homélie pour la fête de « la chaire de st Pierre », frère Bruno CADORE, OP

 

Nous célébrons la fête de l’Église ou plutôt le mystère de l’Église et si nous voulons tout simplement nous poser nous-mêmes au cœur de la vie de l’église, de cette vie mystérieuse qui fait que, dans le corps que nous constituons mystérieusement, l’Esprit vient dans le cœur de chacun et aide chacun et chacune,  à pouvoir à son moment propre, regarder Jésus et lui dire : « tu es le Fils de l’homme ».

Si nous voulons nous situer au cœur de cette église il nous faut peut-être tout simplement  suivre le chemin sur lequel Pierre est devenu le fondement de ce Corps. Pierre, pêcheur en Galilée, c’est à dire quelqu’un comme vous et moi, un humain normal au milieu de sa famille, de ses collègues, des travailleurs. Dieu n’appelle pas des gens exceptionnels il appelle des gens normaux, banals, Pierre premier appelé et l’Église que nous constituons est d’abord une Église par vocation appelée, non une Église qui affirme son identité par sa puissance ou ses institutions. Une Église qui découvre son identité en écoutant l’appel qui lui est fait, un appel qui l’envoie. L’Église est apostolique, apostolique… Comme Pierre, il s’agit pour elle, jour après jour à croire encore que son existence, son rayonnement, son témoignage apostolique, sont l’œuvre en elle de la trace de l’Esprit. Non le fruit de ses propres stratégies, ou management, ou d’organisation ni même ses projets d’évangélisation. Cette église témoigne constamment qu’elle est dépassée par ce que l’Esprit veut faire d’elle-même.

C’est en ça qu’elle est, à la suite de Pierre, témoin de la Transfiguration de Jésus. Et à travers cette Transfiguration de Jésus, Pierre nous enseigne la transfiguration du monde en la vie de Jésus, par la lumière de sa présence. Lorsqu’il dit que Pierre est la base de l’édifice et vous savez, en confessant le Messie. Comme le vieux frère Dominique Dubarle, élu tard comme prieur à Strasbourg et commençant la première homélie de prieur en disant : « Vous savez, je suis déjà un peu âgé maintenant, j’ai été un grand philosophe. J’ai beaucoup enseigné, j’ai beaucoup cherché, et je vais vous  confesser quelque chose d’essentiel pour moi. Après des dizaines et des dizaines d’années, j’ai découvert une chose essentielle : c’est que Jésus n’est pas une théorie, pas une doctrine, c’est Quelqu’un, c’est une personne… Vous voyez, tout  ce temps là pour découvrir ce que, trop longtemps, on a ignoré.

L’église est ce lieu où les uns et les autres, pour que chacun, chacune à un moment éclate de joie en disant que Jésus est Quelqu’un pour lui, et qu’en cela Il est Messie pour le monde.

Inscrire nos pas dans les pas de Pierre, c’est aussi les inscrire humblement, car comme Pierre nous sommes capables de découragement, capables de peur, capables de dire que nous ne savons pas qui il est, ce qu’il fait, que nous n’avons rien à craindre et le laisser seul, seul.

Pourtant cet abandon, Jésus ne s’y résigne pas et fait de Pierre le premier témoin de la Résurrection et le premier témoin de la force du pardon. Pierre, est-ce que tu m’aimes ? Est-ce que tu m’aimes vraiment ? Est-ce que tu m’aimes plus que tous ceux-ci ? – Oh, tu le sais, je t’aime ! .Alors, prends soin de mon troupeau.

L’Église apostolique est une église qui naît dans la trace de cet humble, premier des apôtres et qui de ce fait, apprend à la suite de Pierre, l’humilité. Découvrir dans sa vie l’amitié de quelqu’un qui se nomme Jésus, Messie.

Mardi 22 février 2022

La Chaire de Pierre

Frère Bruno CADORE

1 P. 5, 1-4 ; Mt. 16, 13-19