Homélie du 15 juillet, frère Eric de Clermont-Tonnerre, OP

 

Après avoir évoqué hier le bonheur et le plaisir que Dieu veut faire partager à ses enfants, son propre bonheur trinitaire, Jésus indique par des expressions tendres, la compassion et la peine qui habitent notre Dieu devant le fardeau que représentent pour beaucoup l’existence qui leur est donnée de vivre.

Venez à moi, vous tous qui peinez sous le poids du fardeau et je vous donnerai le repos. Prenez sur vous mon joug. Mon joug est facile à porter et mon fardeau léger.

Il y a d’abord ce poids qui pèse et qui fait qu’on peine ; un fardeau à porter est souvent une double peine : il y a le poids objectif, la peine objective ; et il y a ce qu’on appelle souvent aujourd’hui le ressenti, le poids moral, la peine morale.

L’invitation d’aller au Christ est étonnante car elle est assortie de cette proposition : Prenez sur vous mon joug. Un fardeau de plus.

Mais Jésus précise : Mon joug est facile à porter et mon fardeau léger ! De plus…

Un joug est un fardeau que l’on porte à deux et c’est déjà un soulagement, un allègement que de n’être plus seul, mais à deux pour cela.

Un joug a un but dans l’ordre du travail ou du transport ; et c’est un soulagement, un allègement de savoir que ce qui pèse, ce qui meurtrit peut avoir du sens et être utile.

Et le fait de prendre le joug du Seigneur nous décentre de nous-mêmes. L’appel à aller à lui nous sort de nos préoccupations narcissiques et nous ouvre à cette nouvelle occupation, « pré-occupation » : le Royaume de Dieu et ses frères, les petits, les pécheurs, ceux qui peinent sous le poids du fardeau. De plus, ce joug est pensé et décrit comme une école : Mettez-vous à mon école, devenez mes disciples.  Entrez en apprentissage, l’apprentissage de la douceur qui ne s’oppose pas à la force, à l’humilité qui ne s’oppose pas à la détermination.

Mais ce qui est le plus touchant, c’est que celui qui est venu nous proposer de prendre son joug est venu lui-même porter avec nous notre joug.

De même, le Dieu d’Abraham, d’Isaac et de Jacob avait vu, entendu et compris la peine des Hébreux sous le joug des Égyptiens et était descendu pour les en délivrer, de même le Fils de Dieu s’est fait homme pour prendre sur lui le joug qui asservit l’humanité et nous conduire de la mort à la vie.

Jeudi 15 juillet 2021

15ème semaine per annum

Frère Éric de CLERMONT-TONNERRE

Ex. 3, 13-20 ; Mt. 11, 28—30