homélie du 5e dimanche de Pâques, frère Eric de Clermont-Tonnerre

 

Le récit des Actes des Apôtres décrit l’arrivée de Paul à Jérusalem après sa conversion, et ses débuts un peu difficiles dans la prédication ; un peu difficiles parce que les disciples avaient peur de lui : on n’arrivait à croire que lui aussi qui avait été persécuteur des chrétiens puisse  être devenu un disciple du Christ : certains cherchaient même à le supprimer au point que Paul dû s’éloigner à Césarée, puis à Tarse.

Pour le défendre, Barnabé leur expliquait l’assurance avec laquelle Paul avait prêché au nom de Jésus, sur le chemin.

Et les disciples constatèrent que, de fait, c’était avec une belle assurance que Paul s’exprimait en parlant aux Juifs de langue grecque.

Ce terme assurance est très important dans le Nouveau Testament. Il est très souvent utilisé pour caractériser la prédication de Jésus, notamment dans l’Evangile de Jean, lorsqu’il s’exprime dans le Temple, lors des controverses vives avec les Pharisiens, la prédication des Apôtres dans les Actes des Apôtres, celle de Paul en particulier.

En général, on ne repère pas bien l’importance de ce terme grec paresia, souvent traduit par assurance, mais aussi par d’autres termes, courage : liberté, franchise, confiance, hardiesse. On ne repère pas en lisant nos traductions françaises du Nouveau Testament que ce terme est fréquent et si important et qu’il caractérise le plus souvent la prédication, l’annonce de la Bonne Nouvelle.

Souvent, mais pas toujours.

Ainsi le trouve-t-on aussi aujourd’hui dans la 1ère Lettre de saint Jean que nous avons entendue en 2ème lecture.

Mes bien-aimés, si notre cœur ne nous accuse pas, nous avons de l’assurance devant Dieu ou nous nous tenons avec assurance devant Dieu.

Cette assurance devant Dieu (gardons ce mot) cette assurance dans le témoignage et l’annonce de la Bonne Nouvelle devrait être, doit être, la caractéristique de toute vie chrétienne.

Nous en avons bien  besoin en ces temps troublés où nous sommes.

De l’assurance devant Dieu,

devant les autres.

Comment est-ce possible ?

Les Apôtres et saint Paul prêchaient avec assurance d’autant plus, d’autant mieux qu’ils étaient dans une période de fécondité, de croissance et d’expansion de l’Eglise.

Les Actes de Apôtres l’expriment ainsi :

          L’Eglise était en paix,

                    elle se construisait et avançait,

                              elle se multipliait avec l’assistance de l’Esprit Saint.

Et nous qui sommes dans une situation qui nous semble presqu’inverse : le nombre des chrétiens s’amenuise, les communautés se fragilisent, les structures de l’Église sont ébranlées. Comment se présenter avec assurance ? Comment témoigner avec assurance ?

Et dans la Lettre de saint Jean, il est bien  précisé que nous pouvons nous tenir  avec assurance devant Dieu si notre cœur ne nous accuse pas. Or nous savons bien que nous portons en nous-mêmes et dans notre Église des culpabilités bien réelles ou des sentiments de culpabilité dans nos relations conjugales, familiales, communautaires, sociales.

C’est que cette assurance qui nous est demandée ne vient pas de nos capacités ni de la pureté de notre cœur.

Cette assurance vient de Dieu. La lettre de saint Jean le dit clairement :

Si notre cœur nous accuse, Dieu est plus grand que notre cœur et il connaît toutes choses.

Si Jésus lui-même parlait avec assurance, c’est qu’il était sans cesse référé au Père. Il se savait envoyé par lui (Je ne suis pas venu  de moi-même, disait-il) et agissait en communion avec lui (Je le connais, je garde sa Parole, je fais ce qui lui plaît)

L’assurance qui nous est demandée et qui nous est promise, nous ne pouvons l’accueillir et la faire croître en nous que si nous sommes greffés sur la vigne qu’est le Christ, si nous ne comptons pas d’abord sur nos propres forces mais sur celles du Christ.

Moi, je suis la Vigne et vous êtes les sarments. Celui qui demeure en moi et en qui je demeure, celui-là donne beaucoup de fruits, car en dehors de moi, vous ne pouvez rien  faire.

– Jésus est la Vigne, plus, il est (dit-il) la vraie Vigne.

– il ne suffit pas de le croire, nous sommes invités à faire passer cette conviction dans notre existence ; l’Évangile d’aujourd’hui se termine par ces mots : ce qui fait la gloire de mon Père, c’est que vous portiez beaucoup de fruit et que vous soyez pour moi des disciples.

Porter du fruit en abondance, oui, mais dans la docilité à la parole de Jésus, comme Lui, car il est le Maître, comme des disciples apprenant tout de Lui.

L’assurance qui nous est promise et demandée vient de ce décentrement de nous-mêmes qui nous permet de nous attacher au Christ et aux autres (sarment parmi les sarments).

Elle nécessite une persévérance

* pour maintenir la communion avec Lui et entre nous

* pour mettre en œuvre un amour, comme Lui nous a aimés et comme le Père                                                                                                                     aime.

Elle nécessite que nous laissions émonder, purifier, transformer par le vigneron.

N’oublions pas ce mot assurance : il se conjugue en vie chrétienne avec espérance, mais aussi avec confiance et charité.

Dimanche 2 mai 2021

5ème du temps de Pâques

Frère Éric de CLERMONT-TONNERRE

Act. 9, 26-31 ; 1 Jn. 3, 18-24 ; Jn. 15, 1-8