homélie du 11 juillet, 15e dimanche du TO, frère Eric de Clermont-Tonnerre, OP

 

 

Introduction

Aujourd’hui, en ce dimanche nous est fait un petit cadeau, le psaume 84 où se trouvent ces deux versets : Amour et vérité se rencontrent,

                    Justice et paix s’embrassent.

Ces quatre mots sont précieux. Ils forment un carré, amour, vérité, justice, paix ; je l’appelle le carré magique avec ses deux pôles positifs : l’amour et la paix, ce dont nous désirons bénéficier et faire bénéficier notre entourage et les deux pôles critiques : la vérité et la justice, ce pour quoi il faut combattre pour porter des fruits d’amour et de paix.

Parce que nous ne sommes pas suffisamment attentifs à ce combat, implorons pour nous-mêmes, pour nos communautés familiales et ecclésiales la miséricorde du Seigneur.

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Homélie

C’étaient des disciples. Les disciples du Seigneur étaient nombreux. Le maitre les avaient appelés pour être à son école. C’était comme cela chez les juifs pieux et lettrés, on choisissait un maître, qui lui-même avait été à l’école d’un maître, comme Saul, le futur apôtre saint Paul dont on sait qu’il avait eu le pharisien Gamaliel comme maître.

Avec Jésus, tout est différent. Jésus, on ne lui connaît pas maître. Il ne se réfère à aucun maitre le précédant. Son maitre était le Père. Et puis ses disciples ne l’ont pas choisi, c’est lui qui les a choisis. Et puis encore, il ne les a pas choisis et appelés parmi les gens pieux et lettrés. Bien au contraire, ce sont des gens sans instruction. Au chapitre 4 es Actes des Apôtres, les juifs importants de Jérusalem disent qu’ils étaient « agrammatoï et idiotaï »      (c’est-à-dire sans grammaire, sans instruction et stupides). Peut-être même ont-ils voulu paraitre plus stupides qu’ils n’étaient… C’était donc des disciples.

Il en choisit douze pour être avec lui et les envoyer prêcher (Mc 3). On les appellera les Douze. Pour quoi 12 ? Ils représentent les 12 tribus d’Israël. Mais à l’époque de Jésus, neuf d’entre elles n’existent plus. Les Douze représentent le Peuple eschatologique comme on dit, le peuple que Dieu, à l’avenir, veut se rassembler de toutes les nations et c’est pour ce rassemblement de toutes les nations que, après la Résurrection, Jésus enverra les 12, devenus 11 après la disparition de Judas.

Allez dans le monde entier. Proclamez l’évangile à toute la Création (Mc, 16, 15) Ils sont envoyés et ce terme grec, envoyé, a donné le mot Apôtre !

Pour l’heure, ils sont donc envoyés en mission, sans d’ailleurs que la mission soit clairement précisée : ni son but, ni son contenu, si ce n’est ce qui est précisé plus loin : ils proclamaient qu’il fallait se convertir et ce qui est sous entendu : le règne de Dieu est tout proche, la prédication même de Jésus.

Il ne s’agit pas de prêcher un contenu élaboré de la foi en Dieu et en Jésus Christ.. Les Douze en aurait été bien incapables. Mais d’annoncer un évènement et d’appeler  à un changement de regard et de comportement : la conversion est un changement de posture, de positionnement ; on se place, on se pose différemment, on regarde autrement, on se comporte de manière nouvelle conformément à cette nouvelle posture, à ce nouveau regard. Nous sommes invités, nous aussi, à nous convertir jour après jour, à sans cesse ajuster notre posture, notre regard, nos attitudes pour que notre existence soit plus féconde et bienfaisante.

Mais le chrétien n’est pas seulement bénéficiaire de la grâce de Dieu, invité à s’y ajuster pour une vie meilleure. Il est envoyé, il est apôtre avec les autres, pour témoigner de cet évènement, de cette conversion nécessaire et bienfaisante.

Pour accompagner cette mission, Jésus fait trois cadeaux et donne trois conseils.

Trois cadeaux.

Le premier cadeau est la confiance qu’il nous fait : il partage tout avec ses Apôtres et avec nous, tous ses trésors, tout ce qui le fait vivre, en particulier sa relation avec le Père ; il nous rend coresponsables avec lui de cette mission ; une vraie confiance.

Le deuxième cadeau, c’est son pouvoir sur le mal ;  nous oublions qu’il a donné à son Eglise, à ses Apôtres son pouvoir de combattre le mal et le malin en ce monde ; nous sommes plus forts que nous le pensons.

Le troisième cadeau, c’est le compagnon ou la compagne de mission : il envoie ses Apôtres deux par deux ; le compagnon est un autre témoin, témoin de la même réalité, l’évangile, le Christ, sa mort et sa résurrection, mais autrement parce que différent, les frères, les sœurs, apôtres eux aussi, elles aussi, mais autrement ! Soutien, sécurité, témoins que c’est bien par le Christ que nous sommes envoyés

Trois cadeaux, trois conseils.

Léger, léger, c’est-à-dire sans encombrants, des bagages trop lourds pour se sécuriser d’avoir bien tout à portée de la main, des bagages trop lourds qui font peur à ceux qui nous accueillent : il va nous encombrer de tout cela.

Léger, léger, le message est simple, il tient en peu de mots ; pas besoin d’une bibliothèque.

Perdre son temps si besoin : Si vous avez trouvé l’hospitalité dans une maison, restez-y : pas de performance, vouloir passer partout ; il ne s’agit pas de faire du chiffre ; l’apôtre n’est pas un  voyageur de commerce ; il rend visite, il vient demeurer, converser, recevoir et donner, réconforter, éveiller, lier amitié.

Assumer l’échec : si on refuse de vous accueillir et de vous écouter, n’insistez pas, allez ailleurs. Frères et sœurs, cet évangile nous concerne. Nous sommes envoyés en mission. Comme Apôtres au temps de Jésus, nous devons apprendre à exerce cette mission.

C’est une mission de proximité : dans les villages, maisons, là où les gens habitent, vivent.  De relation et d’amitié.

C’est la mission confiée par le Seigneur !

Dimanche 11 juillet 2021

15ème du temps per annum – Année B

Frère Éric de CLERMONT-TONNERRE

Am. 7, 12-15 ; Eph. 1, 3-14 ; Mc. 6, 7-13