homélie pour le 28e dimanche du TO, frère Jean-Michel POFFET, op

De l’or, du sable, une épée, un chameau et une aiguille : ça ressemble à un poème à la Prévert, à un inventaire de vide-grenier…Et je suis chargé d’en tirer une homélie ! A travers ces images, le Seigneur veut nous parler de l’efficacité de sa Parole, de son énergie et de sa capacité à transformer nos vies, à les transfigurer. Avantage des symboles : concret !

L’or et le sable !

La Sagesse qui n’est ni théorie, ni spéculation, ni déploiement d’idées. Un sage, ce n’est pas un professeur, non pas seulement quelqu’un qui sait, mais quelqu’un qui sait vivre. Quelqu’un d’habité, de structuré, d’unifié, qui a un rayonnement de personnalité.

A côté de la sagesse humaine, mais surtout divine, tout l’or du monde est du sable ! Il n’assure pas le sens d’une vie. Or : ce qui est le plus précieux – la valeur –refuge file entre les doigts comme le sable, alors que la sagesse rayonne, édifie, fructifie.

L’épée à double tranchant. Ce n‘est pas celle qui est décorative, qu’on accroche au mur. Elle est efficace : elle sert au combat ! Paul veut-il nous faire peur ? Non ! Maintenant, on pourrait parler d’un bistouri, pour une plaie à vider et retrouver un malade soulagé et en voie de guérison. La Parole prend chair, elle juge, elle corrige !

Et le chameau dans tout ça ? Ce jeune qui s’approche de Jésus : ce jeune homme est intéressé, il est très généreux, droit. Il voudrait faire un pas de plus. La Loi, il l’a pratiquée.

Jésus lui dit que le but ultime n’est pas d’être parfait mais il faut se dépouiller de sa perfection. En allant vers Dieu, nous n’emporterons que ce que nous avons donné. Il faut faire un pas vers la pauvreté. Jésus nous donne l’image du chameau qui veut passer par le trou d’une aiguille. Vous aurez beau agrandir l’aiguille et faire maigrir le chameau, ça va coincer. Notre dernière chemise n’aura pas de poche

Pour notre Église en crise. En état de choc, c’est un appel à la conversion personnelle et institutionnelle.

Il faut moins de paroles et une quête de sagesse à écouter les gens, les petits, les laïcs, les femmes.

Une Église qui s’applique à elle-même l’épée…Il faudra faire un diagnostic, une thérapie et un suivi !!!

Une Église plus pauvre, pas seulement d’argent mais d’affirmation de soi. Pauvreté rime ici avec humilité, une certaine chasteté de rapports avec les autres, pas un rapport de surplomb ni de domination mais fait de tact, de respect et d’écoute.

Alors, que la pierre précieuse de la sagesse, l’efficacité de l’épée à double tranchant et le chameau coincé dans son aiguille continuent de nous parler, de nous inspirer.

28ème du temps per annum – année B

Frère Jean-Michel POFFET

Sg. 7, 7-11 ; Hb. 4, 12-13 ; Mc. 10, 17-30