triduum pour la solennité de st Dominique et homélie du 8 août frère François-Régis DELCOURT, op

Vendredi 6 août 2021

Vie dominicaine et Don de la vérité

Restons à la table de la Mascarella avec saint Dominique. Notre attention se fixe sur les mets posés sur la table. Regardez tous les livres qui y sont déposés. Il y en a un pour chacun. Connaissant Dominique, il n’est pas farfelus de penser qu’il s’agit de l’évangile de Mathieu et des épîtres de Paul. Saint Dominique les gardait toujours sur lui. Il les connaissait par cœur. Être à la table avec saint Dominique revient à être à la table de la parole de Dieu. Après nous avoir servi le don du pardon, saint Dominique, sert à ses frères, par la parole, le don de la vérité.

Le choix du met de la parole servi après le pardon est délicat. L’effet du pardon reçu et vécu entre frères dispose les intelligences à goûter la parole, d’être à son école en quête de vérité. Le pardon ouvre nos esprits à l’accueil de la vérité et nous entraîne à considérer ce que Dieu souhaite nous révéler. Plus nous sommes libérés de nos liens et de nos enchaînements qui nous enferment sur nous-mêmes, plus nous entrons dans une démarche de quête de connaissance et de savoir et ainsi répondre aux questions existentielles que chacun se pose. Le pardon ouvre notre appétit et nous entraîne à nous nourrir de la sagesse divine qui transforme notre existence. Notre identité de dominicain se trouve enrichit par la quête de la vérité faisant de chacun un aventurier de la contemplation de Dieu en vue de vivre notre vocation de prêcheur en vue du salut des âmes.

Tel est le sens du petit passage du chapitre 8 de saint Luc au verset 1 à 3 : 01 Ensuite, il arriva que Jésus, passant à travers villes et villages, proclamait et annonçait la Bonne Nouvelle du règne de Dieu. Les Douze l’accompagnaient, 02 ainsi que des femmes qui avaient été guéries de maladies et d’esprits mauvais : Marie, appelée Madeleine, de laquelle étaient sortis sept démons, 03 Jeanne, femme de Kouza, intendant d’Hérode, Suzanne, et beaucoup d’autres, qui les servaient en prenant sur leurs ressources. Ne l’oublions pas. L’ordre des Dominicains se constitue de femmes et d’hommes à la suite du Christ. Les moniales dominicaines ont été fondées avant les frères. Une fois libérée de leurs esprits mauvais et de leur maladies en tout genre par la miséricorde De Dieu, les frères dominicains à l’image des douze et les sœurs à l’image de ces femmes (dont Marie Madeleine) séduites par le Christ se mettent à sa suite. Ils continuent leur chemin de libération en étant à l’écoute de l’enseignement du Christ en vue de devenir des prêcheurs, annonçant la Bonne nouvelle du règne de Dieu à travers villes et villages.

Cela se déroulera naturellement si la vérité continue son travail au plus intime de nos cœurs en transformant notre être d’enfant de Dieu en Fils de Dieu. Saint Paul l’affirme en Rm 8, 16-17 : C’est l’Esprit lui-même qui affirme à notre esprit que nous sommes enfants de Dieu. Puisque nous sommes ses enfants, nous sommes aussi ses héritiers ; héritiers de Dieu, héritiers avec le Christ, à condition de souffrir avec lui pour être avec lui dans la gloire. La vérité demeure en ceci. L’Esprit fait de nous des enfants de Dieu, des héritiers de Dieu et donc des fils de Dieu, telle est notre identité. Notre héritage, c’est la gloire de Dieu et donc de partager son règne, telle est notre vocation. Voilà le mystère de la foi dévoilé par le Christ, voilà ce que nous sommes et à quoi nous sommes appelés : Vivre de la vérité de Dieu dans tous les piliers de la vie dominicaine, de la consécration de notre être à Dieu, dans la vie d’étude, dans la vie fraternelle, dans la vie de prière et dans notre vie de prédication

La vérité est le deuxième fondement de notre consécration religieuse comme élan et dynamisme de notre être rempli de potentiel et voué à s’accomplir en Dieu par le moyen de la conversion et du cheminement de la vérité au plus intime de nous-mêmes : passer de la sombre ignorance à la lumière éclatante de la vérité.

Obéissance : se placer sous l’autorité de la parole de Dieu et de reconnaître en elle la source de toute la sagesse. Elle n’est pas là pour nous contraindre et nous oppresser ou nous étouffer mais bien au contraire de nous ressusciter : nous réveiller, nous élever, nous accomplir en tant que fils et fille de Dieu.

Pauvreté : nous reconnaître vulnérable en vue d’être toujours disposé à recevoir les richesses de la parole de Dieu. C’est être en veille et avoir soif d’apprendre en nous mettant devant l’insondable richesse de la vérité de Dieu et reconnaître que nous avons toujours à progresser.

Chasteté : notre relation avec la parole de Dieu et de prendre en compte notre subjectivité pour être de plus en plus objectif. Il ne s’agit pas de posséder la parole de Dieu par rapport à ce que je pense mais qu’elle nous bouscule en l’accueillant comme elle est.

Auprès de soi-même dans la vie d’étude, chacun contemple les mystères de Dieu, la volonté de son projet et la manière concrète de le réaliser. Le temps passé à réfléchir est une aide précieuse pour notre vie quotidienne. Saint Dominique y tenait. Pour cette raison, il souhaitait que chaque frère ait une cellule pour étudier dans le calme.

Auprès de nos frères et sœurs dominicains dans la vie fraternelle, c’est un appel à trouver une cohérence entre la parole contemplée et vécue à travers nos échanges. Ce temps est le moyen de toujours s’enrichir les uns des autres lors de nos réflexions. Cela passe par une communication fraternelle où chacun apprend à dire les choses, à écouter les autres et à dialoguer ensemble. Dans un effort de compréhension mutuelle, nous nous ouvrons à des manières différentes de penser et de réfléchir et ainsi ensemble grandir dans la sagesse divine.

Auprès de Dieu dans la vie de prière : Nous recevons de Dieu la vertu de foi et nous développons en nous la science de Dieu et le savoir faire en vue de l’appliquer dans notre quotidien. Il nous appartient, dans ce cœur à cœur avec Dieu, de prendre conscience que cette parole n’est jamais qu’une parole mais en Dieu un agir : des réalités et des grâces données par lui.

Auprès de ceux qui nous sont envoyés dans la prédication : ce que nous avons contemplé dans l’étude, expérimenté auprès de nos frères et reçu dans la prière, nous ne le gardons pas pour nous. Nous partageons cette sagesse avec nos frères en vue de s’élever ensemble à la vraie connaissance de Dieu, fortifier la relation amicale avec Dieu et adorer Dieu comme réponse et adhésion à la vérité proposée par Dieu.

À table avec saint Dominique, c’est de vivre en second lieu La parole de Dieu dans tous les piliers de notre vie dominicaine et dans toutes les dimensions de notre être d’enfant de Dieu en vue de devenir petit à petit des fils de Dieu illuminés et radieux de la vérité comme saint Dominique l’a cherché.

Samedi 7 août 2021

Vie dominicaine et don de l’amour

Poursuivons notre repas à la table de la Mascarella avec saint Dominique. Ne nous fions pas à l’apparence des plats qui vont nous être servis. Nous risquerions d’être déçus tant leur apparence peut paraitre commun et parfois synonymes d’austérité. Que nos yeux pétillent et que nos ventres gargouillent devant ceux qui nous sont apportés, un pain qui n’est pas sec mais moelleux et un vin qui n’a rien d’une piquette mais un nectar délicieux. À la table de saint Dominique, le pain et le vin se transforment en corps livré et en sang versé, présence du Christ offert en don d’amour.

 

Nous avons commencé notre repas par le don du pardon, enchaîné avec le don de la parole, finissons par le don de l’amour. La parole qui nous a été servie est tout sauf morte. Elle est bien vivante et pétillante et elle suscite le don de l’amour. Cet amour, nous le recevons du Christ lui-même qui l’a institué à la cène. Jésus nous a laissé le mémorial de sa passion et de sa mort. 26 Pendant le repas, Jésus, ayant pris du pain et prononcé la bénédiction, le rompit et, le donnant aux disciples, il dit : « Prenez, mangez : ceci est mon corps. » 27 Puis, ayant pris une coupe et ayant rendu grâce, il la leur donna, en disant : « Buvez-en tous, 28 car ceci est mon sang, le sang de l’Alliance, versé pour la multitude en rémission des péchés. Mt 26, 26-28. Le trait d’union entre l’institution de l’eucharistie et la passion du Christ se joue au jardin des oliviers où le Christ accepte la coupe que lui présente son Père en disant : Mon Père, s’il est possible, que cette coupe passe loin de moi ! Cependant, non pas comme moi, je veux mais comme toi, tu veux. Mt 26, 39Ici, se trouve la substance de l’amour du Christ envers son Père et tous les hommes. Sa volonté s’offre totalement en son corps livré et en son sang versé. Et cela se réitère à chaque fois que nous célébrons l’eucharistie. Avec une pleine liberté responsable, Jésus discerne et décide du bien à accomplir, il s’offre par amour et il nous rassasie de son amour.

À nous dominicain, ce don d’amour, Dieu nous le transmet afin de faire notre l’exhortation de saint Paul : encourage, toujours avec patience et souci d’instruire. 2 Tm 4, 2. Saint Dominique ne s’est jamais lassé d’instruire l’amour de Dieu lors de ses prédications. Il n’a pas cessé de parler avec Dieu et de Dieu. cette volonté, il l’a puisée dans l’eucharistie et Dieu n’a jamais manqué de lui insuffler son amour. À son exemple, agissons comme lui. Nous serons à sa suite témoin que cette force reçue de Dieu, nous rend capable d’accomplir notre identité de Dominicain comme amoureux de Dieu et de nos frères. De plus, elle nous permet de nous épanouir dans notre vocation d’inlassable prêcheur, courageux devant les difficultés de la mission, patient face à notre lenteur pour comprendre et mettre en place l’amour de Dieu, tout en restant soucieux de la tâche qui nous est confiée.

L’amour est le troisième fondement de notre consécration religieuse comme élan et dynamisme de notre être rempli de potentiel et voué à s’accomplir en Dieu par le moyen de la conversion et du cheminement de l’amour de Dieu au plus intime de nous-mêmes : que notre volonté humaine s’unisse à la volonté divine, dans le désir de s’offrir comme le Christ s’est offert par amour pour nous.

Cet amour passe par le pilier de notre vie de consacré :

Par le vœu de l’obéissance, considérons la volonté de Dieu comme l’effort de rendre visible l’amour total de Dieu comme le Christ l’a assuré lors de sa vie terrestre

Par le vœu de pauvreté : reconnaissons nos limites d’offrande non pas comme des difficultés insurmontables mais comme des opportunités à laisser la grâce œuvrer en nous et nous disposer à sa son agir en nous

Par le vœu de chasteté, ayons à cœur de construire avec l’autre des relations amicales dans le respect de l’autre tout en se respectant soi-même.

 

Ce don d’amour, cultivons le auprès de soi-même dans la vie d’étude. Soyons toujours désireux de contempler la vérité de l’amour afin qu’elle éclate à nos yeux comme un feu d’artifice et qu’elle séduise toujours et encore nos intelligences.

Ce don d’amour, recevons le de Dieu dans la vie de prière. soyons désireux de le demander et de l’accueillir du Christ lui-même. Recevons la vertu de charité en vue de mettre en place en nous et entre nous la vertu de justice.

Ce don d’amour, vivons le dans la vie fraternelle. Soyons désireux de prendre soin de l’autre en le servant, tout en prenant soin de soi. Que chacun intègre sa communauté en fonction de ses compétences et de son charisme tout en laissant à l’autre de prendre la place qui lui convient en vue de construire une fructueuse vie fraternelle.

Ce don d’amour, transmettons le auprès de ceux qui nous sont envoyés dans la prédication. Il nous revient de nous offrir à l’image du Christ qui s’est offert. Mettons en valeur nos talents à travers une prédication bienveillante et exigeante en vue de contribuer à édifier la société, l’Eglise et dès ici-bas, la vie éternelle.

À table avec saint Dominique, il s’agit de vivre, en troisième lieu, l’amour de Dieu dans tous les piliers de notre vie dominicaine et dans toutes les dimensions de notre être d’enfant de Dieu en vue de devenir petit à petit des fils de Dieu désireux d’être, d’agir et d’exister en tant qu’ami de Dieu comme saint Dominique l’a cherché.

Prédication Dominique Dax homélie du 8 août