homélie du 20e dimanche TO, frère Benoît VANDEPUTTE, op

          Le mot de religion est un mot piégé. Nous pensons souvent bien le connaître, d’être au clair sur la question.

Par exemple, si on faisait un sondage dans cette chapelle ce matin, sans doute la réponse serait-elle : Catholique.

Or il serait plus juste de dire que nus sommes de religion chrétienne et de confession catholique.

A Jérusalem, on se moque de ces chrétiens qui se marchent dessus au Saint Sépulcre pour des histoires d’horaires de procession ou d’occupation de marches d’escalier.

Or, on ne s’invective pas plus au Saint Sépulcre que dans le métro de Paris ou à la gare Montparnasse ce soir. Et pour les mêmes raisons ! Trop de monde au même endroit ou en même temps.

Pour le reste, les membres des 16 églises chrétiennes de Terre Sainte se marient allègrement entre eux et tenez-vous bien, proposent le même catéchisme à leurs enfants.

Nous ne faisons- de loin pas autant en France où il y a un autant de méthodes de catéchisme que de diocèse.

Il y a, il y a eut, les religions de conjuration ou propitiatoires pour être protégés de la foudre ou du mauvais sort et demander la clémence du ciel.

Entre  la crainte de Taranis, le dieu gaulois de la foudre et les pauvres chouettes clouées sur les portes des granges, il n’y a pas loin. Je suis impressionné par ailleurs, par le nombre de boutiques à Dax qui nous vendent de bracelets de pierre aux vertus  affirmées contre les pendules et les cristaux  de roche ou les fossiles. N’en rions pas trop vite :Ils nous disent beaucoup de la soif d’ailleurs de nos contemporains.

Il y eut les religions civiques dont Rome offrit le plus bel exemple jusqu’à Constantin au IVème siècle.  Guère de métaphysique ici. Un peu de mythologie : après tout, descendre de Vénus comme César valait mieux que rester à court. Propitiation toujours mais avec un contrat : Je donne pour que tu me donnes. Si je veille à ce que le feu des vestales brûle toujours, c’est pour que Rome soit éternelle.

Et puis, il y a les religions d’alliance, les religions personnelles, intimes et sociales. Avec les Hébreux, nous sommes ici à notre aise. Beaucoup de transcendance – qui d’entre nous n’a pas vibré aux « Dix commandements » de Cecil B de  Mil avec un Moïse au regard chaleureux, campé par Charlton Eston ? Mais surtout l’établissement d’une pratique. Surtout après l’exil à Babylone, quand on peut véritablement commence à parler, non plus d’hébreux, mais de juifs et de judaïsme.

Aujourd’hui encore, le judaïsme est et demeure une religion de la pratique où l’on fait moins les choses parce qu’on y croit que parce qu’il convient de les faire..depuis que nous savons pouvoir louer en esprit et en vérité, nous avons beaucoup perdu l’esprit de pratique et nous avons beaucoup à apprendre ici.

Et puis, il y a des religions à mystères : et çà, c’est nous. Les religions d’initiation. Religion personnelle, religion communautaire mais religion de la progression, religion du point de départ et de la ligne finale. Religion de communion verticale et horizontale.

Nous le savons, la religion est ce qui relie.

Par les textes de ce jour, nous sommes reliés à la religion de nos frères et pères dans la foi.

Quel meilleur évangile que celui d’aujourd’hui pour redire que Jésus était juif ? J’ai été envoyé aux enfants perdus des brebis d’Israël.

Mais aussi pour dire que cde qui nous relie entre nous et reliera toujours personnellement au Christ, c’est notre capacité à l’étonner.

La Cananéenne aujourd’hui est la sœur du Centurion romain.

Faisons tout mes sœurs, pour protéger notre foi, restons ces êtres capables d’étonner le Seigneur.

Car c’est ce qui nous sauvera !

 

20ème du temps per annum – année A

Frère Benoît VANDEPUTTE

Is. 56, 1. 6-7 ; Rm.11, 13-15. 29-32 ; Mt. 15, 21-28