Homélie du 1 août 2018, Mgr P.RAFFIN, OP

Les paraboles affirment la présence du royaume des Cieux dans le monde. Il vient à nous en Jésus, par l’action de l’Esprit. C’est un don de Dieu. Ce n’est pas l’homme qui le fait exister ou qui le construit, même s’il nous arrive de dire que nous bâtissons le royaume. Nous avons vu à plusieurs reprises en quel sens nous pouvions le dire.

« Le royaume des Cieux est comparable à un trésor caché dans un champ ». Un trésor… ou encore « une perle de grande valeur ». Est-ce vraiment comme cela que le royaume des Cieux est perçu ? Tout le monde s’engage dans la chasse au trésor, et tant de moyens sont proposés pour faire fortune.  Mais, à première vue du moins, ceux qui se mettent à la recherche du royaume des Cieux sont peu nombreux. Lorsque nous en parlons, peu de gens se précipitent pour l’accueillir, nous nous heurterions plutôt à l’indifférence ou à l’hostilité. C’est qu’il ne suffit pas de répéter des mots. Il s’agit de découvrir pour nous-mêmes d’abord, combien le royaume est un bien précieux, essentiel pour notre vie. Le royaume, c’est le salut de Dieu qui vient à nous. On l’accueille en accueillant Jésus Christ. Les paraboles nous parlent d’un choix, d’une préférence : celui qui a découvert le trésor vend tout ce qu’il a pour acquérir le champ où il est caché. Celui qui a découvert la perle de grande valeur vend tout ce qu’il possède pour l’acheter. Le premier pas, c’est de savoir reconnaître combien Jésus Christ est précieux pour l’homme. Il faut le connaître, le découvrir, l’écouter et le contempler. Il faut le laisser prendre place en nous, mettre sa parole en pratique. Il est le bien le plus grand, la richesse de l’humanité, parce qu’il est le don de Dieu. Il est la vie, sa parole et lumière. En le connaissant, on découvre l’amour extrême de Dieu, et on ne peut plus l’oublier. C’est mieux que tous les trésors et que toutes les perles fines. Si nous voulons le faire découvrir à d’autres, il faut que nous lui ayons nous-mêmes donnés la préférence, comme cet homme qui vend tout pour acquérir la perle de grande valeur.

 

Comment pouvons-nous donner la préférence au royaume des Cieux ? Que veut dire pour nous « vendre tout ce que l’on possède «  pour l’acquérir ? Nous comprenons combien il est urgent de le savoir. Il suffit pour cela de nous souvenir des paroles de Jésus. Dans les Béatitudes, dans la parabole du jugement dernier, il dit explicitement à qui revient le royaume : aux pauvres de cœur, à ceux qui sont persécutés pour la justice, à ceux qui servent leurs frères dans le besoin, affamés, étrangers, prisonniers » : « Le royaume des Cieux est à eux ». C’est pour eux qu’il a été préparé. Nous connaissons ces paroles : si nous pensions que le royaume des Cieux est réservé à ceux qui font des prouesses de détachement des biens de ce monde et pratiquent un renoncement extraordinaire hors de la vie quotidienne, nous nous tromperions et nous jugerions qu’il n’est pas pour nous. Jésus affirme qu’il est pour les humbles, les enfants et ceux qui leur ressemblent. Vendre tout ce que nous avons pour acquérir le royaume des Cieux, n’est-ce pas alors nous dépouiller de nos suffisances, de nos prétentions, pour accueillir le don de Dieu avec un cœur libre ? « En vérité, je vous le déclare, si vous ne changez et ne devenez comme les enfants, non vous n’entrerez pas dans le royaume des Cieux » Mt 18, 3. Le voilà donc le dépouillement qui donne sens à tous les autres. Il inspirera alors les comportements, y compris l’appauvrissement volontaire et héroïque selon les vocations. Mais il est le premier, et personne ne peut dire que ce n’est pas pour lui. A chacun de chercher quelle forme il prendra dans le concret de sa vie.

 

Le trésor et la perle    Mt 13, 44-46