Je reste à la maison, Seigneur !

« JE RESTE À LA MAISON, SEIGNEUR ! »

Je reste à la maison, Seigneur, et aujourd’hui, je t’en rends compte.
Trente ans à la maison de Nazareth, tu as appris l’écoute et la docilité,
Avant de prendre la route de Jérusalem d’où explosera la vérité.

Je reste à la maison, Seigneur, comme toi dans l’atelier de Joseph.
De la règle impérieuse et du tranchant de l’outil, je fais connaissance,
J’apprends à travailler, à obéir, à dégauchir les aspérités de l’existence.

Je reste à la maison, Seigneur, je le fais de manière responsable pour mon propre bien,
Pour la santé de ma ville, de mes proches éloignés de moi pour l’heure.
Avec lenteur et timidité, j’entre dans mon jardin intérieur.

Je reste à la maison, Seigneur, et dans le même silence qu’à Nazareth,
Je retiens mon souffle à l’unisson de la planète.
Je sais que tu m’attends dans la prière, la lecture, la méditation.

Je reste à la maison, Seigneur ! Au matin, je cherche un signe de confiance,
Tâchant de commencer le jour dans l’émerveillement,
Et de le poursuivre dans la persévérance.

Je reste à la maison, Seigneur, et à midi, j’accueillerai la salutation de l’ange.
Moi aussi, je saluerai Marie qui a répondu au don de ton amour.
Selon ta parole, je revêtirai moi aussi le tablier qui dérange.

Je reste à la maison, Seigneur, et si le soir me prend la mélancolie,
Je t’inviterai comme les disciples d’Emmaüs à rester avec nous,
Tandis qu’il se fait tard et que le soleil faiblit.

Je reste à la maison, Seigneur, je sais que tu iras auprès de ton ami Lazare, malade,
Dans la maison de Béthanie, chez Marthe qui s’inquiète du service,
Et chez Marie qui se tient à ton écoute admiratrice.

Je reste à la maison, Seigneur, habité par la pensée des malades et soignants à l’hospice,
J’entends la tempête qui fait rage sur l’océan du monde,
Réveille-toi Seigneur, s’il est vrai que la mer et le vent t’obéissent.

Je reste à la maison, Seigneur, appuyé sur ta promesse d’être avec nous tous les jours.
En ces jours de retrait et d’impuissance, reliés par la grâce des réseaux,
Je prépare le parfum et les aromates pour le jour où tu rouleras la pierre du tombeau.

Amen !

Arnaud FAVART
Prêtre de la Mission de France

Prière inspirée de celle d’un prêtre italien en quarantaine, dont le frère prêtre est mort du covid-19