homélie 4e dimanche de l’Avent, Frère Bruno CADORE

Joseph, fils de David, ne crains pas ! Facile à dire !  Ne crains pas ! Alors que rien ne se passe comme prévu ! Le mariage était prévu mais pas tout de suite ; un enfant était probablement prévu mais pas maintenant, pas comme ça ! L’anonymat était la vie habituelle de Joseph et de ce qu’il imaginait être sa vie avec Marie, celle qui serait son épouse et voilà qu’il est appelé mystérieusement dans un songe par l’ange de Dieu. Ne crains pas ! Qu’est-ce-qui pourrait rassurer Joseph ? Probablement pas la toute première annonce. La toute première annonce de l’Evangile, c’est celle-ci : « Joseph, fils de David, tu donneras à cet enfant le nom de Jésus c’est-à-dire le Seigneur sauve ; toi le charpentier de Nazareth, fils de David, de cette grande lignée, c’est toi qui vas nommer cet enfant qui te viens et tu le nommeras : le Seigneur sauve. Cela va être difficile de passer inaperçu ! Toi qui étais inconnu, voilà que tu prends ta place dans la lignée de David et tu reconnais, tu accueilles, tu reçois cet enfant que Marie donne au monde et te donne à adopter et tu le nommes : le Seigneur sauve ». Comme il était dit dans l’Ecriture, le Seigneur sauve le monde de son péché, de sa tentation toujours de tourner le dos à Dieu. Mais plus encore, il lui est rappelé cette prophétie et cette prophétie dit : «  seulement tu lui donneras le nom de Jésus, le Seigneur sauve, mais on l’appellera Emmanuel ; autrement dit, ce que tu vas faire, tous vont être appelés à joindre leur voix à la tienne et regardant cet enfant, le nommer Emmanuel, reconnaitre que cet enfant est Dieu avec nous, voilà que tu vas avoir, toi Joseph le charpentier de Nazareth une voix petite, humble, pauvre, craintive. Il va se situer au croisement de l’adoption. Tu l’appelles : le Seigneur sauve et tous viennent avec toi le nommer Emmanuel ». Est-ce que cela est bien rassurant ?

 

Frères et sœurs, si nous entendons cette annonce et que nous la prenons un peu pour nous, chacun, chacun de nous attend celui que chacun va nommer Jésus, le Seigneur sauve et chacun de nous ce matin entend qu’il fait partie du peuple de ceux qui dans ce monde sont appelés à annoncer Emmanuel, Dieu est au milieu de nous, avec nous.

Ne crains pas ! Pas si facile ! D’autant moins que les textes d’aujourd’hui, particulièrement le texte du prophète, la première lecture, nous montre que ce croisement de l’adoption par Joseph et par le monde de l’enfant qui vient, ce croisement de l’adoption se fait dans un monde très chaotique. Achaz, le roi dont il est question dans le livre du prophète, est un tout jeune roi comme vous vous en souvenez sans doute, un tout jeune roi. Dans la lecture, il semble être un roi très prudent, qui dit : « non ; non  ! Je ne vais pas demander de signe à Dieu ». Mais il a fait des horreurs ! Il n’a pas été roi pendant longtemps mais il en a fait des siennes. Il a abandonné Dieu, il a servi des idoles, il a même offert son fils en sacrifice : il l’a fait, dit l’Ecriture, passer par le feu. Il est pris lui-même entre deux feux : d’un côté le grand royaume, de l’autre : deux petits royaumes, il voudrait prendre son propre royaume. Il est prêt soit à faire la guerre mais il a peur de la perdre, soit à s’allier à ceux qui étaient jusqu’à présent ses ennemis. Il est prêt à tout pour garder le pouvoir de sa pauvre petite royauté. Ne crains pas ! là encore semble lui dire le prophète. Ne crains pas car Dieu intervient. Là, frères et sœurs, peut être voilà quelque chose qui peut nous assurer dans notre attente. Ne crains pas ! Car même dans le chaos et même dans le chaos de ton infidélité, à toi Achaz, pour ne pas  parler de notre propre infidélité, même dans ce chaos-là, Dieu reste fidèle. Il ne te promet pas qu’il n’y aura pas de chaos. « Oui ! Il y aura la guerre ! Oui ! tu seras sans doute complice. Oui ! Tu vas continuer à te bagarrer pour le petit pouvoir. Oui ! Tu vas croire que tu peux construire ta propre vie. Mais au milieu de tout cela, au milieu de toutes ces errances, moi le Seigneur je suis fidèle. Oui ! Tu m’as tourné le dos. Oui ! Tu as sacrifié aux idoles. Oui ! Tu as désobéi à l’ordre de respecter la vie et pourtant, moi le Seigneur, je t’annonce que ta femme va donner naissance et cet enfant qui s’appellera Ezéchias, cet enfant est un enfant qui reprend la lignée de David ; cet enfant est un enfant qui va continuer à écrire dans ce monde l’histoire de Dieu qui vient avec son peuple. Oui ! Tu peux avoir peur quand tu entends la voix de Dieu qui te parle et pourtant derrière ta peur, écoute ce qu’Il te dit. Il ne vient pas d’abord pour t’éliminer ; il ne vient pas d’abord pour t’humilier ; il ne vient pas d’abord pour te juger.

 

 

Il vient pour te faire vivre de sa fidélité. C’est pourquoi le chant du psaume était tellement beau :« Qui peut gravir la montagne du Seigneur » ? L’homme au cœur pur, l’homme qui ne prie pas des dieux vides ; l’homme qui est au fond de vous, au fond de moi, l’homme que nous cachons, que nous ignorons, cet homme qui voudrait parler en vérité de lui à Dieu, de Dieu au monde. Ne crains pas ! La fidélité de ton Dieu peut te faire fidèle.

 

Voilà, frères et sœurs, ce qui en ce dernier dimanche de l’avent, peut nous rassurer dans notre attente. Nous sommes plus ou moins prêts à accueillir ce mystère de la nativité de Dieu parmi nous. Nous sommes parfois tellement habitués que nous ne savons pas si ce sera vraiment une nouveauté. Nous sommes conscients des moments où nous tournons le dos ; où nous voudrions penser à autre chose ; mais Lui, vient. Il nous dit : « ne crains pas ! Je suis fidèle sur tes chemins ». Au milieu du chaos, au milieu des difficultés, ce qui nous rassure est la fidélité de Dieu. Cela peut nous rassurer et pourtant Dieu ne nous rassure pas simplement pour que nous soyons tranquille. Il nous rassure pour que nous comprenions bien pourquoi Il est fidèle. Il est fidèle au point de venir comme un homme parmi nous. Il est fidèle au point de venir dans le monde annoncer combien l’homme a du prix aux yeux de Dieu. Il est fidèle, frères et sœurs, au point de faire de nous son peuple et de nous demander, non seulement, d’être fidèle à Lui mais de nous demander aussi, comme dit l’apôtre Paul dans la deuxième lecture, d’être fidèle avec Lui, au monde. Nous ne croyons pas pour être rassurés. Nous croyons parce que nous croyons en Dieu qui vient pour être avec nous, fidèle au monde.

 

Dieu fasse qu’en ce dimanche de la fidélité, nous préparions nos cœurs, nos vies, nos joies et nos peines à accueillir Celui qui vient, que nous nommons Jésus, et que nous aimerions que le monde reconnaisse comme Emmanuel, Dieu avec nous.

4 DIMANCHE DE L’AVENT   ANNEE A

Frère Bruno CADORE

Isaïe 7, 10-16   Rm 1, 1-7   Mt 1, 18-24