homélie du Jeudi Saint, frère François-Régis DELCOURT, OP

Lors du dernier repas, Jésus donne aux douze apôtres son testament spirituel. En peu de mots, il se résume ainsi, Jésus, ayant aimé les siens qui étaient dans le monde, les aima jusqu’au bout. Le lavement des pieds unie l’acte à la parole qui se poursuit dans la passion du Christ jusqu’à sa mort. Tel est ce qui est vécu à chaque fois que l’eucharistie est servie.

Jésus partage le pain, réalité de son corps livré. Il offre le vin, réalité de la coupe du sang versé. Le consentement du don de lui-même est célébré. Lors de ce repas de fête, le drame se dessine. Judas quitte la salle et le livre pour un sac de pièces. Pierre assure sa fidélité à Jésus. Ce dernier n’est pas dupe. Il prédit le reniement par trois fois du futur vicaire du Christ. Dans le jardin des Oliviers, sa prière se transforme en un intense combat intérieur. Librement et consciemment, sa volonté s’unit à celle de son Père.

Les soldats n’ont pas besoin d’aller à lui. Sans protester, il se laisse mener auprès des scribes et des pharisiens. Pilate est embarrassé d’avoir entre ses mains la vie de l’homme. Aucun motif de condamnation valable ne lui est reproché. Pour calmer la foule en délire, Pilate le jette aux mains des bourreaux. Les coups de fouet s’abattent sur son corps. Une couronne d’épines est déposée sur sa tête. Pilate revoit l’homme humilié. La foule hurle : Crucifie-le ! Crucifie-le ! Pilate apeuré succombe.

La croix est déposée sur ses épaules. La longue montée de la colline de la mort commence. Par trois fois, ses genoux s’affaissent. Sa ferme intention d’aller jusqu’au bout lui donne la force de se relever. Le linge délicatement déposé par Véronique lui décrasse légèrement sa figure ensanglantée. Son désir d’atteindre le sommet du Golgotha le rend capable d’arriver au lieu de l’ultime supplice. La fin de l’épreuve consentie se fait sentir. Cette lueur d’espoir lui donne l’énergie nécessaire pour en finir.

Les soldats lui arrachent sa tunique. Ses bras sont étendus sur le bois de la croix. Ses yeux baissés aperçoivent les visages déboussolés d’incompréhension de Marie-Madeleine, de Jean et de sa mère. Un sursaut de lucidité lui permet de s’adresser à sa mère et à Jean : Voici ton fils, voici ta mère. La supplication à son Père sort de ses entrailles : je ne t’abandonne pas. La promesse au larron de franchir les portes de la vie éternelle surgit.

Son dernier souffle est expiré. Malgré les souffrances physiques, affectives, psychologiques et spirituelles endurées, sa mission s’achève. Il est resté uni à son Père dans l’Esprit-Saint. Tel est l’amour du Christ pour les siens, il les aima jusqu’au bout.

 

Messe du Jeudi Saint

1er Avril 2021

Frère François-Régis DELCOURT