homélie du 13 juillet, frère Eric de Clermont-Tonnerre, OP

 

Question à nous poser : De quoi sommes-nous sauvés ?

Du péché ? Mais nous sommes toujours pécheurs.

Du Mal ? Mais nous sommes toujours affrontés à la souffrance, assaillis de tous côtés par le malin et capables nous-mêmes de mal.

De la mort ? Mais nous sommes toujours mortels.

Alors, de quoi sommes-nous sauvés ?

Peut-être de cette prétention orgueilleuse à nous sauver nous-mêmes, qui entraîne soit une grande culpabilité, soit un grand orgueil, une insistante capacité à nous auto justifiés.

C’est cet orgueil que Jésus reproche aux villes de Galilée auxquelles il s’en prend avec vigueur aujourd’hui dans l’Évangile.

Malheureuse es-tu, Corazine !

Malheureuse es-tu, Bethsaïde !

Et toi, Capharnaüm ! Seras-tu donc élevée jusqu’au ciel ? Non, tu descendras jusqu’au séjour des morts.

Aujourd’hui la première lecture nous raconte les débuts du grand prophète Moïse qui sera appelé à conduire le sauvetage de son peuple asservi en Égypte.

Moïse, son nom même l’indique, est un petit sauvé : sauvé des eaux, sauvé de la mort.

Sauvés par trois femmes : par sa mère qui  le place dans une corbeille de jonc et le cache sur les bords du Nil ; par sa sœur qui s’interpose pour que le bébé recueilli par la fille de Pharaon soit mis en nourrice chez sa propre mère et par la fille de Pharaon qui accueille l’enfant chez elle et le traite comme son propre fils.

Plus tard, Moïse échappera à la mort en s’enfuyant loin de Pharaon au pays de Madian.

Deux fois sauvé de la mort, Moïse, fragile, bègue violent sera l’instrument de Dieu pour le salut de son peuple.

Nous, nous savons par qui nous sommes sauvés, par Jésus, dont le prénom lui-même signifie : le Seigneur sauve. Et dans les Actes des Apôtres, Pierre proclamera haut et fort : C’est par le Nom de Jésus, le Nazaréen, lui que vous avez crucifié mais que Dieu a ressuscité d’entre les morts, c’est par lui que cet homme se trouve là, bien portant. Sous le ciel, aucun autre Nom n’est donné aux hommes qui puisse nous sauver (Act. 4, 10-12)

Mais Jésus, comme Moïse, avant d’être sauveur, le Sauveur pour Jésus est u petit sauvé.

Et sauvé par qui ? Par Joseph, sauvé de l’opprobre, puisqu’en acceptant de prendre Marie pour épouse, malgré cette grossesse inattendue, il empêche la réprobation publique de la mère et de l’enfant ; puis en prenant soin d’eux et en fuyant en Égypte, il protège l’enfant de la fureur d’Hérode et de la mort programmée à grande échelle.

Jésus, notre sauveur

a fait l’expérience dans sa chair

avec ses parents

d’être un sauvé, un survivant de la haine et de la violence des hommes.

Il sait que les hommes et les femmes en ce monde, parce qu’ils sont naturellement bons et seulement accidentellement mauvais, ont des instincts de sauveteurs pour ceux qu’ils aiment. Il sait ce qu’il doit à d’autres. Il sait qu’on ne se sauve pas soi-même, ni tout seul.

Il sait comment on sauve. En donnant sa vie pour ceux qu’on aime.

 

Mardi 13 juillet 2021

15ème semaine per annum

Frère Éric de CLERMONT-TONNERRE

Ex. 2, 1-15a ; Mt. 11, 20-24