homélie du 30 décembre par le frère Julien WATO, op

30 décembre 2023

Octave de Noël

Après la prophétie du vieillard Siméon, vient celle d’Anne, dont le nom signifie « Dieu est miséricorde », fille de Phanuel – « Dieu est lumière » – de la tribu d’Aser, c’est-à-dire « bonheur ». En déployant ainsi la signification des noms, on comprend mieux que l’évangéliste se soit donné la peine de mentionner en détail l’appartenance familiale d’Anne. Et ce n’est pas tout : les 84 ans de cette vénérable dame représentent probablement de manière symbolique le long temps d’attente des 12 (8+4) tribus d’Israël, qui pleurent l’absence de l’Époux après que le péché les ait chassées de sa présence en Éden. Poursuivant notre exercice, nous remarquerons que 7 (symbole de la perfection) fois 12 (tribus d’Israël) est égal à 84 : le temps de l’accomplissement est enfin arrivé !

Par son assiduité au jeûne et à la prière, Anne fait donc figure non seulement de la veuve parfaite (1 Tim 5, 5), mais aussi de l’humanité repentante qui s’est tournée vers Dieu dans le désir de sa venue. Le ministère prophétique de ces deux vieillards dont les yeux déjà s’éteignent, nous désigne Jésus comme la « lumière », la « miséricorde » et comme promesse de « bonheur ». Telles sont les paroles d’espérance que le Père adresse en son Fils, à tous ceux qui souffrent des ténèbres du péché et désirent ardemment le salut que lui seul peut leur donner.

Saint Jean synthétise son enseignement en quelques traits qui explicitent l’accomplissement de ces trois paroles prophétiques :

– Vous connaissez le Verbe lumière, qui existe depuis le commencement ;

– Vous avez vaincu le Mauvais par la puissance de sa miséricorde ;

– Vous connaissez le bonheur d’être enfants du Père et de vivre de son Esprit.

Au milieu de toutes les vicissitudes de ce monde qui passe, cette triple certitude devrait nous sauver de la tristesse et nous garder dans une vivante espérance.

Frères et sœurs, le Seigneur ne nous demande pas des choses extraordinaires : il les a lui-même accomplies pour nous il y a deux mille ans ! Il nous demande seulement de rester fidèles à la Parole de lumière qu’il nous a donnée pour qu’elle soit une lampe sur nos pas, une lumière sur notre route. Il nous exhorte au combat spirituel en renonçant à « l’amour du monde et de ce qui est dans le monde », car « les désirs égoïstes de la nature humaine, la convoitise de la chair, la convoitise des yeux, l’arrogance de la richesse » sont incompatibles avec l’amour du Père.

Il nous encourage à résister au Mauvais en comptant sur sa grâce ; il nous invite à nous relever de nos chutes en nous appuyant sur sa miséricorde. Il nous invite à nous attacher fermement à sa volonté, afin d’échapper aux séductions de « ce monde qui est en train de disparaître », et de demeurer en lui dès à présent et pour toujours (cf. 1ʳᵉ lect.). C’est ainsi que nous connaîtrons le bonheur de voir grandir et se fortifier en nos cœurs l’enfant divin, dont le germe a été déposé en nous au jour de notre baptême et la grâce de Dieu sera sur nous à jamais.

Demandons au Seigneur de demeurer jour et nuit vigilants dans le Temple de notre cœur où il réside. Quelle que soit notre activité, que notre conscience demeure éveillée en sa présence afin que nous soyons forts pour vaincre le Mauvais ; que sa parole réside en nous pour nous montrer la route à suivre ; que son Esprit illumine nos âmes afin que nous puissions discerner et accomplir sa volonté en toutes choses. Alors nous pourrons rendre à son Nom la gloire et la puissance qui lui reviennent et proclamer sa royauté universelle à toutes les nations (cf. Ps 95).

 

Julien WATO