homélie du 12 juillet, frère Eric de Clermont-Tonnerre, OP

 

Nous voici à la fin du long discours que Jésus adresse, dans l’évangile selon saint Matthieu aux Apôtres qu’il envoie en mission. Et c’est pour le moins surprenant, cette déclaration : Ne pensez pas que je sois venu apporter la paix, mais le glaive.

C’est l’expérience douloureuse que lui-même fit : très tôt sa prédication et ses actes provoquent des oppositions, génèrent des controverses, suscitent des conflits sérieux, violents. Déjà, au seuil de sa vie publique, on complote pour le faire mourir.

Jésus semble ne tolérer aucun lien, aucune relation, aucun amour qui fasse concurrence à ce que le disciple lui doit, à lui.

Ce qu’il met en valeur dans ce passage, et le fait pour ses disciples et apôtres, c’est l’importance du choix dans une existence. Il ne s’agit pas de choisir entre deux amours, entre deux liens, simplement pour les opposer, pour les mettre en concurrence.

Jésus n’oppose pas deux amours, il affirme que le suivre, lui, conduit à des conflits dans lesquels il est important de rester libres. S’il y a un jour à choisir, il faudrait choisir le Christ et l’Evangile. Et s’il faut un jour choisir, il faut chaque jour et aujourd’hui choisir.

Jésus ne cherche pas des surhommes ou des surfemmes, ni des gens froids, des brutes, des combattants, mais des hommes et des femmes capables d’affronter les choix de l’existence avec courage.

Dans ce contexte, on comprend ce que signifie prendre sa croix, perdre sa vie.

Ce n’est pas prendre la souffrance et la maladie qui surviennent parfois dans notre vie, ce n’est pas assumer la culpabilité qui parfois nous assaille, prendre sa croix, c’est prendre le joug de l’Alliance, être fidèle à ce lien fondamental qui conduit souvent à des formes de solitude et d’oppositions.

Les disciples-apôtres du Seigneur ont eux-mêmes affronté cela au moment de la mort de leur maître.

Ils n’ont pas eu la force de tenir le lien, de respecter pleinement le joug : l’un l’a trahi, l’autre l’a renié, les autres l’ont lâché et se sont enfuis.

C’est lui, Jésus, qui a tenu le lien, le joug, l’Alliance, a tenu la Croix et les a tenus ensemble.

Ô bienheureuse croix, bienheureux lien qui, dans l’épreuve, dans l’échec, dans la mort, nous garde vivants.

Lundi 12 juillet 2021

15ème semaine per annum

Frère Éric de CLERMONT-TONNERRE

Ex. 1, 8-14.22 ; Mt. 10, 34-11, 1