homélie du mercredi 28 avril, 4e semaine de Pâques, frère Eric de Clermont-Tonnerre

Il est une expression que j’aimerais relever ce matin parce qu’elle nous concerne : c’est celle que nous avons entendue au début du passage des Actes des Apôtres qui a été proclamé il y a un instant ; une expression un peu étonnante qui pourtant dit bien ce qu’elle veut dire : La Parole de Dieu était féconde et se multipliait.

C’est étrange comme formule, même si on la comprend : Elle était féconde et se multipliait parce que se multipliaient les auditeurs, parce qu’elle se répandait et que se multipliaient ceux qui y adhéraient, devenaient croyants et se faisaient baptiser.

On  pense à la finale de la parabole du semeur que nous connaissons bien. La semence, c’est la Parole de Dieu. Lorsqu’elle tombe dans la bonne terre, elle donne du fruit, l’un cent, l’autre soixante, l’autre trente pour un.

On pense à la multiplication des pains, cette extraordinaire fécondité de ces quelques pains et quelques poissons qui nourrissent une foule et dont il reste douze corbeilles.

Mais la Parole dans les Actes des Apôtres ne se multiplie pas magiquement. Il faut des ouvriers qui en soient les porteurs. Rien que dans ce passage des Actes, on voit leur nombre se multiplier : Barnabé, Saul, Jean-Marc, Syméon, Lucius, Manahène…

Comme pour la multiplication des pains, le Seigneur nous dit : Donnez-leur vous-mêmes à manger.

La Parole de Dieu se multiplie si elle est écoutée, accueillie, en tendue, comprise, aimée, si elle mûrit dans une bonne terre et qu’elle est alors célébrée, proclamée, annoncée, pratiquée  et surtout partagée.

La multiplication de la Parole ce se fera pas sans nous. C’est à chacun, chacune de nous, simplement, à chacun selon ses moyens, de la porter, de la partager. Car c’est elle qui sauve,  qui console, qui guérit, qui appelle à la vie et conduit à la vie.

Cette Parole, c’est le Christ mort et ressuscité, vivant au milieu de nous et source de toute vie.

Dans l’Evangile d’aujourd’hui, Jésus s’exprime ainsi : Moi qui suis la lumière, je suis venu dans le monde pour que celui qui croit en moi ne demeure pas dans les ténèbres.

Cette lumière est une présence : une force de vie dans nos ténèbres. C’est cette lumière que nous devons en quelque sorte multiplier pour qu’elle éclaire et fasse vivre.

Chacun, chacune a sa part de responsabilité. Lui-même a reçu la Parole et la mission de l’annoncer, de son Père : ce n’est pas de ma propre initiative que j’ai parlé.

Nous-mêmes, c’est la Parole de Dieu, du Père, du Christ que nous devons transmettre.

Cette parole n’a pas honte de se mêler à nos pauvres paroles, à nos balbutiements, à nos hésitations, à nos imperfections.

Nous portons cette Parole, ce trésor, dans les vases d’argile, fragiles  de nos pauvres paroles.

Le Seigneur le sait : Il nous envoie quand même.

4ème semaine de Pâques

 

Act. 12, 24- 13,5 ; Jn. 12, 44-50