homélie du 17e dimanche du TO, frère Ameer Jaje

.

Avec la prière du Notre Père, Jésus invite ses disciples à entrer dans le mystère de sa relation filiale avec Dieu le Père, à travers Sa prière.

Sa prière, c’est comme une feuille de route pour les guider et montrer le chemin car Il est Lui-même le Chemin et la Vérité. En apprenant à ses disciples et, à travers eux, à nous, Il va nous donner les mots justes qui nous aideront à se tourner vers le Père en toute vérité. Et si nous ne savons pas prier comme il faut, nous dit saint Paul, c’est l’Esprit Saint qui viendra au secours de notre faiblesse. L’Esprit Lui-même intervient pour prier en nous par des cris inexprimables. Ainsi, grâce à la Présence et à l’œuvre de l’Esprit Saint, les mots cessent de n’être que des mots : ils deviennent « vie », la « vie » des enfants de Dieu qui, à la suite de Jésus, appellent Dieu leur Créateur : « Abba » qui en araméen signifie Papa, le mot du petit enfant.

Reprenons cette belle prière du Notre Père qui se divise en deux parties : dans la première, nous sommes invités à nous tourner vers Dieu, le Père de Jésus Christ et notre père, pour souhaiter le plein accomplissement de son projet sur l’humanité entière.

(Que ton Nom soit sanctifié, que ton Règne vienne, que ta Volonté soit faite sur la terre comme au ciel)

Cette première partie du Notre Père nous apprend à porter d’abord notre regard vers Dieu, vers son Nom, son Règne et sa Volonté avant de le porter sur nos besoins terrestres. Car nos besoins seront réalisés et notre monde aura son pain quotidien grâce à l’accomplissement  du règne de Dieu.

C’est pour cela que Jésus, dans la seconde partie de la prière, adresse à Dieu son Père trois demandes pour le bien fondamental de tout homme.

« Donne-nous aujourd’hui notre pain quotidien, pardonne-nous nos péchés, car nous-mêmes, nous pardonnons aussi à tous ceux qui ont des torts envers nous ».

En araméen, on ne trouve pas vraiment le mot : péché, dans le sens habituel qu’on utilise ne français. Le texte araméen du Notre Père utilise deux mots : « hawbayne » et « htohayn ».

Le terme « hawbayne » se traduit littéralement par le mot « dette », tandis que le terme  « htohayn » veut dire « rater sa cible ». On utilise d’ailleurs ce même mot quand un chasseur rate sa cible.

Ainsi la traduction la plus proche de cette partie du Notre Père est : Père, remets-nous nos dettes et les ratés de notre vie, comme nous aussi nous avons remis aux autres leurs dettes et leurs manques envers nous, et ne nous laisse pas entrer en tentation mais délivre-nous du Mal (du Mauvais).

En réalité, Jésus enseigne-là, en quelque sorte, toute une pédagogie de vie par cette prière : avant de demander à Dieu de combler ses propres besoins, l’homme se met devant Dieu dans une attitude adoration, donnant la priorité à la réalisation du plan d’amour de Dieu sur le monde.

Jésus en prenant Dieu comme son Père et en apprenant à ses disciples et aux gens à appeler Dieu « Père », ose faire une vraie révolution dans son milieu culturel et religieux et scandalise beaucoup de docteurs de la Loi et tout le clergé juif.

Jésus nous invite à changer complètement l’image de Dieu qu’on a hérité de générations en générations. L’image d’un Dieu, loin dans son ciel et qui nous observe pour nous punir de nos mauvaises actions. Le Dieu de Jésus Christ est un père qui veille sur des enfants et prend soin des plus faibles et plus fragiles.

Oui, frères et sœurs, c’est vers Dieu Père que doit se tourner notre regard et notre cœur, car c’est Lui qui nous a tous créés à son image et à sa ressemblance de Père miséricordieux.

Dimanche 28 juillet 2019

Gn.  18, 20-32 ; Col, 2, 12-14 ; Lc. 11, 1-13