homélie du 26e dimanche du TO, frère Bruno CADORE, OP

 

Il y a un riche… et près de son portail, un pauvre du nom de Lazare qui gisait…les chiens venaient même lécher ses plaies.

Dans le passage, il y a sans doute le seul passage de l’évangile, des paraboles où Jésus nomme quelqu’un. Le pauvre oublié a un nom. Jésus semble donner le nom d’un pauvre pour sauver le monde.

Par contre, on ne connait pas le nom du riche. Le riche non plus ne connait pas le nom de Lazare. IL ne le voit pas non plus. Le riche est aveuglé par sa richesse, par ses grands festins. Jésus le décrit comme habillé de pourpre comme le sont les prêtres.

Alors que devrions-nous faire ? Nous choisirions sans doute le nom de Lazare pour que l’on s’occupe de nous.

Au fond de l’Hadès, le riche sort peu à peu de son aveuglement. Il nomme Lazare. Il choisit ce nom parce qu’il veut sortir de ses souffrances. Il ne voyait pas la peur de Lazare : la peur de ne pas avoir à manger, de ne pas avoir à boire, de ne pas avoir de toit, de ne pas avoir de travail…  Il s’aperçoit que le pauvre lui apparait comme celui qui peut le sauver.

1er pas : découvrir en tout homme un être humain, un humain capable de prendre soin d’un autre homme. Il découvre la réciprocité. Un pauvre aussi peut prendre soin d’un autre.

2ème pas : le riche découvre que l’on peut penser aux autres. Dans son apparente sécurité, il n’avait pas besoin de penser aux autres. Tout roulait parfaitement. Il découvre qu’il n’a pas à s’occuper seulement de la renommée de sa famille mais que ceux-là aussi ont une vie à sauver.

On a toujours la tentation de dire que si les autres sont pauvres, ils pourraient bien  faire autrement. Et même que s’ils sont pauvres, ils l’ont bien voulu. Le riche n’est pas pauvre de lui-même. Or, il n’y a pas de société qui puisse se bâtir dans l’injustice. Les pauvres le deviennent par l’indifférence ou par le mal que l’on fait. L’avenir ne peut être que dans une maison commune.

3ème pas : Abraham a une réponse qui est troublante. La rétribution existe mais en plus il y a un grand abîme entre ceux qui ont souffert et ceux qui souffrent dans l’Hadès. En effet, il y a un abîme immense qui sépare l’Hadès du sein d’Abraham. Il est réellement infranchissable. Nous ne pouvons le passer.

Mais Dieu, Lui, peut le traverser. Dieu a souvent pris la figure de Lazare. Il est le Maître de la vie et Il peut nous la donner.

Il y a un riche… et près de son portail, un pauvre du nom de Lazare

Dimanche 29 septembre 2019

26ème du temps per annum

 

Am. 6, 1a. 4-7 ; Tm. 6 11-16; Lc. 16, 19-31