homélie du 30e semaine du TO, année C, frère Pavel SISSOEV, OP

On peut être au plus haut de notre vie spirituelle et que l’Evangile glisse sur moi. Il s’agit de comprendre ce qu’il dit.

Je ne suis pas ce pharisien. Je ne jeûne pas deux fois par semaine, je ne donne pas la dîme de tout ce que je gagne. Cette parabole était donc pour les autres. La conversion est pour eux. J’ai rendu l’évangile inoffensif. De fait, nous sommes décidés à ne pas changer de vie. Mais il serait vraiment dommage que nous passions à cet enseignement.

Nos images représentent souvent le pharisien vêtu de vêtements très riches et, à côté de lui, ce pauvre publicain dans une tenue très pauvre et un peu rabougri. La conversion est une chose excellente pour les autres. Eux ils ont besoin de conversion.

Or, dans la réalité, les pharisiens sont des gens pauvres. Ils travaillent de leurs mains. Ils vivent chichement. Ils ont une tenue très simple. Mais ils sont contents d’avoir gardé la foi de leurs pères et toutes les règles. Leur repos, c’est de monter au Temple pour prier Dieu. Ils donnent la dîme mais c’est difficilement. Moi, avec tout ce que j’ai déjà fait !

Le publicain est immensément riche. Il est revêtu de magnifiques vêtements. Il a acheté sa charge aux occupants et en ruinant leurs compatriotes. Ils sont objet de mépris. Cependant, il ose aller au Temple et il prend conscience qu’il collabore avec l’occupant.

Et nous, que devons-nous tirer de cette parabole ?

Elle nous fait penser à celle de l’enfant prodigue. Qui est riche et qui est pauvre ? Le pauvre peut être fier de sa justice. Et c’est vrai. Mais qu’est-ce qui distingue les deux priants ?

Si les publicains et les prostituées nous précédent dans le Royaume, ce n’est ni la rapine, ni la prostitution qui nous y introduit. Le publicain sait ce qu’il est. Ce Dieu, il le désire. Il sait qu’il est indigne. Mais il monte quand même au Temple. Ce n’est pas son argent qui le sauvera. Ni sa situation. Il tient son petit filet de confiance en Dieu. Il sait que le pharisien le méprise.

L’évangile dit que Jésus disait cette parabole à l’adresse de ceux qui se croyaient justes. Le publicain avait conscience de son indignité.

Quelle que soit notre histoire, si nous regardons bien, nous pensons peut être qu’il y a des gens qui devrait faire de leur mieux.

Tant qu’il y aurait ce mépris, nous n’aurons pas la joie de savoir que la conversion est pour nous. Jésus est venu pour sauver les pécheurs ! Dieu sera notre récompense.

La miséricorde, c’est ce que Dieu veut nous donner avant tout. Ce que Jésus raconte est une parabole, pas une histoire vraie. On peut penser que le publicain est rentré chez lui. Il continue à entendre la voix de Dieu. Il change de vie. N’a-t-il pas dit : »Mon Dieu, prends pitié du pécheur que je suis ! ». Mais ne croyons pas qu’une prière bien faite suffira.  Si nous disons : Seigneur, fais miséricorde au pécheur…

La miséricorde commencera à changer notre cœur et notre vie.

Dimanche 27 octobre 2019

30ème du temps per annum – année C

Frère Pavel SYSSOEV

Si. 35, 15b-17. 20-22a ; 2 Tm. 4, 6-8. 16-18 ; Lc. 18, 9-14