homélie du 15 août 2020, Assomption de Marie, frère Jean GIANG, op

 

Le rôle de Marie dans l’accomplissement du salut 

Que célébrons-nous dans cette fête ? L’assomption de Marie n’est pas un signe, mais une réalité et un avenir de la vie chrétienne. Car l’événement marial correspond à la fois à la mort, à la résurrection et à l’Ascension du Christ.

La France célèbre cette fête comme celle de patronne principale depuis 1638. Prions pour le pays, pour la foi dont elle hérite. Par l’intercession de Marie, Mère de la miséricorde, qu’elle soit protégée et fidèle.

Cette fête qui remonte au VIe siècle, vient de l’Église byzantine dans laquelle la fête mariale du 15 août porte le nom de Dormition de la Mère de Dieu. En Occident, nous fêtons l’Assomption de la Vierge Marie. Et c’est en 1950 que le Pape Pie XII affirmait la foi de l’Église en l’Assomption de la Vierge Marie par une définition dogmatique. Il écrivait notamment : «… que l’Immaculée Mère de Dieu, Marie toujours Vierge, après avoir achevé le cours de sa vie terrestre, a été élevée en corps et en âme à la gloire céleste. »

Alors, nous disions au début que fêter la foi en l’assomption de Marie n’est pas la célébration d’un signe qui renvoie à une autre réalité. Nous célébrons la réalité faite à Marie : élevée auprès de son Fils. Cette réalité, disons dans notre langage, est un accomplissement. C’est autour de ce mot que je voudrais avec vous scruter la « plénitude de grâce » que Dieu a accordé à Marie.

Cet accomplissement peut donc être vu sous deux aspects : le témoignage de l’Écriture et l’acte par lequel l’Église confesse sa foi.

Pour le témoignage de l’Écriture. Le texte dans la première lettre aux Corinthiens nous montre l’ordre dans lequel tous les fidèles recevront la vie dans le Christ, le premier ressuscité. Le texte nous dit bien que le Christ est le premier ressuscité parmi ceux qui se sont endormis. Ceux-ci ne recevront la vie que lors de la parousie, la venue du Christ. Il semble que le texte ne parle que de la résurrection de ceux qui appartiennent au Christ seulement à la venue du Christ. Entretemps, tous attendent le jour de sa venue dans la gloire. Autrement dit, tous attendent un accomplissement ultime où l’histoire s’arrêtera pour une nouvelle vie dans l’éternité.

Quant à l’évangile, il nous invite à contempler cet accomplissement non pas sous l’angle eschatologique, mais selon le fait, en l’acte, en activité. Marie,  enceinte, rend visite à Élisabeth qui est aussi en grossesse au sixième mois. La parole remplie de l’Esprit-Saint de cette cousine de Marie est importante : « Heureuse celle qui a cru à l’accomplissement des paroles qui lui furent dites de la part du Seigneur » Quel accomplissement ? Cet accomplissement des paroles de Dieu est déjà devenu la vie en elle : la Parole de Dieu s’est faite chair en elle. Cet accomplissement est fait au moment même de la réponse de Marie à l’ange : « Voici : la servante du Seigneur, qu’il m’advienne selon ta parole ! »

Il est très délicat de déduire d’ici un accomplissement qui pourrait se prononcer au jour où Marie finit son parcours terrestre. Quelle autorité  nous permet-elle de dire que Dieu pourrait accomplir son plan avant le terme ? Personne, sinon, Dieu seul ! C’est alors de cette autorité que l’Église prend acte de sa confession dans le fait que Dieu accomplit pour Marie dans l’assomption auprès de son Fils, avant le terme, son attente de la résurrection.

Mais disons, que signifie pour nous cet acte de la foi dans le mystère de l’assomption de Marie ? Ce dogme nous laisse deux points à approfondir.

D’abord, pour nous qui attendons l’accomplissement final. Cette attente nous assure que Dieu veille toujours sur le terme de ses créatures. En dépit du chaos que font les êtres humains en s’opposant à Dieu, Dieu est toujours là. Il n’abandonne pas l’œuvre bonne sortie de sa main. Il est fidèle à sa promesse pour mener à terme tout l’univers.

Le deuxième point sera plus concret quand cet accomplissement est compris dans le moment même où nous vivons, où nous restons encore sur terre, où notre histoire continue encore ses pages. Je disais au début, l’assomption de Marie est une réalité et non pas un signe. C’est la réalité parce que Dieu agit toujours et actuellement dans le cours des temps. Je ne parle pas ici d’un miracle, mais la réalité de l’existence chrétienne. Cette existence est d’une part comme celle des autres, mais d’autre part elle est hors normes parce qu’elle laisse volontairement l’espace dans lequel Dieu vient et accomplit l’histoire dès le moment présent. Chacun des chrétiens est une autre Marie. A nous la liberté de répondre oui à Dieu. C’est de nous que Dieu ne regrette pas d’accomplir sa volonté. Pour moi, là, c’est le miracle. Un miracle pour tous les jours.

Que l’accomplissement de Marie soit aussi notre accomplissement. Amen !

ASSOMPTION de la VIERGE MARIE – le jour

Ap 11,19a – 12, 1-6a. 10a ; 1 Co 15,20-26a ; Lc 39-56

Frère Jean GIANG