homélie du 28 juillet, frère Bruno CADORE, OP

Spontanément, mes sœurs, frères et sœurs, nous aurions tendance à dire qu’il n’y a pas grand-chose à ajouter sur cet évangile puisque que c’est déjà un évangile dans lequel Jésus lui-même explique l’évangile que nous avons entendu sur la parabole du bon grain et de l’ivraie. Je vous propose simplement de nous demander ce matin comment cela se fait que les disciples posent cette question ? Ils ont entendu la parabole de l’ivraie et du bon grain, nous l’avons entendue la semaine dernière, dimanche dernier. Ensuite ils ont entendu la parabole du grain de moutarde et du levain ; et c’est après avoir entendu ces trois paraboles successivement qu’ils disent :  Quand-même, explique-nous le bon grain et l’ivraie. En effet, tu nous as raconté qu’il y avait dans le champ du bon grain et de l’ivraie ; que nous n’étions pas capables de faire la part des choses et que toi tu la ferais le temps venu. Mais après ça, tu nous as dit qu’il y avait à comparer le Royaume des Cieux avec le grain de moutarde, avec le levain et que le Royaume des cieux même tout petit, même infime, même à peine reconnu, que ce Royaume allait grandir et s’accomplir et prendre toute la place et être comme un avant-goût de ce soleil du Seigneur dont nous avons entendu parler. Alors explique-nous ce que tu voulais dire quand tu nous as raconté le Royaume avec le bon grain et l’ivraie. Et il raconte.  En réponse Jésus raconte, explique qui est le semeur et qu’est-ce que la semence et comment se passe la croissance de la semence et quelle est la moisson, et il laisse entrevoir le moment où il y aura discernement. Ce faisant, il demande à ses disciples d’être réalistes ; de savoir regarder le monde en vérité et de se rendre compte que dans ce monde en vérité même si on peut reconnaitre, discerner, espérer, oser espérer la puissance de la semence du Royaume, il faut se rendre compte qu’il y a toujours et toujours et encore à combattre pour que le Royaume soit visible et s’accomplisse et à lutter pour ne pas être contaminé par ce qui contredit le Royaume.

La semence c’est la Parole. Et si vous permettez, je regarderai plus particulièrement mes sœurs pour terminer. La semence c’est la Parole ; la Parole dans l’Ordre dont vous êtes les premiers membres à être chargées ; la Parole que l’Ordre a été chargée de faire entendre, de faire connaître ; dans lequel l’Ordre a été chargé de plonger. Être moniale dans cet Ordre c’est se tenir comme dans la première lecture du prophète Jérémie, se tenir en présence de Dieu au nom de tout le peuple de Dieu pour dire : quels que soient les désastres, quelles que soient les difficultés de croissance du Royaume, quelles que soient les infidélités dont nous sommes capables, quelles que soient les fautes dont nous faisons nous-même l’expérience et dont nous savons que le monde fait l’expérience.   Quel que soit tout ça, parce que tu nous as fait moniales de la Parole, nous en appelons à ta fidélité, nous nous tenons là dans ce cloître, tous les jours, toutes les heures, tout le temps ensemble, avec fidélité pour te dire : N’oublie pas la fidélité à ton peuple ; n’oublie pas la bonté qui fait que tu fais des hommes et des femmes de ce temps capables de se tenir devant toi pour te rappeler, vous vous rendez compte,  à toi Dieu ta bonté et ta fidélité. N’oublie pas ta fidélité ; n’oublie pas la bonté de ton alliance. Nous ne te le demandons pas pour nous-mêmes, en tout cas pas d’abord pour nous-mêmes. Nous osons nous tenir, nous, petite communauté, quelques personnes, nous osons nous tenir devant toi en te demandant de voir à travers nous, le monde qui en appelle à ta bonté et qui te demande de te souvenir de ta fidélité, et ce faisant nous te demandons de faire que le monde soit capable de discerner ce qui est fils du Royaume et ce qui risque d’être détérioré par l’ivraie, par l’ivraie  de croire être  maîtres  du monde.  Nous nous tenons devant toi pour te demander de préserver le monde de l’ivraie de lui-même.

MARDI 28 JUILLET 2020

Frère B. CADORE

Jr 14, 17-22    Mt 13, 36-43