HOMELIE DU 17 JUIN 2018, Frère Christian-Marie DONET

11ème du temps per annum – année B

En méditant les textes de la liturgie de ce dimanche, il m’est revenu à la mémoire une anecdote d’adolescence. Un jour, nous étions partis en balade en famille, je ne sais plus où, mais je me souviens que j’avais apprécié l’endroit. Et j’ai voulu rapporter un souvenir. J’ai trouvé un tout petit sapin qui ne mesurait que quelques centimètres.

Je l’ai arraché, avec quelques poils de racine, avec le projet de le replanter dans le jardin familial. Mon initiative a été saluée par quelques quolibets mais, qu’à cela ne tienne, j’ai ramené mon petit sapin avec beaucoup de précautions, je l’ai planté dans un coin du jardin et j’ai attendu  en faisant attention que les herbes ne l’étouffent pas. Et il a repris, il a grandi. Le temps a passé, mes parents se  sont séparés, la maison a été vendue mais le petit sapin est resté. Il n’était d’ailleurs pas si petit. Plusieurs années plus tard, je suis repassé par là et mon sapin était devenu un bel arbre vigoureux et si personne ne l’a coupé depuis, il doit être aujourd’hui un grand arbre.

Pourquoi vous parler de ce sapin aujourd’hui ? Car cela doit bien faire une quarantaine d’année que cela s’est passé. Eh bien, peut-être parce qu’il nous dit quelque chose du règne de Dieu dont nous parle Jésus dans l’évangile.

On ne croyait pas beaucoup aux chances de survie de cet arbrisseau et pourtant, il s’est développé. Et il a continué de grandir même en mon absence.

Quand Jésus nous parle du règne de Dieu, il ne dit rien que nous ne sachions déjà mais il met des mots sur nos intuitions.

Si je vous demandais ce qu’est le règne de Dieu, vous auriez de la peine à l’exprimer, tout comme bon nombre des hommes et des femmes qui sont nos contemporains. Et pourtant, je crois que la grande majorité a inconsciemment le sentiment de ce qu’est le règne de Dieu.

Pourquoi ?  Parce qu’en écoutant premièrement ceux qui doutent de l’existence de Dieu, j’entends leur confession : « Si Dieu existait, ça ne se passerait pas comme ça ! », « S’il y avait un Dieu, il ne permettrait pas tel drame, telle catastrophe ! »

Donc, nous savons, nous possédons au fond de notre cœur, de notre intelligence, empiriquement la connaissance de ce que peut être le règne de Dieu.

Et celui-ci ne se trouve pas dans un endroit précis. Il peut être n’importe où. Si nous ne savons pas où il est, nous savons où il n’est pas.

Le règne de Dieu ne tonne pas comme les bombes, le règne de Dieu ne gronde pas comme les foules en colère ou maltraitées. Le règne de Dieu ne tente pas comme des monceaux d’or ou d’argent.

Le règne de Dieu ne fait pas plus de bruit qu’un sourire ou qu’une main tendue. Il est aussi silencieux qu’un arbre qui pousse. Mais quel que soit l’endroit où il est semé, un sourire peut se développer jusqu’aux extrémités de la terre.

Certainement que le règne de Dieu se développe sans que je n’y fasse rien, comme une semence jetée en terre, mais si cette graine ne tombe en terre, elle ne germera jamais. Il faut que quelqu’un  accepte de semer.

Chacun de nous est concerné, car beaucoup espèrent le règne de Dieu.

Beaucoup peuvent savoir ce que doivent être les conditions d’existence dans le Royaume de Dieu.

Mais combien sont prêts à donner un peu de temps, d’énergie, de soin pour que ce règne soit semé ?

En un mot, il faut se convertir. Ne cherchez pas, si le règne de Dieu tarde à venir, c’est aussi à cause de moi.

Que cette Eucharistie nous donne le désir de semer pour que se développe de règne de Dieu. C’est, comme le dit saint Paul : c’est dans le temps que nous sommes dans notre corps que nous pouvons choisir de faire le bien ou le mal.

Pour que notre ambition soit de plaire au Seigneur, aide-nous, Seigneur !

11ème du temps per annum – année B

 

Ez. 17, 22-24 ; 2 Co. 5, 6-10 ; Mc. 4, 26-34