homélie du 14 juillet, frère Eric de Clermont-Tonnerre, op

 

C’est un passage très important de l’Évangile que nous avons là.

Un moment d’exultation pour Jésus qui rend grâce et loue le Père.

Et pourquoi loue-t-il le Père ? Vous avez entendu : ce que tu as caché aux sages et aux savants, tu l’as révélé aux tout-petits.

Et qu’a-t-il caché aux sages et aux savants ? Qu’a –t-il révélé aux tout-petits ? Le lien entre le Père et le Fils, leur secret : personne ne connaît le Fils sinon le Père et personne  ne connait le Père sinon le Fils et celui à qui le Fils veut le révéler !

Nous oublions souvent que le don le plus précieux que Jésus nous ait fait, c’est ce Nom, le Nom du Père, son Père et notre Père. Nous oublions que c’est le don par excellence, même si nous en bénéficions chaque jour lorsque nous disons Père, notre Père. Nous oublions ce que dit saint Jean dans son  évangile : La vie éternelle, c’est qu’ils te connaissent, toi le seul vrai Dieu et son envoyé Jésus Christ.

Connaître et aimer le Père et le Fils. Nul ne connaît le Fils sinon le Père et nul ne connaît le Père sinon le Fils et celui à qui le Fils veut bien le révéler.

Cette relation du Père et du Fils est notre lieu source, c’est aussi notre demeure chaque jour, c’est aussi  notre point d’arrivée : ce vers quoi nous allons.

Mais il y a quelque chose de plus qui nous est dit dans cet évangile. Jésus dit au Père : Oui, Père, tu l’as voulu ainsi dans ta bienveillance

Le grec utilise ici le mot eudokia sur lequel il faut s’arrêter :

Eudokia signifie : volonté,

bonne volonté,

intention bienveillante.

Mais signifie aussi : plaisir,

satisfaction,

délice.

Or il est intéressant de noter que le mot utilisé lors du baptême de Jésus par Jean, lorsque la voix se fait entendre :

Celui-ci est mon Fils bien-aimé en qui j’ai mis tout mon plaisir (qui a toute ma faveur, toute ma bienveillance)

Et ce mot est souvent utilisé dans les lettres pauliniennes pour parler des desseins bienveillants de Dieu, de son  bon plaisir. Ainsi aux Ephésiens, 1,5 : il nous a prédestinés dans son amour à être ses enfants d’adoption, par Jésus Christ, selon le bon plaisir (eudokia) de sa volonté.

Ce mot nous indique que l’amour entre le Père et le Fils est de l’ordre d’une joie profonde, d’un plaisir partagé d’être ensemble, d’être un. Et le Père prend plaisir d’être avec nous.

Et c’est donc à cet amour joyeux, bienheureux, à ce plaisir d’aimer et d’être aimé que nous sommes appelés et invités. Les sages et les savants ont trop d’idées sur Dieu et la religion, sur l’homme et le monde pour comprendre cela. Et les religieux se prétendent souvent les maîtres de ce qu’ils ne connaissent pas. Les tout-petits qui n’ont rien ou presque rien s’ouvrent facilement à ce dont ils ont soif : la joie d’être considérés, d’être aimés, d’être attendus, la joie de comprendre qu’ils sont invités, attendus comme les enfants bien-aimés.

Cette bienveillance, ce bon plaisir, il nous faut en être témoin. Il nous faut essayer d’en vivre les prémices dans nos relations familiales, communautaires, sociales.

Louons le Père de nous avoir donné le Fils. Louons le Fils de nous avoir fait connaitre le Père. Louons l’Esprit de nous avoir faits enfants de Dieu et frères et sœurs les uns des autres.

Complément

Prov. 8, 27-31 :

Moi, la Sagesse…Lorsque Dieu disposa les cieux, j’étais là … j’étais à l’œuvre auprès de lui et je faisais toujours ses délices, jouant sans cesse en sa présence, jouant sur la terre qu’il a faite et je trouve mes délices parmi les fils de l’homme.

 

Mercredi 14 juillet 2021

15ème semaine per annum

Frère Éric de CLERMONT-TONNERRE

Ex.3, 1-4. 9-12 ; Mt. 11, 25-27