homélie du 2e dimanche de l’Avent, année B, frère Bruno CADORE, op

« Symphonie des commencements »

 

Au début de cette célébration de ce 2° dimanche de l’Avent, bienvenue au Père Denis, le vicaire général ! A travers lui, bienvenue à notre évêque dont c’est la fête, bonne fête à ceux dont St Nicolas est le saint patron.

En ce dimanche, frères et sœurs, je voudrais vous inviter tout particulièrement, vous associer à la démarche de l’Ordre des Prêcheurs pendant le temps de l’avent. Chaque année, au cours du temps de l’Avent, le Maître de l’Ordre invite les frères, les sœurs, les laïcs, les membres de la famille dominicaine, c’est à dire aussi vous, les amis des communautés à prier une sorte d’Avent de la paix, à faire de notre temps d’attente de Noël, un temps d’attente de la paix. Et chaque année, le Maître de l’Ordre propose de centrer notre attention sur une réalité vécue par les frères et sœurs dans le monde.

Cette année, il nous invite à centrer notre attention sur un foyer d’accueil d’enfants des rues, en Ukraine à Fastiv… ce n’est pas toujours facile vous l’imaginez ! Et c’est encore moins facile cette année-là depuis la guerre où 200 enfants ont rejoint encore ce foyer, abandonnés suite aux conflits, aux dispersions, aux morts, aux violences. Pourtant comme ce foyer, les enfants portent l’espérance de la paix. Associons-nous si vous le voulez bien à leur prière à leur espérance, aux germes de paix qu’ils représentent pour le présent et pour l’avenir du monde, et confions-nous à la miséricorde de Dieu, Lui qui sait que nous désirons la paix mais nous savons si mal la préparer.

Commencement de l’Évangile ! Commencement de la Bonne Nouvelle ! puisque tel est le sens de l’Évangile.

Imaginez la Judée, les gens de Jérusalem, ces gens qui entendent un homme, modeste, leur annoncer ‘aujourd’hui c’est le commencement,’ commencement de l’Évangile.

Le temps de l’Avent, frères et sœurs, nous est donné pour que nous ayons cette audace, ce courage, cet élan, cet enthousiasme de dire ‘commencement de toutes choses’. Année après année, pendant ce temps d’attente de Noël, il nous est donné, la grâce de commencer. Commencement du temps de paix donné par le Seigneur, commencement du temps de grâce et de paix pour le monde, par le Seigneur. Ce temps de l’avent en effet, est vraiment un temps de commencement pour la paix.

C’est d’abord le temps de la consolation, comme nous l’a rappelé la lecture du prophète Isaïe. Une consolation qu’il nous faut bien comprendre. Dieu n’est pas quelqu’un qui nous console pour nous dire : Mais peu importe, ça ne fait rien tu vois bien, oublie, passe, va plus loin, juste facilement… non. Il nous console en prenant au sérieux nos peines, nos découragements, en prenant au sérieux nos discordes, en prenant au sérieux nos discordes qui nous blessent, et il nous dit : « Je te demande de me faire confiance pour être consolidés », pas seulement consolés, pas seulement aller auprès de Dieu pour qu’il oublie nos larmes et que nous oublions ce qui nous a peinés. Mais que nous soyons accueillis dans la confiance, accueillis et consolidés dans notre confiance en ce Dieu-là. Ce Dieu qui, dit le Prophète, appelle son peuple et dit : ‘Oui vraiment, aujourd’hui c’est le jour où je veux que tu entendes à nouveau : ‘Tu es mon peuple, et je suis ton Dieu’.

Tu crois parfois que l’alliance tarde, tu es découragé de voir que tu n’es pas capable de suivre ce que Dieu te demande, tu crois que tu es peu capable de construire la paix dans ce monde ? Et pourtant moi, ton Dieu, je fais alliance avec toi. Et je tiens à cette alliance, et j’y tiens comme à la prunelle de mon œil. Et je compte sur toi, fais confiance à ce Dieu-là qui veut te libérer une fois encore de tous les esclavages, des découragements, des peines, des afflictions. Fais confiance à ce Dieu qui veut te donner à nouveau la force d’être vivant de l’élan de sa paix. Fais confiance à ce Dieu qui te consolide comme dit le Prophète en pardonnant tes péchés, c’est à dire en les regardant avec toi, peut-être de manière encore plus réaliste que toi, mais en te donnant par-dessus ces péchés, de vivre en te pardonnant, en te donnant par-dessus tout, la force d’avoir confiance en Lui

Commencement, frères et sœurs, de la consolidation dans notre confiance en Dieu.

Nous avons beaucoup entendu qu’un jour viendrait le temps d’après. Et avec ce commencement de l’Évangile, il n’y a pas de temps d’avant, de temps d’après, il y aujourd’hui le temps du commencement de la confiance en Dieu. Ce temps des commencements auquel nous sommes invités, c’est aussi le temps de la patience parce que c’est bien joli de dire que nous entendons Dieu nous appeler à être de paix avec Lui, mais en sommes-nous capables ?

Lorsque nous regardons le monde, les conflits en Ukraine que j’évoquais tout à l’heure, tous ces conflits que nous avons oubliés au fil des confinements et qui pourtant détruisent toujours le monde.

Ces conflits aussi que nous vivons dans nos familles, dans nos entreprises, dans nos amitiés, et dans nos communautés. Ces conflits où nous croyons que finalement la division est la destinée de l’homme que l’affrontement est ce que l’homme est capable de faire de mieux. Découragement, de croire qu’on pourrait se convertir vraiment.

Et pourtant c’est le jour du commencement, où chacun de nous, vous, moi… nous sommes invités à rejoindre le peuple de Judée, et le peuple de Jérusalem et d’avancer vers ce peuple du prophète Jean le Baptiste, et de nous convertir, ou plutôt de dire à Dieu notre désir de revenir à Lui. De dire à Dieu notre confiance dans sa confiance en nous. Oui, il sait que nous sommes partagés, il sait que nous sommes divisés. Il sait même que nous sommes capables de créer de la division à notre mesure, et parfois elle est terrible.

Et pourtant il fait confiance à l’essence de ce que nous sommes. Il veut nous purifier. Il veut purifier notre essence, ça ne veut pas dire qu’il ne veut pas seulement nous laver d’une force qui serait la sienne seule, il veut nous rendre à notre pureté, à notre pureté, à cette essence dans laquelle il nous a créés. Il veut nous rendre à nouveau à nous-mêmes, il a confiance en nous.

Lorsque nous demandons pardon à Dieu, lorsque nous voulons nous convertir, telle que la grande conversion est de nous convertir à la confiance que Dieu a en nous. Oui, à la patience que Dieu manifeste envers nous.

Vous avez entendu Pierre dans sa lettre, dire ‘mais non Dieu n’est pas en retard’ .. Dieu prend patience parce qu’il voudrait que chacun avance vers sa propre pureté, que chacun revienne à Dieu en passant par sa propre essence, par le lieu le plus fulgurant de lui-même.  Oui, il peut apprendre à aimer, apprendre à pardonner, apprendre à vivre en paix, et à rayonner la paix.

Commencement, frères et sœurs du temps de la paix parce que commencement du temps de la consolation, et commencement du temps de la confiance en la patience de Dieu. Alors le temps du commencement, ce temps avec lequel commence la paix de Dieu, est le temps de l’engagement, le temps de la consolation, le temps de la confiance en la patience de Dieu et le temps de l’engagement avec Dieu.

C’est pourquoi, où trouverons-nous cette force de nous engager avec Dieu pour la paix ? Jean le Baptiste nous donne la réponse lui qui habillé de poils de chameaux se tient debout dans le désert, appelle à la conversion, mange des sauterelles et se nourrit de miel. Avec Jean le Baptiste, c’est l’histoire entière du peuple d’Israël qui se trouve rassemblée : les plaies d’Égypte avant la libération, le miel de la douceur de la parole de Dieu qui revient prendre son peuple et le conduire à la liberté.

C’est le prophète qui dit, comme Élie, le nouvel Elie qu’on attendait vous attendiez la venue de Dieu. Le voilà ! le voilà enfin le Messie de Dieu. Il vient, Il vient vers vous. Il vient s’engager avec vous. Il vient pour vous.

La justice, la vérité, la paix, la gloire que nous avons chantées dans le Psaume, c’est LUI. Tout ceci a un visage, et c’est la figure de Jésus, Fils de Dieu.

Alors oui, saint Marc peut écrire avec force : Commencement de l’Évangile de Jésus, Christ, Fils de Dieu, qui s’engage avec vous, pour que vous vous engagiez avec lui, pour que vous ayez, avec Lui, confiance dans le monde qui est capable de paix. Oh oui, peut-être que cela vous conduira à affronter quelques obstacles, certainement cela vous conduira parfois, à quelque découragement, mais comme lui, Christ, Jésus, Fils de Dieu, ayez confiance dans le monde, car Dieu a aimé ce monde. Aimé au point qu’il s’est engagé en son Fils pour ce monde et avec lui, pour le conduire vers lui, dans la paix.

Commencement de l’Évangile de Jésus, Christ, Fils de Dieu.

Et nous sommes en quelque sorte, des notes de cette symphonie des commencements, nous sommes, nous, attendus avec confiance par Dieu, pour que nous nous engagions dans son propre engagement pour le monde.

Dieu nous fasse la grâce d’avoir cette audace de nous dire chaque jour, chaque matin, et chaque soir : « Commencement de l’Évangile de la paix, Christ, Jésus, Fils de Dieu pour nous. »

Bruno Cadoré op

2° Dimanche de l’Avent

6 décembre  2020

Is 40, 1-5. 9-11 – 10 – Mc 1, 1-8