EPIPHANIE, homélie du frère Grégoire ABESSOLO, OP

Frère Grégoire ABESSOLO

Après les bergers, avertis par les anges, voici les Mages guidés par une étoile.

Du plus proche au lointain, des plus petits aux plus grands, la nouvelle est parvenue jusqu’aux limites  de la terre et a atteint tout homme.

Mais alors, un fait tout à fait étrange : ce que l’on considère comme Bonne Nouvelle ne l’est pas pour tout le monde. Déjà, elle provoque curiosité, soupçon et grincements de dents de la part de l’establishment politique.

Et voici le monde rangé en deux camps : les sceptiques, ceux qui doutent, les puissants et les dominations d’un côté, les pauvres, les faibles, les petits(le humbles du Seigneur) de l’autre. Les premiers se frottant les doigts, portent le soupçon sur mes seconds, jugeant étrange l’attitude des croyants.

A vrai dire, ce qui est étrange, ce n’est pas de voir ni notre monde illuminé par Dieu ni notre humanité fécondée par la divinité. Mais de voir ce monde se refermer à la lumière de Dieu qui s’engage avec l’homme sur les chemins de la vie, de la justice et de l’amour.

Deux attitudes de l’homme sont évoquées dans l’évangile :

* d’un côté la sincérité des mages, dont la curiosité scientifique pousse jusqu’à  la source de la vérité et qui n’hésitent pas à prendre le détour par les Ecritures pour atteindre la Lumière ;

* de l’autre, l’hypocrisie d’Hérode qui n’hésite pas à écarter les Ecritures pour préserver son pouvoir hégémonique, se maintenant ainsi dans les ténèbres.

Un écho de cette attitude est parvenue jusqu’à nous. Au cours des deux derniers siècles, nous avons entendu ces mots : Dieu est mort…, Notre Père qui es aux cieux restez-y…, ou encore : Il n’y a ni ciel ni dieu, il n’y a que l’homme et le monde. Conséquence : Nous en sommes arrivés à un monde qui vogue sans Dieu, attendant d’échouer au prochain rivage.

Les mages, humbles et sages, ne nous enseignent pas que l’écoute, ils nous ouvrent à la gratuité de Dieu. Accueillir la vérité de Dieu ne rend pas l’homme moins sage. Au contraire, il réveille en lui toutes ses potentialités. Et lui fait découvrir non seulement qu’il est l’interlocuteur privilégié de Dieu. Qui est Dieu, qu’est-ce que le monde ?

On a beau dire, ce qui manifeste la supériorité de l’homme sur les autres êtres créés, c’est la parole, c’est la raison, on ne dit pas assez tant qu’on n’évoque pas la religion, la foi, l et la foi en Jésus Christ qui dit Dieu,

le manifeste au monde,

et introduit

l’Homme à sa plénitude de vie.

Les mages, guidés par l’étoile, ne se doutaient de rien jusqu’à ce que défaille leur intelligence et leur capacité d’observation. Il fallut alors les scribes interprétant l’Ecriture pour traverser le brouillard avant d’atteindre, non pas l’homme d’exception, le roi tout puissant, violent et brutal, mais Dieu parmi les hommes, amour et tendresse. Sur la route, même les plus expérimentés recourent aux antibrouillards pour mieux voir. Les ignorer ou les abandonner conduit droit dans le décor.

En offrant leurs présents tirés du trésor de la terre : l’or, l’encens et la myrrhe (aujourd’hui, on parlerait de « terres rares ») les mages croyaient offrir ce qu’il y a de meilleur à un nouveau roi, mais c’est Dieu, dans le visage d’un enfant qui leur offrait ce qu’il y a de meilleur pour l’homme : Dieu. Enfin, ils étaient venus pour adorer le roi, mais ils découvraient Celui de Qui ils tiennent l’être, la vie et le mouvement :

Le Dieu des dieux

Le Roi des rois

Le Seigneur des seigneurs.

Dimanche 5 janvier 2020

Epiphanie du Seigneur

Frère Grégoire ABESSOLO

Is. 60, 1-6 ; Eph.3, 2-3a. 5-6 ; Mt. 2, 1-12