7e dimanche de Pâques, homélie du frère François-Régis DELCOURT, OP

 

 

Dans ce passage du discours des adieux du Christ à ses apôtres, Jésus s’adresse à son Père. Il lui demande de garder ses disciples en son nom que le Père lui à donner. Cette supplication revêt une signification toute particulière en ces jours où nous tendons de nous disposer à recevoir une nouvelle fois l’Esprit-Saint. En effet, être gardé en son nom revient à être, pour nous, uni à Dieu comme le Père ne fait qu’un avec le Christ. Et qui est l’acteur de cette indissolubilité entre le Père et le Fils sion l’Esprit-Saint. Il assure à l’un et à l’autre d’être présent l’un à l’autre, qu’il demeure ensemble à jamais et pour toujours. Il en est de même pour nous. L’Esprit-Saint est celui qui nous permet de demeurer en Dieu. Plus précisément, il s’agit de prendre conscience de ne plus appartenir au monde tout en n’étant pas retiré du monde et mais d’être des envoyés par le Christ. Mais qu’est-ce que cela veut dire ?

Ne plus appartenir au monde revient à être en Dieu en recevant l’Esprit-Saint et donc par l’amour, être élevé à l’état de fils et fille de Dieu. Parce que le Christ est mort en restant uni à son Père dans l’Esprit-Saint, il est ressuscité et glorifié. Il est de nouveau à coté de Dieu. Sa place, il l’avait délaissé le temps de son passage sur notre terre. Le Christ a assuré et réussi l’œuvre de miséricorde que le Père lui avait confié. Une des conséquences est que Jésus a acquis pour nous le don immense de l’Esprit-Saint, de la grâce, de l’amour de Dieu qui vient épouser notre singularité. Cet amour est le support de l’amitié de Dieu envers nous. Cette amitié est si forte qu’elle opère en nous la filiation avec Dieu.

Ne pas être retiré du monde revient à prendre sa place dans l’époque historique qui nous a vue naitre. Le Christ souhaite à chacun de s’intègrer selon sa vocation propre dans la société actuelle. Il n’est pas question de s’affranchir mais bien au contraire de s’insérer comme chacun le peut auprès de notre famille, de nos amis, de nos contemporains. Par notre travail et nos occupations politiques, économiques, caritatives, religieuses et associatives, chacun de nous devient participant de la construction de la société. Le Seigneur nous y attend pour exercer nos talents et œuvrer comme pierre vivante. Si Dieu nous a créé le monde et nous l’a confié, c’est pour prendre part à ses enjeux et ses défis et contribuer à batir ce bel édifice.

Ne plus appartenir au monde sans en être retiré, c’est être envoyé dans le monde par le Christ. Tel est justement notre mission en tant que chrétien. Elle consiste à continuer l’œuvre du Christ avec l’aide de l’Esprit-Saint. Comme il a veillé sur nous et veille encore sur nous, nous sommes appelés à veiller sur l’autre. Comme il nous a gardé en son amour et nous garde encore, il importe d’être le gardien de nos frères. Pour nous, cela prend une autre dimension que celle du Christ. Par l’Esprit-Saint, chacun est appelé à s’épanouir par les motifs et moyens mis en œuvre en accomplissant nos tâches quotidiennes et en prenant soin de l’autre. Cela demande de cheminer pas à pas, de tirer les leçons du passé en mettant nos pas dans ceux de Dieu. Et ainsi, nous accédons à la joie éternelle de partager la vie promise par lui. Lui avec nous seront comblés de son amour en sa présence. Dieu est amour : qui demeure dans l’amour demeure en Dieu, et Dieu demeure en lui.

Dimanche 16 mai 2021

7ème du temps pascal – année B

Frère François-Régis DELCOURT

Act.1, 15-17. 20a. 20. 26 ; 1 Jn. 4, 11-16 ; Jn. 17, 11b-19