Homélie du 23e dimanche du TO, frère Jean GIANG

Effata! Ouvre-toi.

Dans toutes les lectures aujourd’hui résonne un seul message : la joie. La joie d’être sauvé. La joie d’être choisi parmi les héritiers du Royaume promis. Et dans l’évangile, c’est la joie d’être ouvert.

Relisons la première lecture. Le prophète Isaïe dans cette lecture annonce au peuple déporté le jour de rentrée, le jour où le Seigneur va faire des merveilles : l’eau jaillit dans le désert, les oreilles des sourds s’ouvrent, les aveugles voient la lumière. « Le boiteux bondira comme un cerf, et la bouche du muet criera de joie ». Une telle perspective comme rêve n’est que dans la victoire ultime de Dieu sur les puissances du mal. Pourtant, se trouve là, la réalité que le Dieu fidèle réalisera pour son peuple captif dans l’esclavage.

La joie s’éclate dans ces merveilles que fait le Seigneur, car tout ce qu’il fait c’est de renverser tous ceux qui prétendent tenir les critères, les jugements du monde. Ce reversement, saint Jacques nous l’a montré dans la deuxième lecture : ceux qui sont jugés de petits dans ce monde, Dieu fait d’eux les grands devant le monde. Il rend riches et forts ceux qui sont pauvres et faibles devant les gens. Ainsi la surprise, la joie, l’inattendu viendra à ceux qui osent encore attendre dans ce monde ce que les gens de ce monde n’ont pas assez d’espérance pour oser attendre et demander.

Mais sous un autre aspect, Marc nous témoigne un fort espoir que les gens autour de l’homme sourd ont mis en Jésus. En effet, c’est eux qui ont amené le sourd à Jésus et lui ont demandé de guérir celui-ci.

Jésus a fait un miracle sans demander la foi même de ce sourd. Il voit plutôt la foi des gens qui viennent à lui, apportant en eux un espoir qu’eux-mêmes n’osent pas espérer. Ainsi, en ouvrant les oreilles de ce sourd, Jésus ouvre aussi la foi de tous ceux qui viennent mettre leur espoir en lui.

Dans notre vie, osons-nous attendre une telle joie éclatante venant du Seigneur même si devant nous est une situation paradoxale ? Osons-nous nous ouvrir devant le Seigneur quand il ouvre notre cœur ? J’ai l’impression que plus notre monde se développe, plus on ne pense pas et n’ose pas attendre une surprise venant du ciel. La raison en est peut-être qu’en prétendant tout maîtriser de la vie, on ne croit plus qu’une chose inattendue puisse survenir dans ce monde. En se fermant en soi, on perd une capacité digne des êtres humains : c’est de s’ouvrir à Dieu, à toute surprise venant de lui, à tout son amour inattendu.

« Effata », le mot nous invite à ouvrir notre cœur, notre âme devant le Seigneur. Que nous, les chrétiens, nous ne perdions pas cette capacité de nous ouvrir à Dieu en nous laissant ouvrir par Dieu.

Is. 35, 4-7a ; Jc. 2, 1-5 ; Mc. 7, 31-37