Homélie pour le 1er janvier 2021, ste Marie Mère de Dieu, frère Sébastien PERDRIX, op

 

 

Le Verbe s’est fait chair. […] Il est venu chez lui, et les siens ne l’ont pas reçu. Mais
à tous ceux qui l’ont reçu, il a donné de pouvoir devenir enfants de Dieu… » Voilà
résumée, en quelques mots tirés du prologue de l’Évangile de Jean, la bonne nouvelle
que nous célébrons à Noël. Par le mystère de l’Incarnation, de la venue de Dieu dans
notre humanité, nous sont désormais ouvertes les portes de l’adoption filiale. Depuis la
naissance du Fils unique dans notre monde, il nous est maintenant possible de devenir
pleinement filles et fils de Dieu. Comment ? Par le baptême qui chasse en nous le
péché et nous donne la grâce d’être à l’image du Fils Bien-aimé. Depuis la naissance du
Christ, nous pouvons nous tourner vers Dieu et l’appeler Père, en toute vérité. Il est
Notre Père puis que nous sommes ses enfants, par adoption. « Il nous a choisis, dans
le Christ, avant que le monde fut créé, pour être saints et sans péchés devant sa face
grâce à son amour. Il nous a prédestiné à être, pour lui, des fils adoptifs par Jésus, le
Christ ». Voilà la bonne nouvelle de Noël ! Dieu nous veut saint et sans péché à
l’image de son Fils pour nous tenir devant lui, dans l’amour, comme des fils !
Marie a été la première à être touchée par le mystère de l’Incarnation.
Spontanément et spécialement en ce jour, nous pensons à sa maternité. Le mystère de
Noël l’a en effet rejoint dans sa chair en lui donnant d’être la mère de Dieu, la mère du
Fils éternel selon la chair, la mère de son Créateur. Elle a donné la vie humaine au Dieu
saint. Que ce mystère est grand ! Mais que ce mystère de soit pas l’arbre qui cache à un
autre mystère tout aussi grand !
Si Marie a pu être mère du Fils dans l’ordre de la génération terrestre, c’est par ce
qu’elle est d’abord fille de Dieu par grâce. Depuis le premier instant de sa conception,
Marie est pleine de grâce, Marie est pleinement fille adoptive du Père dans le Christ
Jésus. Si elle a pu recevoir le Verbe en son sein, c’est par ce qu’elle avait déjà reçu la
grâce de l’adoption filiale. Ainsi, comme le dit Jean-Paul II : « …par l’Esprit, dans
l’ordre de la grâce, c’est-à-dire de la participation à la nature divine, Marie reçoit la vie
de celui auquel elle-même, dans l’ordre de la génération terrestre, [Marie] donna la vie
comme mère. » Marie peut alors recevoir à la fois le titre de « Mère de son Créateur »
ainsi que celui de « Fille de ton Fils » pour reprendre les paroles que le poète Dante
met sur les lèvres de saint Bernard. « Mère de son Créateur » pour signifier la grâce de
sa maternité divine. « Fille de ton Fils » pour signifier la grâce fondamentale de
l’adoption filiale.
La maternité virginale de Marie est certes une grâce et une mission unique. Mais elle
est aussi le fruit d’une grâce que nous avons tous en partage avec la Vierge Marie, celle
de l’adoption filiale qui nous rendra saints et immaculées en sa présence. Et cette
commune grâce, pleinement réalisée chez Marie, doit encore se déployer dans nos vies
de baptisés. Que la Vierge Marie, « Mère de son Fils » selon la chair parce que « Fille
de son Fils » selon la grâce nous donne d’entrer pleinement dans le mystère de notre
adoption filiale.