, reste discret. Il n’a pas laissé de structures rigides pour ses frères et soeurs et c’est peut-être à cause de cela que la spiritualité dominicaine reste difficile à définir.

Certains disent que la spécificité de cette spiritualité, c’est le manque de spécificité.

Et pourtant, si on côtoie les frères et les moniales dominicaines, on peut constater qu’il y a chez eux « quelque chose » ! Un goût pour la Parole de Dieu, les études, un appétit intellectuel, la recherche la vérité, une personnalité spirituelle qui aspire à la fois à la contemplation et à l’action, la joie et la vie commune selon une règle où il n’y a pas d’égalité mais où l’on regarde les besoins de chacun et où l’on cherche sans cesse l’unanimité. Un beau programme pour toute la vie ! Voilà, en bref, ce qui m’a attirée chez les moniales dominicaines.

Une Soeur de Dax

Entrée par appel de l’Esprit à 31 ans dans un monastère dominicain sans trop savoir ce que j’y trouverais (soeurs, travail, règle de vie) : c’est toute mon histoire ! Mais ce roman finira bien dans l’éternelle joie car Dieu a déjà tracé de son empreinte ces lignes bien avant que nous pensions à Lui pour ce choix de vie. Car tout donner, comme Marie la contemplative par excellence en disant oui, en croyant à la Parole de l’Évangile pour suivre l’exemple de Dominique, est l’Amour premier qui nous libère et nous fait goûter combien le Seigneur est bon.

D’origine agricole, j’aimais naturellement le silence, le beau, le bien, la création et je trouvais ma joie dans les joies simples et la louange charismatique. Placée sous la protection de mon ange gardien au baptême, j’ai compris qu’en cherchant à suivre cette consécration de tout mon coeur et à l’écoute de la Parole de Vie, je serais enfant de Dieu et témoin de la Vérité. Chercher toujours la voie du bonheur en contemplant les mystères de la grâce du Seigneur, c’est cela la liberté, la lumière et la joie.

Une Soeur de Dax

1950 : Année jubilaire. Pèlerinage en Italie. Panique au monastère des Clarisses d’Assise où j’aperçois des soeurs en clôture. Je me précipite pour sonner la « clochette de saint François » car, si on la sonne, dit-on, on se marie dans l’année.

Trois ans plus tard, toujours pas mariée !!!

1961 : Jour de ma profession solennelle. Le dominicain qui faisait l’homélie lance : « Quand je vous ai demandé ce que vous vouliez faire, vous m’avez répondu : me marier ! Six mois après vous m’exprimez votre désir d’être moniale dominicaine. ».

Que s’était-il passé ? ou plutôt : qui était passé dans ma vie ? La réponse est simple : le Seigneur.

Pourquoi dominicaine ?

Les aléas de la guerre m’avaient conduite en pension chez des dominicaines. Les aléas de la guerre . N’était-ce pas plutôt un clin d’oeil de saint Dominique ? J’avais été conquise par la joie et l’ouverture d’esprit de ces soeurs. Ensuite, j’ai continué de fréquenter dominicains et dominicaines et lorsque j’ai entendu l’appel du Seigneur, mes pas se sont porté naturellement vers le monastère des dominicaines.

A l’époque, la vie monastique était rude. Les santés, déjà altérées par la guerre et les privations ne résistaient pas. A la fin du noviciat, il était visible que je ne pouvais pas continuer et les soeurs m’avaient incitée à changer de voie. Alors, j’ai fait confiance au Seigneur : « Seigneur, je crois que tu me demandes d’être moniale dominicaine donc je tiens contre vents et marées ; si je me trompe, arrange-toi pour qu’on me renvoie ! ».

Résultat : on ne m’a pas renvoyée ! Après 58 ans de vie religieuse, je suis toujours là et heureuse d’y être. Je fais mienne la parole du Bienheureux Réginald d’Orléans : « Je crois n’avoir aucun mérite à vivre dans cet Ordre. J’y ai trouvé trop de joie ».

Quand j’ai senti l’appel à la vie religieuse, c’était à la vie contemplative. Une seul chose qui je ne voulais pas c’était le carmel malgré mon admiration et ma dévotion à sainte Thérèse de l’Enfant-Jésus.

Où aller ? Eh bien ! Derrière les murs que je longeais tous les jours pour aller de ma chambre à mon travail. C’était un monastère de Dominicaines ! Saint Dominique était alors un inconnu pour moi. C’est là que j’ai appris à le connaître et peu à peu à le découvrir : son ardent désir du salut des hommes, son intuition missionnaire. Ce n’est pas moi qui ai choisi saint Dominique ; c’est lui qui m’a accueillie. Cette vie de simplicité, de joie et de liberté m’a conquise et cela continue !!!

Une Soeur de Dax