Homélie du 33e dimanche du TO, frère Andrè TAVARES, OP

Chères sœurs, chers frères,

À l’approche de la fin de l’année liturgique et du début de l’Avent, la liturgie nous invite à méditer sur la fin ou l’achèvement de toute la Création. Le langage est parfois dur à nos oreilles. Il s’agit d’un langage apocalyptique, c’est-à-dire, les textes nous parlent de la douleur et de la destruction, que viennent avec la fin des temps. Mais ils nous parlent aussi de l’espérance qui découle de la douleur. La mort et la souffrance n’ont pas le dernier mot.

Penser à la fin, comme penser à la mort est un exercice auquel nous n’avons pas l’habitude d’accorder assez de temps. Ces sujets nous dérangent. Mais nous pouvons affirmer que réfléchir à propos de la fin nous procure quelques fruits non négligeables.

Un premier fruit que la réflexion sur la fin nous apporte, c’est une nouvelle manière de vivre. Et cette nouvelle manière, que nous pouvons appeler aussi un « nouveau regard » sur la vie, nous fait vivre avec intensité et responsabilité le temps présent. Même si nous sommes sûrs que notre mort n’est pas la fin, mais la transformation de notre vie, lorsque nous nous rendons compte que cette vie est transitoire, chaque jour, chaque matin, chaque coucher du soleil, chaque amitié, chaque sourire gagne une nouvelle intensité. Et avec cette intensité, un sentiment de responsabilité se réveille en nous. Nous sommes dans ce monde et nous y existons parce qu’il a un sens. Nous avons une vocation et une mission personnelles. Et c’est l’Évangile qui nous donne la mesure pour évaluer, chaque jour, si nous nous conduisons dans cette vie avec responsabilité à l’égard de la mission que le Créateur nous a donnée. Et cette mission, nous le savons, possède plusieurs angles.

Si nous pensons que la fin de toute la création est son Créateur lui-même, duquel nous sommes sortis et auquel nous retournerons, nous trouvons un deuxième fruit de nos réflexions sur la fin : le sens du chemin et le courage qui vient avec. Quand nous sommes sûrs que la fin signifie notre rencontre avec le Dieu d’amour, toutes les croix de nos chemins prennent leur sens. Je me permets de vous offrir un exemple : imaginons un jeune nageur qui, aujourd’hui, souhaite gagner une médaille d’or aux Jeux Olympiques de Paris, en 2024. Dès aujourd’hui il doit se soumettre à une dure discipline, afin qu’en 2024 il soit, comme athlète, mûr comme le figuier de l’évangile. Désormais, ce jeune ne peut pas manger n’importe quoi. Il doit rester des heures, presque tous les jours, à la piscine. Il doit écouter les évaluations pas tout à fait gentilles de son entraineur. Il doit rester de longues périodes loin de sa copine, de ses frères et de ses parents. Et, si vous avez déjà fait du sport en niveau de compétition, vous savez que les douleurs sont toujours là. Peut-être que maintes fois ce jeune homme pense à l’abandon de ce projet. Mais, qu’est-ce qui le fait persévérer ? C’est la fin, autrement dit, le rêve de la médaille.

Nous aussi, quand nous sommes conscients de la fin de nos chemins, comme ce nageur, nous vivons de manière nouvelle. Manière intense, responsable et persévérante, même quand nos jours deviennent lourds et pleins de douleur. Comme le Christ nous l’a montré : après la Croix, la Résurrection. Son sacrifice définitif, qui nous sanctifie, nous fait marcher avec sûreté sur le chemin de son Évangile.

 

Dn. 12, 1-3 ; Hb. 10, 11-14.18 ; Mc. 13, 24-32