Homélie du 04 août 2018, Mgr P.RAFFIN, OP

Nous avons déjà remarqué comment Jésus est lié à Jean le Baptiste ; annoncé et baptisé par lui, il lui fera dire qu’il est vraiment celui qui doit venir, puisqu’il accomplit les signes du Messie. Il fera longuement son éloge et expliquera à ses auditeurs le rôle de Jean dans le dessein du salut. Leurs manières de vivre sont très différentes : « Jean ne mange, ni ne boit, au point qu’on le considère comme un possédé, et ses disciples jeûnent comme ceux des pharisiens ; le Fils de l’homme mange et boit et on le traite de glouton et d’ivrogne, ami des collecteurs d’impôts et des pécheurs. Jean, lui ne passe pas pour un ami des pécheurs ! Il dénonce son péché à Hérode le tétrarque, lui reprochant d’avoir pris la femme de son frère : « Tu n’as pas le droit de l’avoir pour femme ». Malgré ces attitudes différentes, apparemment opposées, c’est dans la même ligne que se déroulent la mission de Jean et celle de Jésus. Hérode ne s’y trompe pas : en apprenant ce qu’on dit de Jésus, il fait la relation avec Jean qu’il a fait mettre à mort : « Celui-là, c’est Jean le Baptiste, il est ressuscité d’entre les morts, et voilà pourquoi des miracles se réalisent par lui ». De Jean comme de Jésus, on dira que la foule le tenait pour un prophète, et qu’à cause de cela les chefs n’osent pas toucher à sa vie. Hérode prend Jésus pour Jean ressuscité, et à la suite de l’Evangile raconte comment Jean a été décapité. Il annonce ainsi ce qui attend Jésus : il vient d’être récusé à Nazareth et va se mettre en route pour Jérusalem, « la ville qui tue les prophètes et lapide ceux qui lui sont envoyés ». Comme Jean le Baptiste, il subira donc le sort des prophètes et l’on ironisera sur sa qualité de prophète : « Pour nous, fais le prophète, Messie ! » se moqueront les membres du Sahédrin.

L’annonce du salut, la bonne nouvelle de Dieu venant chez les hommes, n’est pas une histoire merveilleuse et édifiante. Le Fils de Dieu est mêlé aux tragédies d’une période troublée, il est témoin et victime des passions humaines, il a affaire à des personnages peu recommandables. Son cousin Jean est exécuté pour la grâce d’une danseuse, par la haine d’une femme et la faiblesse d’un prince qui s’est imprudemment engagé au cours d’une ripaille devant ses convives. Sa concubine en profite en envoie sa fille lui demander la tête du prophète : « Donne-moi ici, sur un plat, la tête de Jean le Baptiste ». Jean subit le sort des prophètes qui osent s’en prendre aux puissants de ce monde. Hérode fait à sa fille le cadeau macabre : « Il envoya décapiter Jean dans sa prison. Alors Jésus, informé par les prophètes de Jean, se retire de là en barque vers un lieu désert, à l’écart ».

 

Hérode, Jean et Jésus  Mt 14, 1-12