homélie pour la Nativité de Marie, Notre Dame de Buglose, frère Jean Giang, OP

 

Au niveau de l’interprétation, le texte ne nous permet pas de connaître vraiment l’origine de Marie. Marie est connue dans cette rédaction explicite de l’évangéliste par cette phrase : « … de laquelle fut engendré Jésus, que l’on appelle Christ. » Le fait que Jésus est vrai homme et qu’il a une mère humaine est sans aucun doute. Mais le fait que Jésus a laissé à Marie sa mère une place dans l’ensemble de sa mission est toujours mal vu. La raison de ce « mal vu » est peut-être que les évangiles ne nous laissent pas assez de témoignages sur elle d’une part et, d’une autre part, Marie ne se montre pas elle-même. Elle garde toujours l’attitude de celle qui contemple ce qui se passe, dans la patience et la confiance. Dans les Actes des Apôtres, nous savons qu’elle était avec les Onze Apôtres au jour de la Pentecôte.

Le mystère plane sur cette Dame, depuis son mariage jusqu’au jour où elle peut voir l’héritage spirituel de son fils se former, c’est-à-dire au jour où les disciples de Jésus reçoivent la force de l’Esprit et annoncent ouvertement et sans aucune crainte, l’œuvre de Jésus, le dessein de Dieu. Ce mystère nous cache toujours la grande place de Marie dans l’œuvre de son fils. Cette grande place, nous pouvons la voir sous deux aspects.

Premier point, si nous croyons que Marie contemple sans cesse dans sa vie ce qui lui arrive dans la bienveillance Dieu, elle contemplera encore plus pour comprendre le destin de son Fils Jésus. Cela est sans aucun doute comme Luc nous a raconté l’événement de Jésus à 12 ans. Jésus retrouvé dans le temple, Luc écrit cette phrase : « Sa mère retenait toutes ces choses dans son cœur ». L’esprit contemplatif garde Marie de ne pas réagir trop tôt avant que la vérité ne se révèle. Or, cet esprit d’une mère qui ne cesse de pénétrer dans le mystère de Dieu ne peut pas ne pas imprégner son Fils. Jésus prie sans doute en voyant sa mère prier. Jésus apprend sans doute à grandir dans sa conscience filiale envers son Père à partir aussi de la vie contemplative de sa mère.

Souvenons-nous que ce n’est pas sans raison que l’évangile de Luc nous raconte cette mémoire. Alors, il disait : pendant que Jésus parle, il y a une femme qui élève la voix : « Heureux le ventre qui t’a porté et les seins que tu as tétés ! ». Mais Jésus lui dit : « Plutôt : Heureux ceux qui entendent la Parole de Dieu et la gardent ! » (Lc 11,27-28) Mais qui entend la Parole de Dieu et la garde ? Revenons au contexte où l’on avertit Jésus que sa mère et ses frères viennent le chercher. Jésus annonce : « Ma mère et mes frères sont ceux qui entendent la parole de Dieu et la font ! ». Deux références, ni plus ni moins, dans lesquelles, quand Jésus veut faire allusion à sa mère, il la considère comme celle qui entend la Parole de Dieu et qui la garde. Là, Jésus apprend de Marie sa profondeur spirituelle. De ce point, Marie est mère de tous ceux qui s’adonnent à l’écoute de la Parole de Dieu et qui cherchent à faire imprégner cette Parole dans leur vie concrète.

Deuxième point qui montre la grande place de Marie dans l’ensemble de la mission du Christ, c’est la présence consolatrice de Marie. Sans compter la présence de Marie auprès de son fils dans tous ses chemins de prédication, sa présence au pied de la croix de Jésus, dans les larmes sans doute et dans la souffrance non pas proférée en parole, montre sa fidélité jusqu’au bout avec le destin obscur de son fils. Elle est là, à côté de Jésus mourant. Sa force de la consolation vient même de cette souffrance. Jésus a été abandonné, mais jamais par sa mère.

D’autres témoignages qui manifestent cette consolation de Marie, c’est la présence de Marie au milieu des Apôtres après la mort de Jésus. Certes, ce temps n’est pas si long, si nous nous appuyons sur les Actes des Apôtres. Mais c’est le temps le plus important, surtout au moment de crainte, de détresse et d’angoisse. Marie est là avec eux. Elle leur apporte d’une certaine manière une grande consolation en tant que mère de leur maître, et d’autant plus, en tant que celle qui peut leur enseigner maintenant comment contempler la volonté de Dieu dans une situation contradictoire. Comme sa profondeur spirituelle a été appréciée par Jésus, cette profondeur deviendra pour les Apôtres une grande consolation, un renforcement dans l’épreuve.

Chers frères et sœurs, chaque fois que nous faisons pèlerinage pour rendre hommage à Marie sur le lieu où elle s’est manifestée, n’oublions pas de lui demander de nous enseigner à contempler le dessein de Dieu dans notre vie ; n’oublions pas de lui dire que nous avons besoin de sa consolation afin que nous puissions, comme elle, être contemplatif et serein même dans les tourbillons de notre vie. Cela sera le plus grand don qu’elle ne nous refusera jamais.

Mardi 8 septembre 2020

Nativité de la Vierge Marie – 400 ans Notre-Dame de Buglose

Frère Jean GIANG

Mt 1,1-16.18-23