homélie du 4e dimanche du TO, frère François-Régis DELCOURT, OP

L’autorité de Jésus

 

L’eucharistie est un des lieux privilégiés de l’écoute de Dieu, banquet de la sagesse où la table de la parole est dressée. Chaque jour, le Christ y parle avec perspicacité comme il l’a fait lors de son ministère public dans les synagogues, à l’écart dans la montagne, au bord d’un lac ou en chemin. Avec Jésus, tous les moyens sont bons afin de transmettre son message de vie : dialogues, enseignements. Et Beaucoup sont frappés par son enseignement car il enseignait en homme qui a autorité. Sa parole s’accompagne pratiquement toujours d’actes de miséricorde : miracles, guérisons et délivrances. Dans l’évangile, les exemples sont nombreux comme celui entendu aujourd’hui. Disons-nous à chaque fois que nous lisons un évangile : Voilà un enseignement nouveau, donné avec autorité. Sommes-nous étonnés par la nouveauté de l’évangile de Jésus et de l’autorité par laquelle il nous la délivre ?

Son autorité révèle son charisme, sa forte personnalité ancrée dans l’unité de toutes les dimensions de sa singularité. L’autorité vient des paroles mêmes de Jésus qui ne sont pas que des mots. Tout est sagesse de Dieu tant dans son contenu que dans ses conséquences. Elles sont agir, amour et vie. Elles révèlent toute la vérité de l’amour de Dieu et les actes qui les accompagnent, incarnent l’amour de la vérité. En lui, tout est cohérence, conformité et harmonie. Quand il dit, il agit en cohérence avec tout son être. Quand il agit, il aime en conformité avec la grâce de Dieu et les vertus. Quand il aime, il vit en totale harmonie avec lui-même et plus encore avec Dieu, révélant cette amitié divine et éternelle. Toute son existence est donc désintéressée, ouverture à l’autre, remplie de bienveillance et de bienfaisance. De plus, sa divinité se confond avec son humanité constituée comme nous d’un corps, d’un cœur et d’un cerveau. Sa personne n’est en rien divisée. Bien au contraire, tout est réalité éternelle, tournée vers la plénitude. Il est un avec son Père dans l’Esprit-Saint.

Prendre place à la table de la parole revient, comme ceux qui étaient présents et qui l’écoutaient dans la synagogue, à se mettre à l’écoute de Jésus. Jésus est réellement un homme du premier siècle de notre ère ayant vécu en Palestine. En le voyant et en l’entendant dans l’eucharistie, il vient à notre rencontre à chaque fois que l’évangile est proclamé. En lui, Dieu se rend visible, audible car il est aussi réellement Dieu. Toutes les réalités naturelles et surnaturelles, visibles et invisibles deviennent accessibles à tous, petits et grands. Avec lui, nous sommes témoins de la réalisation progressive du projet de Dieu. Petit à petit, il nous donne les éléments en vue de nous faire partager l’amitié de Dieu dans la vie éternelle. Jésus n’a qu’une seule intention, un seul désir : tout mettre en œuvre en vue de nous faire toucher du doigt l’espérance promise du bonheur et de la sagesse de Dieu. Jésus lève le voile et n’hésite pas à montrer au grand jour le véritable visage de la miséricorde du Père.

Disposons nos cœurs à cette parole, faisons l’expérience de cette parole. Et, il nous délivrera comme il a délivré cet homme tourmenté. Il ne tient qu’à nous de nous laisser surprendre par Jésus. Il ne tient qu’à nous d’adhérer à sa parole avec toutes les dimensions de notre être comme lui s’est donné, tout entier, lors de sa vie terrestre et se donne encore dans l’eucharistie. Il ne tient qu’à nous d’exercer notre liberté et de décider de se laisser transformer par sa vérité et son amour et s’unir à lui. Il ne tient qu’à nous d’accueillir Jésus avec notre corps, notre sensibilité, notre affectivité, notre intelligence, notre volonté. Il ne tient qu’à nous de mettre en lui notre confiance non pas comme une obligation, ni de manière volontariste. Laissons-nous séduire et guérir, pas à pas, par sa parole de miséricorde. Quand Jésus parle, il agit en nous. Quand il agit en nous, il nous dit : toi, je t’aime. Quand il nous aime, il nous donne sa vie et nous vivons.

Dt 18, 15-20

1Cor 7, 32-35

Marc 1, 21-28