ste Catherine de Sienne, homélie du frère Eric de Clermont-Tonnerre, OP

 

 

Je trouve ma joie dans les souffrances que j’endure pour vous et ce qui manque aux détresses du Christ, je l’achève dans ma chair en faveur de son Corps qui est l’Eglise.

Le passage magnifique mais assez étonnant de l’épitre aux Colossiens exprime bien ce qui est le combat de l’Apôtre Paul. Catherine en avait la fougue, le zèle de l’Apôtre Paul qu’elle appelait le doux crieur de Dieu : Crieur (celui qui crie Dieu)

Ce combat : annoncer, crier la Parole de Dieu pour que se constitue le Corps du Christ et pour cela, accepter, assumer les épreuves, les souffrances dans son propre corps. Paul explique lui-même la peine qu’il assume et dans quel but. C’est le Christ au milieu de vous que nous annonçons, avertissant chacun, instruisant chacun en toute sagesse, afin de rendre chacun parfait en Christ.

La fête de Catherine de Sienne nous rappelle avec insistance ce pour quoi nous sommes faits, nous baptisés : accomplir là où nous sommes et jusqu’au bout de la terre l’annonce de la Parole de Dieu pour conduire au Christ et construire son corps, l’Eglise.

Elle n’était pas un homme, pas un prêtre, pas une religieuse, elle était une laïque, habitant chez elle et non pas en communauté, certes consacrée au Seigneur dans un célibat choisi, voulu, mais surtout consacrée toute entière à la tâche de la prédication en famille dominicaine et en Eglise.

Or ce qui caractérise la personnalité de Catherine de Sienne et son engagement dans la prédication, c’est la force et la douceur.

La force, le courage pourrait-on dire aussi- mais je préfère la force. La force qui a sa source dans la force même du Christ, de sa parole. La force, pour le chrétien trouve sa source dans le sang du Christ répandu avec un si grand amour que l’apôtre fortifié par ce sang ne peut reculer devant les obstacles et les difficultés. Elle fut porte et courageuse cette petite femme ; virile comme on disait à l’époque et comme elle aimait à le dire. Elle est à l’aise avec les hommes. D’ailleurs elle avait rêvé de devenir frère prêcheur. Elle sait parler aux soldats, elle fait la leçon aux dominicains. Elle fait la guerre aux lâchetés qui envahissent bien  souvent aussi bien le quotidien que les moments où l’on doit faire des choses, prendre des décisions. Elle combat les peurs, causes de toutes les défaites ou les compromissions avec le mal. Elle redoute ceux qui se taisent devant l’injustice.

Cette exigence de Catherine de Sienne, son expérience mystique peuvent nous donner l’impression qu’elle est loin, trop haut, trop radicale, trop exigeante.

Pourtant tous ceux qui l’ont connue et rencontrée l’ont au contraire sentie toute proche, douce, tendre, affectueuse, très femme et maternelle : la tendresse, la proximité, l’affection d’une mère. Et ils l’appelaient mamma tous ces jeunes gens et jeunes filles qui furent séduits par son accueil, pour son écoute, pour sa présence à la fois ferme et discrète. Ils l’appelaient mamma parce qu’ils avaient été enfantés par elle à la vie en Christ. Comme dit saint Paul : ce Christ nous vous l’annonçons, nous avertissons chacun, nous instruisons chacun avec sagesse, afin de conduire chacun à sa perfection dans le Christ. C’est pourquoi je m’épuise à combattre avec toute la force du Christ dont la puissance agit en moi. C’est du saint Paul, c’est Catherine de Sienne.

Voulons-nous que, dans l’Eglise, il y ait plus de courage et de force dans l’annonce de la Parole ? Confions cette intention à Catherine de Sienne.

 

Voulez-vous que des jeunes s’ouvrent à la vie évangélique et découvrent Jésus le Christ comme le centre et le bonheur de leur vie ? Confions cette intention à Catherine de Sienne.

Voulez-vous que notre conception de la vie chrétienne et que nos relations ecclésiales ne soient pas seulement émotives – ou à l’inverse intellectuelles- mais qu’elles soient concrètes, charnelles, traversant l’épaisseur des situations humaines, corporelles, mortelles ? Confions cette intention à Catherine de Sienne.

Et confions-nous les uns les autres à sa sollicitude maternelle.

 

Jeudi 29 avril 2021

Sainte Catherine de Sienne

Frère Éric de CLERMONT-TONNERRE

Col. 1, 24-29 ; Jn. 7, 14-18. 37-40