Homélie du 10 juin 2018, frère Antoine TINGBA

 

Ne pas blasphémer contre l’Esprit Saint !

C’est une étrange sentence que Jésus dit dans ce récit : si quelqu’un blasphème contre l’Esprit Saint, il n’aura jamais de pardon. Il est coupable d’un péché pour toujours. Qu’est-ce que le blasphème contre l’Esprit Saint ? Que veut dire cette sentence qui parait sans appel ? L’intransigeance pour un péché impardonnable ? Et pourtant, le psalmiste chante haut et fort : près du Seigneur est l’amour, près de Lui abonde le rachat. Y aurait-il contradiction ? Non, Dieu ne peut pas se contredire, Il est toujours le même, Il est la vérité.

De graves accusations sont portées contre Jésus : Il a perdu la tête, Il est possédé par un esprit impur. Or, en réalité Jésus n’a pas perdu la tête. Et, en Dieu, , il n’y a rien d’impur. Alors, Jésus fait tomber la sentence : pas de pardon pour quiconque est coupable du péché contre l’Esprit Saint.

Voyons, examinons, en quoi consiste le péché contre l’Esprit Saint, en partant de quelques hypothèses.

La sentence prononcée par Jésus nous ramène aux scribes quand ils renient Jésus en arguant que c’est par Béelzeboul, le chef des démons, que Jésus expulse les démons. Affirmer à la fois une chose et son contraire. Associer Dieu aux démons. Mélanger, les mettre ensemble. A Dieu ce qui est à Dieu, à Satan ce qui est à Satan. Satan n’est pas l’égal de Dieu.

Blasphémer contre l’Esprit Saint, ce serait, pourrait-on dire, comme résister à l’Esprit Saint. Ce serait peut-être bien comme refuser l’action du salut de Dieu dans l’histoire humaine.

Résister à l’Esprit Saint, s’exprimer contre l’Esprit Saint, c’est donc nier une personne de la Très Sainte Trinité. Dans cette attitude de refus, Dieu ne peut rien pour l’homme.

C’est en même temps refuser son amour, son pardon, sa lumière, sa miséricorde. C’est refuser que Dieu s’approche de nous par sa tendresse. Vouloir cheminer seul, sans Dieu.

Blasphémer contre l’Esprit Saint, ce serait attaquer l’activité même de salut de Dieu. La connaissance de Dieu, la force de vivre dans l’amour, choisir le bien et la volonté de Dieu, tout ce qu’on appelle la lumière et la grâce, la puissance d’amour du Christ, sont venus par l’Esprit Saint.

Ailleurs, l’Esprit Saint, Jésus l’appelle le Paraclet, le défenseur, le feu qui brûle toute adversité et division en nous. L’Esprit Saint est ce qui donne la force aux croyants pour rendre témoignage de l’évangile au cœur du monde. Un monde parfois hostile et indifférent

Cette sentence est à entendre beaucoup plus du point de vue de la vie chrétienne. Nous le savons, notre vie peut avoir des hauts et des bas, des doutes, des interrogations, des oppositions Blasphémer contre l’Esprit, ce serait aller au-delà des hésitations, dépasser le seuil du pardonnable, égaler le serpent de la Genèse qui voudrait être l’égal de Dieu, attirer sur nous la malédiction plutôt que la bénédiction de Dieu.

Blasphémer contre l’Esprit Saint serait en définitive, repousser le salut offert par Dieu. Exclure ce salut de notre vie. Une auto-exclusion du nouveau jardin d’Eden que Dieu veut bien nous offrir.

Malgré nos limites humaines, la liberté d’accepter ou de refuser Dieu est totale. Dieu connait nos faiblesses. Tout manque d’amour, tout reniement est pardonnable s’il est regretté. Mais pour celui qui aura blasphémé contre l’Esprit Saint, il n’y aura pas de ré »mission.

Ainsi l’appel de Jésus à chacun de nous est un appel d’amour. Oui, Jésus  nous appelle près de Lui, pour faire de chacun de nous un frère, une sœur. Laissons l’Esprit Saint agir en nous, laissons-Le nous révéler la volonté de Dieu. Demandons-Lui de nous montrer comment nous pouvons y répondre. Alors, nous aurons la certitude de ne pas avoir blasphémer contre l’Esprit Saint et nous échapperons ainsi au verdict de la sentence.

Gn. 3, 9-15; 2 Co. 4, 13 – 5, 1; Mc. 3, 20-35