homélie du 27 juillet 2020, frère Bruno CADORE, op

Il leur parle en paraboles non pas pour nous proposer une énigme et nous demander d’essayer de comprendre l’énigme et de donner l’explication ; il nous parle en paraboles pour se décaler de nous-même, pour se mettre un peu à côté, pour susciter en nous quelque chose de mystérieux qui est la saisie de nous-même par une parole qui nous dépasse. Il nous parle en paraboles pour que nous découvrions comment nous-même sommes associés au mystère qu’il veut révéler à travers ces paraboles. Je vous propose, ayant écouté la parabole du grain de moutarde et de la mesure de levain, je vous propose de retenir trois aspects de ce mystère révélé.

D’abord Jésus nous parle de grain de moutarde, de levain, de quelque chose qui est peu de chose, presque rien, qui est fragile. Dieu sait que tout au long de ces semaines nous nous sommes remplis et nous avons rempli nos discours sur la fragilité, la petitesse, la vulnérabilité. Oui ! Dieu veut nous manifester sa grandeur en nous expliquant tout ce qu’il nous donne : c’est tout petit, ce n’est presque rien, c’est quelque chose qui ne peut pas être mesuré par nos propres mesures, c’est quelque chose qui doit être mesuré à la hauteur de la puissance de Dieu. Le grain de moutarde, le levain, c’est petit mais c’est puissant, c’est fort de la puissance de Dieu. La grandeur, la force du point de vue de Dieu ne dépendent pas de la taille, du poids, de l’aspect massif ; cela dépend simplement de la puissance de l’amour de Dieu. Le Royaume de Dieu est presque inaperçu comme un grain de moutarde, comme le levain, tout petit, presque rien car il est fort de la puissance de l’amour de Dieu. Dans ces deux paraboles il n’est pas simplement question de pain et de vin,   il est question aussi de la terre et de la pâte parce que le grain de moutarde vient de la terre et sans elle, il ne donne rien ; le pain s’il n’y a pas de pâte, il ne donne rien. Il est donc question de la terre et de la pâte et la terre et la pâte, vous le savez bien nous qui sommes tous, c’est nous, c’est vous, c’est moi et ce n’est pas nécessairement de la bonne terre ou en tout cas pas seulement de la bonne terre. Et ce n’est pas toujours de la meilleure farine ou en tout cas pas toujours, pas seulement de la meilleure. Et pourtant c’est cette terre-là, cette pâte là dans lesquelles Dieu désire enfouir la puissance de son amour. Comment pouvons-nous comprendre ce Dieu qui désire unir la puissance de son amour à ce don nous-même : terre et pâte imparfaites, à ce don dont nous-même, il le sait nous sommes capables. La force de la puissance de Dieu est dans cet aspect tout frêle de son amour. La fécondité de cette puissance se réalise même dans la fragilité des pâtes et des terres que nous sommes. Cette réalisation, et c’est le troisième point que je vous propose de garder au cœur pendant cette journée, cette réalisation qui est une réalisation éblouissante qui dépasse tout ce que nous pouvons imaginer : un arbre où tous les oiseaux du ciel pourraient venir se nicher ; un pain qui pourrait être partagé avec tous les habitants du monde depuis hier et jusqu’à nous Vous imaginez le mystère que Dieu veut pour nous. Le Royaume de Dieu c’est comme si tu comprenais que l’aspect inaperçu de la puissance de son amour vient s’enfouir dans la fragilité de ta vie humaine imparfaite et pourtant à partir de là construire avec toi une maison, un temple, un arbre, un monde, un torrent dans lequel tous les humains, tous sans exception, sans condition seront en communion avec moi ton Père et ton Dieu.

 

Jr 13, 1-11

Mt 13, 31-35