Homélie du 7e dimanche TO, Frère Pierre-Alain MALPHETTES, OP

Des enfants jouent sur la plage. On prend des galets et on fait des ricochets.

          Celui qui en fera le plus. Celui qui ira le plus loin possible.

 Le galet ricoche, ricoche et finit par tomber dans l’eau. Cet évangile n’est pas vraiment la tasse de thé pour notre monde en proie à une grande violence.

Quelle trajectoire !

Le mal, la violence, l’agressivité, en nous-mêmes.

          Le mal me frappe, je le renvoie, je le renvoie inlassablement. Tu me fais mal, je te fais mal. En pensée, en parole, par action.

Ce n’est pas toujours spectaculaire dans la vie quotidienne. Mais cela part toujours de notre cœur. Ce n’est pas toujours les autres.

          Un Seul ne l’a pas renvoyé lorsqu’il l’a frappé. Le mal n’a pas ricoché sur Son Cœur, tellement aimant qu’il en est mort.

Il est mort parce qu’il voulait aimer jusqu’au bout. C’est un choix qu’il a fait.

Sa réponse au mal a été de se laisser atteindre par lui pour éteindre sa puissance. En croyant triompher, les puissances du mal ont perdu

Seul Dieu pouvait faire cela. En répondant à l’absolu du mal par l’absolu de l’amour.

          Oh. Moi, je ne fais de mal à personne ou en tout cas, je n’en fais pas beaucoup.

Est-ce bien sûr, d’ailleurs ?

          La place qu’on me prend,

                     la queue de poisson qu’on me fait,

                              la parole qu’on me coupe.

D’ailleurs, peut-être, en effet, qu’on ne fait pas beaucoup de mal. Mais est-ce cela seulement qui nous est demandé ?

Faisons-nous le bien ? Probablement oui à ceux qui nous aiment.

Là encore, c’est beaucoup plus que cela qui nous est demandé.

Faisons-nous le bien à celui qui nous veut du mal ? à celui qui nous fait du mal ? à celui qui nous a amputé de quelque chose ?

          Au mal, Jésus n’a pas répondu par le mal.

Mais il a cassé l’enchaînement de la violence. Il a brisé la puissance de la violence. En sa personne !

Ce n’est pas une recette qu’il a concoctée.

          C’est en faisant face à ce mal,

                    sans défense, sans manteau ni tunique, nu sur la croix. Il s’offre désarmé.

Ne nous étonnons pas que cela paraisse difficile. Les disciples eux-mêmes, Pierre en tête, se sont scandalisés lorsque Jésus leur a annoncé Sa Passion.

          Ne croyons pas que pour Jésus, cela a été facile. Gethsémani nous le montre.

Alors Jésus, qui veut faire la volonté de Son Père,

                    qui aime les hommes reçoit d’un ange la force pour la faire et la confiance qu’il faut pour cela.

L’exemple de saint Maximilien Kolbe nous le prouve. Ce n’était pas un surhomme. Il est dans le bunker de la faim. Il est le dernier survivant.

Son bourreau s’approche de lui. Et, à l’instant de lui donner le coup fatal, il est saisi de stupeur. Maximilien le regarde : ni peur, ni haine, ni fuite. Et en un éclair de lumière et de vérité, il comprend tout : regard de bienveillance, de miséricorde, de pardon. Qui s’offre en victime consentante.

Pour lui, ce regard est insoutenable, c’est la puissance de l’amour face à la puissance du mal. Il détourne son propre regard et il tire. C’est lui-même qui en est transpercé dans son propre cœur.

Ce regard finira par le vaincre puisqu’il sera à sa béatification.

          L’évangile n’est pas un  corps de doctrine.

C’est une personne, la personne du Christ, qui nous appelle à le suivre partout où il nous entraîne.

Comme le dira un moine syrien du 10ème siècle :

L’homme miséricordieux est un autre Dieu sur la terre

1 S. 26, 2. 7-9. 12-13. 22.23 ; 1 Co. 15, 45-49 ; Lc. 6, 27-38

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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