homélie pour ste Brigitte de Suède, patronne de l’Europe, frère Augustin LAFAY, OP

« Sans moi vous ne pouvez rien faire. » Si on prend cette phrase de Jésus au sérieux, cela va loin. « Vous ne pouvez rien faire » cela veut dire :

* Vous ne pouvez pas réussir vos études si vous êtes étudiants ;

* vous ne pouvez pas vous marier si vous êtes célibataires et que le célibat vous pèse ;

* vous ne pouvez pas mener la vie religieuse si vous en avez seulement le désir ;

* vous ne pouvez pas trouver de travail si vous êtes au chômage …

Bref, sans Jésus – si on l’écoute – on est condamné à l’inaction la plus grande, à une vie de plante en pot qui attend sa transplantation annuelle, ou de chien en laisse qui attend qu’on lui passe sa muselière pour pouvoir aller se promener.

Les parents, les éducateurs modernes, considèrent que leur tâche est d’apprendre puis de donner de l’autonomie aux enfants ; Jésus, notre maître, semble serrer la vis à ceux qui s’approchent de Lui.

Alors, faut-il relativiser cette phrase de l’Évangile pour la rendre plus facilement recevable par nos contemporains ? Certainement pas ! Mais il est nécessaire de réentendre le verset qui précède immédiatement celui que nous venons d’entendre : « Moi, je suis la vigne, et vous les sarments ». Jésus ne dit pas : « je suis le cep et vous êtes les grappes de raisins » ou encore  « Je suis le terrain et vous êtes ce qui pousse sur ce terrain. ». Loin de mettre une séparation entre Lui et nous, il nous inclut dans ce qu’il est : « Je suis la vigne », cela veut dire : « Je suis le cep, mais je suis aussi les sarments, et je suis encore le fruit ». Ce que Jésus, le Fils de Dieu nous enseigne, c’est que nous sommes des enfants de Dieu en vérité, c’est à dire que nous sommes en Dieu. Ou plus exactement, notre vocation est de devenir enfants de Dieu en vérité. Oui, notre vocation consiste à entrer avec notre Père du ciel dans des liens de proximité et d’affection aussi étroits que ceux qu’entretient un fœtus avec sa mère. Tout ce que fait une femme enceinte, son enfant le fait avec elle. Et sans elle, il ne peut rien faire. Il en est de m^me pour celui qui est vraiment chrétien : ce n’est plus lui qui vit, mais c’est le Christ qui vit en lui. Et cette vie ne supprime pas la sienne ; elle ne la diminue pas mais au contraire elle révèle toute sa beauté, toute son originalité. Chaque saint, c’est à dire chaque chrétien accompli, est une invention inédite de l’Esprit-Saint, un enfant de Dieu absolument unique et original et aimé par la Trinité pour lui-même.

N’ayons pas peur des exigences du Seigneur Ressuscité : sans Lui, hors de Lui, nous ne pouvons rien faire !

 

Jean 15, 1-8