homélie du 24e dimanche du TO, frère Joseph HUY, OP

Peut-être certains diront que les paraboles rapportées dans l’évangile d’aujourd’hui semblent quelque peu exagérées. Y aurait-il un berger qui abandonne quatre-vingt-dix-neuf brebis dans le désert pour aller chercher celle qui est perdue (la perdue ?)? Est-ce que quelqu’un prendrait la peine de chercher une pièce d’argent alors qu’il en a encore neuf? Ou y aurait-il un père qui est prêt à attendre, à pardonner à son fils qui lui a demandé sa part d’héritage et a abandonné son père?

En effet, d’un point de vue humain, une telle chose n’existerait pas. Mais pour Dieu, il n’y a rien d’exagération. Ces histoires montrent ce qu’est l’amour, la miséricorde de Dieu.

Dieu a créé l’homme par amour. Mais, l’homme a rejeté cet amour en mangeant le fruit défendu. Dieu n’a pas abandonné l’homme à l’engrenage du péché et de la mort. Si Dieu punit l’homme, cela est juste. Mais Dieu ne se comporte pas comme ça. L’amour véritable de Dieu ne peut se contenter d’être limité : lorsque cet amour est rejeté, il ne veut plus de l’homme. Si Dieu agissait comme ça, presque personne ne serait sauvé et Jésus n’aurait pas été envoyé sur terre.

Dieu ne calcule pas les dons qu’il a donnés. Dieu ne donne pas à l’homme un simple échantillon de ce qu’il lui a donné: sa grâce coule sans fin, l’amour ne s’épuise jamais. Si nous mentionnons les dons de Dieu, il s’agit seulement de nous rappeler de vivre dignes des dons reçus et de continuer à en recevoir d’autres.

Même lorsque l’homme vagabonde, Dieu le suit. Il n’y a pas d’endroit où les humains sont seuls. L’homme ne peut jamais dire à Dieu de le laisser seul. Un patient chasseur, attendant chaque nouvelle proie, un pêcheur attend patiemment dans le silence. Dieu est comme ça.

En effet, c’est l’amour qui pousse Dieu à chercher l’homme. Dieu a créé l’homme, non en tant qu’une créature quelconque, mais pour lui permettre de participer à sa vie et de vivre dans son amour. Si Dieu ne voyait l’homme que comme une chose, quand celui-ci est perdu, il pourrait le regretter, et puis il peut s’intéresser d’autres choses qu’à l’homme. Ici, les paraboles montrent l’immensité de l’amour: Dieu se soucie de tout et, n’abandonnant personne, peu importe quel que soit l’homme. À cause de son amour, Dieu ne se sent jamais fatigué ni déprimé tant qu’il trouve des pécheurs, pourvu que ceux-ci ressentent son amour.

C’est pour cela que, dans son amour, personne n’est un laissé-pour-compte. Tout le monde est pris en charge par Dieu, chaque personne est dans le cœur de Dieu, personne n’est rejeté ou abandonné, personne ne reçoit que peu d’amour.

Jésus termine les trois paraboles par des mots qui expriment la joie. Le berger trouve la brebis perdue, la prend sur ses épaules et invite ses amis et ses voisins à venir partager sa joie; Il en va de même pour la femme qui a trouvé la pièce d’argent perdue. Et le père qui a retrouvé son fils prodigue organise un banquet somptueux pour célébrer sa joie.

La joie de Dieu est immense lorsque les pécheurs savent s’éloigner du mal et se retourner pour vivre dans l’amour de Dieu. On peut dire que Dieu n’a pas d’autre joie que de vivre intimement avec l’homme. Quel que soit l’homme, Dieu l’attend, Dieu est toujours accueillant. C’est vraiment un réconfort et un rappel pour nous tous. C’est un mot réconfortant, car nous savons que Dieu nous aime toujours et s’attend à ce que nous revenions à lui. Dieu nous cherche tout le temps, bien que nous l’évitions parfois volontairement. Dieu nous fait toujours du bien, malgré notre refus. C’est un rappel à chacun et chacune d’entre nous : comme le péché déplaît à Dieu, Dieu aura le cœur serré davantage lorsque nous refusons son amour. Il n’a qu’un seul désir : que nous revenions à lui pour vivre dans son amour.

De plus, c’est aussi une invitation à partager la joie avec Dieu car le pécheur s’est converti. Tous ceux qui refusent de partager la joie avec Dieu sont ceux qui doivent se convertir. Ceux qui refusent de partager la joie avec Dieu sont ceux qui ne reconnaissent pas l’amour véritable et rejettent donc l’amour de Dieu.

 

Dimanche 15 septembre 2019

24ème du temps per annum

Frère Joseph Huy

Ex. 32, 7-11. 13-14 ; Tm. 1, 12-17 ; Lc. 15, 1-32