Mardi de Pâques, homélie du frère François-Régis DELCOURT, op

Un détail d’une grande importance nous échappe. Avec Marie-Madeleine, retournons dans le tombeau. En nous penchant vers lui, nous entrons au plus intime de nous-mêmes. Nous faisons l’expérience d’une certaine tristesse encore présente en nous. Elle est due à un sursaut d’anxiété. Il n’est pas si facile de prendre véritablement conscience de la résurrection.

Deux anges apparaissent de nouveau. Leur pourquoi pleures-tu ? est délicat. Il résonne en nous comme une parole de consolation. Nous pleurons car le Seigneur a été enlevé et nous ne savons pas où on l’a déposé. Et nous le cherchons. Comprenez qu’il est important pour nous de savoir où il est. Il est tout pour nous. Il est le seul à avoir nourri notre âme. Il est le seul qui nous a véritablement aimés. Le Christ est devenu le centre de tous nos vouloirs. Nous ne cherchons que lui car sans lui, qui sommes-nous ? Nous ne partirons pas tant que nous ne l’aurons pas trouvé.

Et là, nous nous retournons. Nous voyons au loin dans le jardin, un homme. Il approche. Il s’adresse à nous : pourquoi pleures-tu ? Qui cherches-tu ? Mais enfin, pourquoi tous ceux qui nous voient nous posent la même question ? Regarde nos yeux, ils ne cessent de verser des larmes. Nous cherchons le corps de l’homme qui a été déposé dans ce tombeau et qui n’y est plus. Serait-ce toi qui l’as emporté ? où l’as-tu mis ? Sache que nous sommes capables et prêts à tout pour le prendre. Tu n’as pas idée de l’amitié qui nous unit à lui. Il est comme notre frère. Nous sommes inséparables. Il est vital pour nous de le retrouver.

Et là, l’homme qui se trouve à la porte du tombeau prononce un mot, un nom, notre prénom. Cette parole suffit à nous ouvrir les yeux. Nous étions venus ici pour voir. Tout s’éclaire. Nos propres tombeaux s’illuminent. Et nous croyons. Nous le cherchions. Il est venu nous chercher. Il savait que nous étions là. Il est venu nous trouver. En prononçant notre prénom, le ressuscité se révèle. Il n’est pas anodin ce détail. Nous reconnaissons le vivant quand ce dernier nous regarde dans les yeux et pose sur notre visage notre prénom.

Ce n’est pas tout. Non seulement, il est vivant, il vient à notre rencontre, il nous salue par notre prénom. Mais en plus, il nous invite à prendre part à sa vie. Ne me retiens pas, car je ne suis pas encore monté vers le Père. Va trouver mes frères pour leur dire que je monte vers mon Père et votre Père, vers mon Dieu et votre Dieu. Cette vie que j’ai acquise grâce à mon Père, je l’ai acquise aussi pour vous car mon Père est aussi votre Père. Cette vie que je partage avec mon Dieu, je la partage aussi avec vous car il est aussi votre Dieu.