Homélie du 7e dimanche du temps Pascal ; frère François-Régis DELCOURT, OP

Faut-il penser qu’avec l’Ascension, l’aventure avec le Christ se termine ou ne fait que continuer ? En termes d’aller et venue à la vie terrestre, le Christ reste champion du monde. Il nous a déjà fait le coup de venir puis de partir pour finalement revenir et repartir. Ne dit-on pas jamais 2 sans 3 et ainsi re-revenir ? Par son incarnation, il est venu une première fois et il a demeuré avec nous. Nous avons pu l’approcher et goûter à la toute puissance de sa miséricorde qu’il nous a non seulement montrée mais aussi donnée. Ensuite, après avoir vécu sa passion, il s’en est allé en expirant son dernier souffle terrestre, élevé sur la Croix. Comme les disciples, l’angoisse nous a submergés en pensant que tout ce que nous avions vécu avec le Christ n’avait servi à rien. Nous avons pensé que tout était fini et que sa vie était un épiphénomène dans nos existences et dans la vie du monde. Et pourtant, au jour de Pâques, nous avons découvert ce tombeau ouvert et vide, entendu ses paroles : pourquoi cherchez vous le vivant parmi les morts. Alors, le Christ ressuscité est revenu à nous et nous est apparu. Nous avons vu et nous avons cru. Pendant quarante jours, à ses apôtres, il leur a fait l’honneur de se présenter à eux et s’est entretenu avec eux. Peut-être, ces derniers pensaient qu’il serait là pour toujours. Et là clairement, il repart. Tout semble penser que cette fois-ci, le dernier adieu advient. De fait, Jésus part de la terre, s’envole devant les yeux des apôtres et disparaît dans la nuée. Alors, il est venu, revenu, re-reviendra-t-il ou ne re-reviendra-t-il pas ? Pour répondre à cette question, il faudrait se demander où est-il passé et dans quel état ?

Ce qui est étrange, c’est l’attitude des apôtres au moment où Jésus est emporté. Ni l’anxiété, ni la tristesse n’alourdissent leur cœur. Bien au contraire, la sérénité et la joie ont gagné leur être car Jésus n’a cessé de les rassurer sur son état. La mort, il l’a vraiment vaincue et il est vraiment ressuscité. Il n’est que vie et vie éternelle. Rien ne peut, désormais, le séparer de Dieu. Il ne se passera pas une seconde de l’infini sans qu’il ne soit à ses cotés. Pour toujours, il demeure en union avec son Père et l’Esprit-Saint, tel est la gloire de Dieu. Et cette Ascension du Christ est, pour nous, une double promesse : oui, nous sommes invités, nous aussi, à participer à la vie éternelle. Et oui, parce qu’il a pris la place qui lui revenait auprès de Dieu, lui-même nous enverra son Esprit, l’Esprit-Saint au plus intime de nos cœurs. Ce n’est pas nous qui le disons mais le Christ, lui-même, qui l’a dit à ses apôtres pendant ces quarante jours où il ne parlait que de royaume de Dieu.

Mais que pouvait-il dire de ce sujet ?

Par sa résurrection, chacun a sa place, peut la prendre auprès de Dieu et se sustenter de l’amitié de Dieu. Et nous partagerons ces relations et ces liens qui unissent non seulement les trois personnes de la Trinité mais aussi tous ceux qui auront pris la place qui leur est réservée.

Dans son royaume, cette amitié divine n’aura plus besoin de miséricorde et d’espérance, plus besoin de révélation et de foi, seul l’amour triomphera, nous pourrons la contempler et nous en abreuver. Ainsi, nous serons éternellement dans la satisfaction de cette contemplation et de cette expérimentation à chaque instant de l’éternité.

Dans son royaume, le christ nous promet bien plus que du bien-être et du plaisir. Auprès de Dieu, nos besoins charnels, affectifs et spirituels seront totalement assouvis, nous serons délivrés de tout manque. Nous les assumerons car nos êtres seront totalement disposés à être rassasiés par l’amour seul de Dieu. Et ainsi, chacun dans son unicité et sa singularité, nous ferons l’expérience du bonheur car nous aurons atteint notre accomplissement en tant que fils et fille de Dieu.

Ainsi, Jésus a rassuré les disciples et les apôtres. Eux comme nous sommes invités à prendre place dans le royaume de Dieu. L’Ascension, c’est une triple assurance comme espérance que, nous aussi, nous sommes bénéficiaires de la résurrection du Christ, que nous sommes invités à en franchir les portes, que nous sommes attendus à prendre place au banquet céleste du pur amour. Mais alors, pourquoi ne nous a-t-il pas pris tout de suite avec lui ? à nous, il nous revient de continuer l’œuvre du Christ en goûtant au don de son Esprit, le Saint-Esprit : promesse qui se renouvellera à la Pentecôte. Profitons de cette neuvaine pour nous apprêter à l’accueillir et à en être vivifiés.

Dimanche 29 mai 2022

7ème du temps pascal

Frère François-Régis DELCOURT

Act. 7, 55-60 ; Apoc. 22, 12-14. 15-17.20 ; Jn. 17, 20-26